Claudio GRIMALDI
Les traits de la distance et de l’isolement dans le lexique autour de la pandémie
Claudio Grimaldi
Università degli Studi di Napoli “Parthenope”
claudio.grimaldi@uniparthenope.it
Résumé
Cette contribution vise à étudier certaines unités lexicales françaises particulièrement mobilisées pendant la pandémie et qui renvoient aux concepts de distance et d’isolement. Notre objectif est d’analyser les phénomènes néologiques qui concernent l’échantillon lexical sélectionné et de vérifier comment la langue française a su intégrer dans son vocabulaire la notion de la distance physique imposée par la crise sanitaire de 2020 et 2021.
Abstract
The features of distance and isolation in the lexicon around the pandemic
This contribution aims to study some French lexical units particularly used during the COVID-19 pandemic and which refer to the concepts of distance and isolation. Our objective is to investigate the neological phenomena that concern the selected lexical sample and to verify how the French language was able to integrate into its vocabulary the notion of physical distance imposed by the health crisis of 2020 and 2021.
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Introduction et objectifs
La langue, et notamment le vocabulaire, évolue sans cesse mais, à certaines époques, cette évolution peut se centrer sur un événement historique spécifique[1] qui affecte la vie de tout individu. À partir des premiers mois de 2020, le monde a été bouleversé par la diffusion de la pandémie de COVID- 19, qui d’un point de vue linguistique a été à l’origine d’un déferlement de nouvelles unités lexicales, surtout de termes scientifiques et techniques, qui ont fait leur entrée dans la vie et la communication quotidiennes de tout locuteur. Les années 2020 et 2021, marquées par cette crise sanitaire majeure, sont donc à considérer comme des périodes de grande explosion lexicale, pour nommer le virus, ses variants, ainsi que toutes les situations nouvelles que la crise a imposées d’un point de vue professionnel et privé.
Cette contribution vise à analyser les unités lexicales particulièrement mobilisées pendant la pandémie et qui renvoient à la condition d’isolement, aussi bien de la sphère professionnelle que privée, dans laquelle dans plusieurs pays on est encore obligé de se réfugier. Pour certaines unités lexicales, réputées plus stables dans le temps, nous prendrons en considération des phénomènes néologiques de forme et de sens, qui peuvent aussi concerner une même base lexicale. Pour cette partie de notre analyse nous nous sommes appuyé sur les ressources lexicographiques et terminologiques les plus récentes mises à la disposition du grand public dont nous fournirons les détails avant l’analyse de l’échantillon lexical sélectionné (§2). En revanche, pour d’autres unités lexicales, plus circonscrites dans le temps, nous ferons référence à l’utilisation créative et ironique que les locuteurs font des noms des applications mobiles qui ont été réputées utiles pour entretenir des liens sociaux avec leurs familles ou leurs amis (par exemple, Zoom, WhatsApp, Skype, Messenger, Houseparty…) pendant les mois de confinement. Pour cette dernière réflexion, nous citerons uniquement des exemples lexicaux tirés d’articles de presse ou de sources variées disponibles en ligne.
D’un point de vue théorique, nous appuierons notre réflexion sur les modèles d’analyse du lexique proposés par Mortureux (1997), Sablayrolles (2000 ; 2019) et Humbley (2018)[2].
1. Pandémie et circonstances extralinguistiques à la base de l’émergence de nouvelles unités lexicales
Le déferlement de termes scientifiques et techniques dans la vie quotidienne des Francophones qui a eu lieu au cours des années 2020 et 2021 a concerné principalement des termes connus par les seuls spécialistes – biologistes, épidémiologistes, médecins principalement – et absents des dictionnaires généraux de langue française. Comme le précise le Rapport annuel 2020 de la Commission d’enrichissement de la langue française[3], ces termes ont fait irruption de manière brusque dans les médias comme dans les conversations quotidiennes sans qu’en principe les locuteurs en connaissent précisément le sens. C’est ce sens même que, comme nous le verrons par la suite, les dictionnaires de référence de la langue française et d’autres supports lexicographiques et terminographiques en ligne visent à préciser, en proposant aux locuteurs les définitions des nouvelles unités lexicales simples ou complexes répertoriées, ainsi que les nouveaux sens de mots déjà lexicalisés. En outre, comme le précise Cerquiglini[4], « l’apparition d’un sens nouveau se traduit le plus souvent par la création d’une locution, précisant ou infléchissant un terme », les locutions constituant ainsi, par leur nombre et leur fréquence, un lieu d’innovation lexicale qui s’est révélé très efficace et surtout rapide.
L’analyse de plusieurs articles de journaux en ligne et des dossiers de presse des éditions 2021 et 2022 du Petit Robert et du Petit Larousse illustré permet de tirer quelques considérations générales relativement aux dynamiques lexicales récentes de la langue française[5], qui, comme le dit Rey, « loin d’être restée confinée, […] manifeste sa vitalité, sa force d’expansion, son ouverture et, pour employer un mot à la mode, sa résilience » (DEVELEY, CONRUYT 2020 : en ligne). En effet, face à un événement historique important tel que la pandémie de COVID-19 due au coronavirus SARS- CoV-2, on a assisté à un mouvement extraordinaire de la langue française, qui s’est montrée vigoureuse et particulièrement dynamique pendant la crise sanitaire. Au cours de 2020 et 2021, l’usage de plusieurs mots s’est, en effet, révélé spécialement intensif puisque, comme l’indique Cerquiglini, le combat contre la pandémie a été en premier lieu du ressort de la langue :
Une population entière, en effet, se protège en partageant des connaissances, des objectifs, des pratiques ; ce partage commence par les mots. Il importe à tous de comprendre et de nommer, avant d’agir. La crise sanitaire a rappelé les vertus d’une langue commune de qualité et de clarté ; elle a prouvé la vigueur innovante de cette langue. La riposte sanitaire doit beaucoup au génie linguistique francophone[6].
Les médias et la conversation quotidienne se sont nourris d’un vocabulaire réservé aux spécialistes et, étant donné que la réponse à la pandémie a requis des mots et des sens nouveaux, la langue a ainsi fait preuve de sa capacité néologique, de même que de sa grande vitalité.
Le mouvement lexical que l’on vient de citer n’a heureusement pas pris la forme du recours immédiat aux emprunts[7], notamment des anglicismes, face auxquels il semble que le français ait su résister, surtout en ce qui concerne les unités lexicales liées à la pandémie au sens strict (par exemple, tracking recule dans l’usage face à traçage, qui rejoint les mots traçable et traçabilité ; distanciation sociale, calque imprécis de social distancing s’efface devant « distanciation physique » ; cluster cède du terrain dans l’usage devant foyer de contagion)[8]. De ce point de vue, le français a mobilisé un vocabulaire existant depuis longtemps, lexicalisé dans la langue et répertorié dans les dictionnaires de langue, mais absent de la conversation quotidienne. Certains mots sont devenus d’usage courant et ont été mis en lumière ; le sens d’autres termes a été infléchi par la pandémie et leur description dans les dictionnaires de langue s’est étoffée ; d’autres mots, bien formés et intelligibles, ont été forgés pour se protéger, afin que la langue française puisse être, selon Bimbenet, directeur général des Éditions Le Robert, « avant le vaccin, le premier antidote pour lutter contre le virus »[9].
Sur le plan lexical, la pandémie et le long confinement ont aussi suscité par réaction une créativité ludique très impressionnante. Plusieurs mots, particulièrement éphémères du point de vue de leur durée temporelle dans l’usage, ont circulé dans la communication quotidienne pour désigner des notions liées à la pandémie et notamment à l’isolement physique. Cerquiglini souligne, par exemple, que corona, qui indique la forme particulière d’un virus, est devenu un préfixe :
Confiné, on lisait pour ne pas devenir « coronaidiot », on travaillait ses « coronabdos », avant de prendre un « coronapéro » avec ses « coronamis ». Néologie éphémère ? Ce n’est pas sûr : les « corona bonds » des emprunts européens, les « coronapistes » ouvertes en ville aux cyclistes entrent au Petit Larousse.[10]
La volonté d’apporter une dimension plus légère à un événement aussi tragique que la pandémie de COVID-19 a conduit à la création d’unités lexicales très innovantes et créatives, souvent sous la forme de mots-valises, où les noms des applications mobiles utilisées pour entretenir des contacts sociaux pendant la pandémie ont été mobilisés : zoomapéro, whatsapéro et skypéro (apéritif à distance fait à travers les applications Zoom, Skype et Whatsapp), zoûter (faire un zoom à l’heure du goûter), tutoubeur/tutoubeuse (celui ou celle qui fait des tutoriels sur Youtube) sont autant d’exemples de la créativité des locuteurs ainsi que des ressources disponibles à l’intérieur de la langue française pour désigner de nouvelles réalités sans avoir recours à l’emprunt ou au calque[11].
En ce qui concerne cette contribution, après avoir présenté le corpus lexicographique et terminologique utilisé pour notre analyse, nous explorerons le mouvement lexical du français qu’on vient de citer. En particulier, nous nous attarderons sur les unités lexicales répertoriées dont la création et l’expansion du sens sémantique sont liées aux concepts de distance et d’isolement. Nous avons choisi de sélectionner cet échantillon lexical puisque la pandémie de COVID-19 due au coronavirus SARS-CoV-2 a été profondément marquée par des actions physiques qui ont forcé les individus à s’isoler les uns des autres, notre objectif étant donc d’analyser comment la langue française a su intégrer dans son vocabulaire ce concept de distance physique.
2. Présentation du corpus de référence
Les mots nouveaux, les nouveaux sens et les nouveaux usages cités dans le §1 ont été enregistrés par les dictionnaires de référence de la langue française, dont les rédacteurs ont mesuré l’extraordinaire impact dans la communication. Au cours des années 2020 et 2021, d’autres ressources linguistiques, publiées, par exemple, par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France ou par l’Office québécois de la langue française ont aussi voulu recenser les innovations lexicales liées à la pandémie pour aider les locuteurs à comprendre les mots et les expressions dont l’usage s’est fait de plus en plus important au fil des semaines.
Étant donné que notre objectif est d’étudier les mots lexicalisés en français au cours des deux dernières années, le corpus à partir duquel nous avons créé l’échantillon lexical utilisé pour l’analyse que nous proposons ici, se constitue du Petit Robert 2021 et 2022 (désormais PR) et du Petit Larousse illustré 2021 et 2022 (désormais PLI), du Grand Dictionnaire Terminologique (désormais GDT), en particulier les fiches et les articles en lien avec la COVID-19,[12] du Lexique sur la pandémie de COVID-19[13] (désormais LP), élaboré par le Bureau de la traduction, organisme des Services publics et Approvisionnement Canada, et du Vocabulaire de l’enseignement à distance et du télétravail[14] (désormais VET), qui est le fruit d’une collaboration entre l’Office québécois de la langue française et le Bureau de la traduction du gouvernement du Canada. Au niveau quantitatif, nous précisons qu’en ce qui concerne les éditions 2021 et 2022 du PR et du PLI, les unités lexicales prises en considération sont uniquement celles intégrées dans les dictionnaires en 2020 et 2021, pour un total d’à-peu-près 500 mots. À ces unités lexicales s’en ajoutent près de 200 du VET, près de 150 du GDT et près de 450 notions du LP, pour au total environ 1.300 unités lexicales, qui ont été soumises à des enquêtes de terrain et au processus de veille lexicologique par des équipes de lexicographes et terminographes ayant validé leur entrée dans les ressources que nous avons consultées.
Dans un deuxième temps, nous avons trié l’échantillon lexical constitué à partir de notre corpus lexicographique et terminographique afin de sélectionner les unités lexicales dont le signifié est lié aux concepts de distance et d’isolement, le tri aboutissant à la création d’un groupe de 87 unités lexicales. Après une analyse détaillée des unités sélectionnées, celles-ci ont été finalement séparées en deux sous-groupes : i) les unités lexicales liées plus directement à la pandémie et à ce que le PLI considère comme les évolutions des préoccupations médicales et les conséquences sociétales de la crise sanitaire ; ii) les unités lexicales renvoyant aux activités professionnelles qui ont brusquement dû s’adapter pendant la pandémie.
3. Analyse lexicale des unités linguistiques sélectionnées
Étant donné que les unités lexicales sélectionnées ont été séparées en deux sous-groupes, nous allons présenter les données résultant de notre analyse lexicale en deux moments différents. Cela devrait nous donner la possibilité de mettre plus aisément en évidence la présence d’éventuels phénomènes de néologie lexicale comparables.
3.1. Unités lexicales liées à la pandémie : les évolutions des préoccupations médicales et les conséquences sociétales de la crise sanitaire
Les unités lexicales renvoyant aux évolutions des préoccupations médicales et aux conséquences sociétales de la crise sanitaire sont au nombre de 17 et elles ont été recensées dans toutes les ressources lexicographiques et terminologiques constituant notre corpus. En particulier, la plupart d’entre elles ont été intégrées dans les versions papier du PR et PLI 2022 et figurent en nombre inférieur dans le VET, en raison de la nature technique de ce vocabulaire, qui se veut un support principalement terminographique.
Les notions de distance et d’isolement sont au cœur de certaines unités lexicales de ce premier groupe de mots : c’est le cas notamment de confiné, confinement, confiner, isolement, s’isoler, distanciation et distanciel. Quant au groupe de mots confiné, confinement et confiner, nous signalons principalement un essor dans leur usage pendant la pandémie, ainsi qu’un phénomène de néologie de sens puisque ces mots existaient déjà dans le lexique français, mais ils renvoyaient principalement aux malades qui ne pouvaient pas quitter leur chambre et au fait de rassembler des volailles dans un espace délimité, notamment dans le contexte de l’épidémie de grippe aviaire. Ces mots ne sont devenus courants qu’avec la pandémie de 2020 et ils ne s’appliquent plus uniquement aux malades mais aussi à des personnes en bonne santé, le nouveau sens de ces mots étant de rester chez soi pour ralentir la propagation d’une épidémie face à laquelle on propose d’ailleurs des mesures de confinement, aussi à durée déterminée, expansion de sens qui est présente dans le LP.
En ce qui concerne les deux unités lexicales isolement et s’isoler, il est possible de mettre en évidence un autre phénomène de néologie de sens, en particulier une spécification par rapport à la mise à l’écart d’une personne qui peut être porteuse d’une maladie contagieuse ou simplement susceptible de l’être. Voilà pourquoi, parmi les unités lexicales sélectionnées, figure aussi le mot auto-isolement, qui renvoie au fait que pendant la pandémie, au-delà de l’imposition de l’isolement[15] voulu par les autorités sanitaires, nous avons aussi assisté à plusieurs cas d’isolement spontané.
Quant aux mots distanciation et distanciel, nous remarquons également une expansion du sens liée à l’utilisation de distanciel en tant que substantif[16] et, en ce qui concerne distanciation, à la présence des expressions distanciation physique et distanciation sociale, renvoyant au fait de garder une distance de sécurité entre personnes pour limiter le risque de contagion dans le contexte épidémique. La création de ces deux expressions en français est strictement liée à la diffusion rapide de la locution anglaise social distancing, le GDT précisant que « dans la plupart des sources d’information en santé publique, on emploie désormais le terme distanciation physique, plutôt que distanciation sociale parce qu’il a l’avantage d’atténuer la connotation négative associée à l’isolement social ». À ce propos, l’équipe du PR suggère aussi l’unité lexicale distance sanitaire en tant qu’équivalent du correspondant anglais plus correct au niveau conceptuel.
Plusieurs unités lexicales de ce premier sous-groupe de mots que nous avons créé sont en lien avec les conséquences sociétales de la crise sanitaire et c’est par rapport à ces mots, qui renvoient sémantiquement aux notions de distance et d’isolement, que nous avons observé des phénomènes de néologie aussi bien de forme que de sens. Par exemple, sur le modèle du mot déjà existant quarantaine, pour lequel nous signalons l’expansion quarantaine volontaire, s’est diffusé très rapidement, notamment en 2020, le mot quatorzaine, à savoir l’isolement de quatorze jours que doit respecter une personne atteinte de COVID-19 et, éventuellement, les personnes ayant été en contact avec elle. Le PLI précise que, outre ce néologisme de forme, un nouveau mot, qui pourrait paraître dans l’édition 2023 du dictionnaire, est septaine, étant donné qu’à partir de septembre 2020 la durée de l’isolement a été ramenée à sept jours.
L’éloignement physique imposé par la pandémie s’est manifesté dans la langue aussi à travers la création d’autres unités lexicales telles que cliqué-retiré, recommandation officielle pour click and collect, service permettant à un client de commander un produit en ligne et de venir le retirer rapidement sur le point de vente, geste/mesure barrière, où le mot barrière, utilisé en tant qu’apposition, sert à indiquer une action pour diminuer le risque de transmission des maladies infectieuses, les locutions poing-à-poing et salut du pied, proposées par le LP du Bureau de la traduction et indiquant une manière de se saluer qui permet d’éviter la poignée de main. Finalement, au-delà du recours à la néologie formelle, nous avons aussi remarqué l’utilisation de certains adjectifs servant à préciser le sens de la base à laquelle ils s’attachent, dont l’usage a été particulièrement fréquent pendant la pandémie : c’est le cas de virtuel dans apéritif virtuel, servant à réunir parents ou amis éloignés par la distance et auquel on participe par l’intermédiaire d’Internet, et sanitaire dans la locution couvre-feu sanitaire, mesure instaurée afin de limiter la propagation de l’épidémie, dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.
3.2. Unités lexicales liées à la pandémie : les activités professionnelles pendant la crise sanitaire
Parmi les nombreux changements quotidiens imposés par la pandémie de COVID-19 due au coronavirus SARS-CoV-2, ceux qui ont atteint le monde professionnel sont très importants : confiné dans son habitation, tout individu a dû changer ses propres habitudes quotidiennes de travail, mêmes ceux et celles qui ont continué à travailler sans cesse pendant la crise sanitaire des deux dernières années. C’est en raison de cet isolement social et de la distance physique imposée par les mesures barrières et les confinements nationaux que des modalités de travail alternatives ont été créées, de nouveaux mots et de nouvelles locutions ayant paru pour désigner de nouveaux concepts de la sphère professionnelle.
En ce qui concerne notre corpus, en raison de sa nature technique le VET est sans aucun doute la ressource privilégiée pour explorer dans le détail ces nouvelles unités lexicales. Toutefois, au cours de 2020 et 2021, deux mots renvoyant aux modalités de travail pendant la pandémie ont été ajoutés aux nomenclatures du PR et du PLI : très mobilisés sur le plan de l’usage, les mots téléconsultation et télétravailler sont désormais recensés dans les deux ressources lexicographiques consultées, l’élément formant « télé- » tiré du grec têle (« au loin, à distance ») montrant toute sa vitalité, qui est contemporaine de l’expansion des techniques de transmission à distance. L’élément « télé- » entre en concurrence avec la locution « à distance », que nous avons très fréquemment retrouvée dans notre échantillon lexical : pendant la pandémie toutes les activités professionnelles physiques n’ont pas pu être réalisées en présentiel et c’est en raison de cela que certaines de celles-ci sont forcément devenues des activités à distance. De ce point de vue, « télé- » et « à distance » peuvent être considérés comme des éléments linguistiques synonymiques, comme nous l’avons remarqué dans les unités lexicales suivantes : téléaccès/accès à distance, téléapprenant(e)/apprenant(e) à distance, téléapprentissage/apprentissage à distance, téléenseignant(e)/enseignant(e) à distance, téléenseignement/enseignement à distance, téléformateur-formatrice/formateur-formatrice à distance, téléformation/formation à distance, régime de télétravail/régime de travail à distance, téléécole/école à distance, téléétudes/études à distance, télétravailleur-travailleuse/travailleur-travailleuse à distance, téléuniversité/université à distance. Cette longue liste démontre la vitalité des éléments linguistiques mentionnés qui sont centraux dans la désignation des nouvelles notions liées aux activités professionnelles, et il semble qu’ils puissent être appliqués à n’importe quel type de base lexicale. À ce propos, il est également très intéressant de remarquer que dans certains cas, en particulier celui des mots apprentissage, enseignement et formation, les couples d’unités lexicales formées par l’utilisation de « télé- » et « à distance » s’enrichissent aussi d’un autre synonyme, formé à travers la locution en distanciel ou le substantif distanciel (par exemple, apprentissage (en) distanciel, que nous avons déjà analysé dans le §3.1.). En ce qui concerne la locution à distance, nous avons aussi mis en évidence qu’elle est parfois un synonyme de virtuel, en particulier dans les locutions équipe virtuelle/à distance et gestion virtuelle/à distance. Après avoir analysé l’échantillon lexical retenu, il nous semble que la synonymie entre à distance et virtuel n’est limitée qu’à ces deux cas, où une importance majeure est donnée à la grande utilisation des technologies de l’information et de la communication. Quant à équipe à distance/virtuelle, les rédacteurs du VET signalent que certains spécialistes distinguent ces deux expressions puisqu’ils considèrent l’équipe à distance comme formée de membres travaillant pour le même employeur, et l’équipe virtuelle, de membres travaillant pour des employeurs différents et ayant des fonctions distinctes.
Un autre couple très important de synonymes que nous avons retrouvé dans notre échantillon lexical est celui composé par l’adjectif virtuel et par la locution en ligne : ces deux éléments linguistiques servent à indiquer toute une série d’activités faites à distance pendant la pandémie, dans certains cas aussi avant la pandémie, et qui témoignent de l’isolement dans lequel tout individu a été contraint de se réfugier. En particulier nous avons retrouvé les unités lexicales suivantes : apprentissage en ligne/virtuel, cours en ligne/virtuel, enseignement en ligne/virtuel, formation en ligne/virtuelle, mentorat en ligne/virtuel, pause(-café) en ligne/virtuelle, réunion en ligne/virtuelle et (salle de) classe en ligne/virtuelle. Comme nous l’avons remarqué auparavant, pour certaines de ces unités lexicales (en particulier, pour les bases « apprentissage », « cours », « enseignement », « formation » et « mentorat ») il existe d’autres expressions synonymiques signalées dans le VET et dans lesquelles on a recours à la locution par Internet, préférée à sur Internet, qui peut aussi avoir le sens de « à propos de », porteur d’ambiguïté, et à l’élément « cyber- », préfixe qui transpose l’activité et la réalité dans le cyberespace ou l’associe à celui-ci.
Finalement, d’autres unités lexicales renvoyant aux concepts de distance et d’isolement dans la sphère professionnelle sont celles construites surtout à travers des locutions : c’est le cas de en mode hybride, en mode mixte, en mode synchrone et en mode asynchrone, qui servent principalement à désigner des modes d’apprentissage ou d’enseignement très diffusés pour assurer la continuité didactique des apprenants pendant la crise sanitaire. Nous signalons encore le cas de la locution en visioconférence, par exemple dans cours en visioconférence, où les apprenants et l’enseignant peuvent se voir et échanger en temps réel, grâce à l’utilisation d’un logiciel de visioconférence[17]. Une dernière unité lexicale qui, à notre avis, se révèle très intéressante d’un point de vue conceptuel, mais aussi symbolique, est celle de travailleur nomade/mobile ou nomade numérique, à savoir une personne qui exerce une activité professionnelle à partir d’un appareil mobile et dont le lieu de travail n’est pas fixe[18]. Il nous semble que l’image évoquée par cette expression est fort exhaustive pour représenter aussi bien les concepts de distance et d’isolement, traits typiques de la pandémie de COVID-19, que le recours aux technologies de l’information et de la communication, qui ont été fondamentales pour travailler à distance pendant les confinements.
Conclusion
Comme tout événement historique ou de portée sociale importante, la pandémie de COVID-19 due au coronavirus SARS-CoV-2 a contribué à la naissance et à la diffusion de plusieurs unités lexicales ou d’unités lexicales ayant acquis un nouveau signifié, qui en très peu de temps ont fait leur entrée dans la communication quotidienne. Cela a été une conséquence de la large place accordée par les médias aux professionnels de la santé et aux scientifiques, qui ont eu la tâche d’informer les citoyens quant à l’évolution de la crise sanitaire ainsi que sur la recherche de traitements et l’utilisation de vaccins.
Le lexique mobilisé par la crise sanitaire encore en cours concerne, d’une part, la terminologie spécialisée relative notamment à la médecine et à la science en général, à laquelle ont recours les professionnels de la santé et les scientifiques, et, d’autre, part, le lexique commun qui représente à la fois le bassin dans lequel pénètrent les termes scientifiques et le lieu de naissance de nouvelles unités lexicales marquées notamment par les traits de la distance et de l’isolement, où tout individu a été contraint de se protéger. En tout cas, qu’il s’agisse de lexique commun ou de terminologie, au cours des années 2020 et 2021 la langue française a démontré toute sa vitalité et les ressources utilisées pour cette analyse l’ont mise en évidence de manière indéniable.
Le mouvement lexical de la langue française connu pendant la pandémie a été extraordinaire et le lexique a été particulièrement marqué par les concepts de la distance et de l’isolement qui ont atteint la sphère professionnelle et privée de tout individu. Il est donc possible d’affirmer que la pandémie est devenue un marqueur générationnel, plusieurs mots de la crise sanitaire ayant désormais leur place dans le dictionnaire. Quant à notre échantillon lexical, nous avons remarqué que la néologie sémantique représente le moyen le plus utilisé pour désigner des concepts concernant les évolutions des préoccupations médicales et les conséquences sociétales de la crise sanitaire : la plupart de ces mots avaient déjà leur place dans le vocabulaire français (par exemple, confinement, isolement, distanciel), mais pendant la pandémie leur usage a augmenté de manière importante et leur signifié s’est étoffé grâce notamment au recours à des adjectifs précisant le sens de la base à laquelle ils ont été ajoutés (par exemple, distanciation sociale et quarantaine volontaire). En ce qui concerne les changements relatifs aux activités professionnelles pendant la pandémie, nous avons mis en évidence que l’utilisation de certains éléments linguistiques, tels que « télé- » et « cyber », des adjectifs comme distanciel et virtuel, et de quelques locutions du type à distance et en ligne, a été massive et c’est grâce à cette utilisation qu’on a réussi à désigner toute modalité de travail caractérisée par l’isolement.
Il ne nous reste donc qu’à remarquer et apprécier le dynamisme et la vigueur de la langue française contemporaine, toute en attendant les nouvelles unités lexicales qui seront lexicalisées au cours des prochains mois et qui nous permettront de mesurer encore une fois la vitalité du français.
Références bibliographiques
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DEVELEY, Alice, CONRUYT, Claire, « “Télétravailler”, “sexto”, “R.I.P.”… Les nouveaux mots du Petit Robert 2021 », Le Figaro, 28/05/2020, <https://www.lefigaro.fr/langue- francaise/teletravailler-sexto-r-i-p-les-nouveaux-mots-du-petit-robert-2021- 20200528#:~:text=%C2%ABLoin%20d’%C3%AAtre%20rest%C3%A9e%20confin%C3%A9e,co mmuniqu%C3%A9%20des%20%C3%A9ditions%20du%20Robert>, dernière consultation : 14/09/2021.
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Dossier de presse Petit Larousse illustré 2021, <https://manuscritdepot.com/le_petit_larousse_illustre_mots_nouveaux_2021.pdf>, dernière consultation : 14/09/2021.
Dossier de presse Petit Larousse illustré 2022, <https://www.fortissimots.com/wp-content/uploads/DP-motsnouveaux2022-Larousse.pdf>, dernière consultation : 14/09/2021.
Neologica, « Les études de néologie au XXIᵉ siècle. Un état de la recherche européenne », n. 15, 2021.
HUMBLEY, John, La néologie terminologique, Limoges, Éditions Lambert-Lucas, 2018.
MORTUREUX, Marie-Françoise, La lexicologie entre langue et discours, Paris, Sedes, 1997.
SABLAYROLLES, Jean-François, La néologie en français contemporain. Examen du concept et analyse de productions néologiques récentes, Paris, Honoré Champion, 2000.
SABLAYROLLES, Jean-François, Comprendre la néologie. Conceptions, analyses, empois, Limoges, Éditions Lambert-Lucas, 2019.
Corpus
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Le Petit Robert 2021, Paris, Le Robert, 2020.
Le Petit Robert 2022, Paris, Le Robert, 2021.
Le Petit Larousse illustré 2021, Paris, Larousse, 2020.
Le Petit Larousse illustré 2022, Paris, Larousse, 2021.
Lexique sur la pandémie de COVID-19, <https://www.btb.termiumplus.gc.ca/publications/covid19- fra.html>, dernière consultation : 14/09/2021.
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[1] Cela a été le cas, par exemple, pour la Révolution française et les deux grandes Guerres, lors desquelles un vocabulaire très spécifique lié à la politique et aux actions militaires avait envahi la langue française, tout en laissant ses traces dans le lexique français contemporain. Marie-Hélène Drivaud, directrice éditoriale des Éditions Le Robert, rapproche l’émergence de la pandémie de COVID-19 due au coronavirus SARS-CoV-2 d’autres événements historiques qui ont marqué le vocabulaire français : « De nombreux mots nous ont ainsi été légués par la Grande Guerre, dans des registres variés et pas seulement dans le domaine militaire : “becter”, “bidasse”, “casse-pipe”, “contre-offensive”, “défaitisme”, “lacrymogène”, “limoger”, “tank”… On se souvient aussi de “covoiturage” qui s’est répandu lors de la grève des poids lourds de 1995 et de “bioterrorisme”, lié aux attentats du 11 septembre 2001 » (Dossier de presse Le Petit Robert 2022, p. 3, <https://manuscritdepot.com/dictionnaire_le_robert_mots_nouveaux_2022.pdf>, dernière consultation : 14/09/2021).
[2] Un riche panorama des études de néologie au XXIᵉ siècle en Europe est proposé dans le récent numéro 15 de la revue Neologica, « Les études de néologie au XXIᵉ siècle. Un état de la recherche européenne ».
[3] À propos des supports linguistiques nécessaires (nouveaux dépliants et brochures terminologiques et vocabulaires techniques réédités et mis à jour pendant 2020 et 2021), les membres de la Commission d’enrichissement de la langue française et, plus spécifiquement les professionnels de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, précisent que l’apparition de plusieurs unités lexicales nouvelles dans la conversation professionnelle et quotidienne « souligne combien il est nécessaire de disposer de ressources terminologiques de qualité, avec des définitions précises, justes scientifiquement mais compréhensibles par le plus grand nombre » (Rapport annuel 2020 de la Commission d’enrichissement de la langue française, <https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Langue- francaise-et-langues-de-France/Politiques-de-la-langue/Developper-et-enrichir-la-langue-francaise/La-Commission-d- enrichissement-de-la-langue-francaise/Rapport-annuel-de-la-Commission-d-enrichissement-de-la-langue-francaise- 2020>, dernière consultation : 14/09/2021).
[4] Dossier de presse Petit Larousse illustré 2022, p. 8, <https://www.fortissimots.com/wp-content/uploads/DP- motsnouveaux2022-Larousse.pdf>, dernière consultation : 14/09/2021.
[5] Il faut préciser que le contexte sanitaire exceptionnel n’a heureusement pas empêché les nouveautés lexicales de fleurir dans d’autres domaines, tels que les enjeux et les problématiques environnementaux, les nouvelles préoccupations psychologiques et sociologiques, les grandes mutations sociétales, la gastronomie, la sphère politique et le militantisme, les transformations numériques et technologiques, les évolutions économiques, juridiques et de la finance, les inquiétudes contemporaines, les enjeux et les problématiques de la médecine et des sciences.
[6] Dossier de presse Petit Larousse illustré 2022, p. 7, <https://www.fortissimots.com/wp-content/uploads/DP- motsnouveaux2022-Larousse.pdf>, dernière consultation : 14/09/2021.
[7] À ce propos, Cerquiglini précise que « la langue, fait social, enregistre dans son vocabulaire la nouveauté des pratiques, des objets, des modes, des prestiges. Cette innovation vient souvent d’ailleurs : l’histoire d’une langue est en partie celle de ses emprunts. […] Notre langue [le français] n’est pas envahie ; elle fait son marché. Ces dernières années, elle a largement tiré profit du riche vocabulaire de son expansion mondiale ; elle a exprimé grâce à l’anglais l’innovation des techniques et l’évolution des mœurs, tout en poursuivant la francisation des emprunts ; elle a révélé, par le crédit d’autres langues, des goûts nouveaux. Elle a accompli son métier de langue : exprimer le monde de ses locuteurs » (Dossier de presse Petit Larousse illustré 2021, pp. 6-7, <https://manuscritdepot.com/le_petit_larousse_illustre_mots_nouveaux_2021.pdf>, dernière consultation : 14/09/2021).
[8] Ces considérations sont tirées des données présentées dans les dossiers de presse des dictionnaires généraux consultés (Le Petit Robert et Petit Larousse illustré).
[9] Dossier de presse Le Petit Robert 2022, p. 2, <https://manuscritdepot.com/dictionnaire_le_robert_mots_nouveaux_2022.pdf>, dernière consultation : 14/09/2021.
[10] Dossier de presse Petit Larousse illustré 2022, p. 9, <https://www.fortissimots.com/wp-content/uploads/DP- motsnouveaux2022-Larousse.pdf>, dernière consultation : 14/09/2021.
[11] À ce propos, une ressource linguistique très intéressante est le Dicovid (<https://dictionnaire.lerobert.com/dis-moi- robert/raconte-moi-robert/mot-annee/le-dicovid-des-mots-inventes.html>, dernière consultation : 14/09/2021), projet réalisé par l’équipe des éditions Le Robert, en collaboration avec les membres de l’Oulipo. Ce dictionnaire fictif regroupe les inventions lexicales proposées par les Francophones en temps de pandémie mondiale.
[12] La dernière mise à jour de cet ensemble de fiches date du 07 septembre 2021 et elles sont disponibles au lien suivant :
<http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/fiches-et-articles-covid-19.aspx>, dernière consultation : 14/09/2021.
[13] Le Lexique a été mis en jour le 1er avril 2021 et il est disponible au lien suivant :
<https://www.btb.termiumplus.gc.ca/publications/covid19-fra.html>, dernière consultation : 14/09/2021.
[14] Le Vocabulaire, dont la dernière mise à jour date de mai 2021, est disponible au lien suivant :
<https://www.oqlf.gouv.qc.ca/ressources/bibliotheque/dictionnaires/vocabulaire-enseignement-distance-et- teletravail.aspx>, dernière consultation : 14/09/2021.
[15] Quant au couple de mots « isolation » et « isolement », l’Office québécois de la langue française signale que, bien que les mots soient tous deux issus du verbe « isoler », ce qui a conduit à leur emploi synonymique à une certaine époque, de nos jours on utilisera préférablement « isolation » au sens de « protection » (habituellement pour des choses) et « isolement » au sens de « mise à l’écart » (souvent pour des personnes).
[16] À cet égard l’Académie française a proposé de ne pas remplacer l’expression « à distance » par « en distanciel », qu’elle affirme être « trop largement répandue en ces temps de fermeture partielle de nombre d’établissements scolaires ». De même, elle suggère l’utilisation de « en présence », plutôt que l’anglicisme « présentiel », calque maladroit de l’anglais presential. « Présentiel, Distanciel », 2 juillet 2020, <https://www.academie- francaise.fr/presentiel-distanciel>, dernière consultation : 14/09/2021.
[17] C’est l’utilisation massive des visioconférences pendant la pandémie qui a conduit à la naissance des concepts de « fatigue des réunions virtuelles », « fatigue des visioconférences » et « fatigue oculaire numérique » qui désignent une sensation d’épuisement mental et physique éprouvée à la suite d’une utilisation prolongée et répétée de logiciels de visioconférence.
[18] Les rédacteurs du VET signalent aussi l’existence de la forme courte « nomade » pour désigner ce concept. Nous précisons ici que l’unité lexicale « travailleur nomade » n’a été intégrée au GDT qu’en 2020, ce qui laisse penser à une diffusion dans l’usage de cette unité qui est antérieure à la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19. Toutefois, il est évident que cette unité lexicale a été particulièrement mobilisée, de même que son signifié, au cours des deux dernières années.
Per citare questo articolo:
Claudio GRIMALDI, « Les traits de la distance et de l’isolement dans le lexique autour de la pandémie», Repères DoRiF, n. 25 – Le lexique de la pandémie et ses variantes, DoRiF Università, Roma luglio 2022, https://www.dorif.it/reperes/claudio-grimaldi-les-traits-de-la-distance-et-de-lisolement-dans-le-lexique-autour-de-la-pandemie/
ISSN 2281-3020
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