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Carole Conti

Le Rassemblement National et la Ligue face à la Covid-19

 

 

Carole Conti
Université de Turin
carole.conti@unito.it


Résumé 

Cette contribution a pour objet une analyse contrastive des discours nationalistes menés sur Twitter par le Rassemblement National et la Ligue lors de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Par le biais d’une approche aussi bien quantitative que qualitative, on se propose de comparer les discours de ces deux partis d’opposition en mettant en relief les similarités des thèmes abordés et des techniques discursives employées afin de construire un climat d’insécurité et de méfiance envers les gouvernements.

Abstract

The Rassemblement National and the Ligue face the Covid-19

Purpose of this contribution is a contrastive analysis of the nationalist discourses of the Rassemblement National and of the Lega on Twitter during the health crisis linked to Covid-19. Through a quantitative and qualitative approach, we propose to compare the speeches of these two opposition parties by highlighting the similarities of the themes addressed and the discursive techniques used in order to build a climate of insecurity and distrust towards the government.


 

Introduction

 

Cet article se propose d’analyser, dans une perspective comparative, les discours du Rassemblement National[1] et de la Ligue italienne pendant la crise sanitaire liée à la Covid-19. Ces deux partis se montrent, tout au long de l’année 2020, très critiques envers les décisions des gouvernements, qu’ils jugent incompétents. Dans notre travail, on mettra notamment l’accent sur les ressemblances multiples qui se dégagent dans les discours de ces deux partis tant sur le plan des stratégies rhétoriques et argumentatives qu’au niveau thématique (accusations envers le gouvernement, propositions de fermeture des frontières, etc.).

Si, dans le panorama varié de la droite française et italienne, nous avons choisi de nous concentrer sur le RN et la Ligue, c’est qu’il s’agit des deux partis de droite nationaliste qui, dans leur pays respectif, présentent le plus grand nombre d’électeurs et jouissent du plus grand retentissement médiatique. Pour cela, nous estimons qu’on peut les considérer comme des représentants emblématiques du discours de l’extrême droite nationaliste et populiste.

Par ailleurs, l’idée de proposer une comparaison entre Marine Le Pen et Matteo Salvini naît du rapprochement politique des deux leaders, qui s’est manifesté tout particulièrement lors de la campagne pour les élections européennes de 2019. À l’époque, les deux leaders militaient dans la même formation politique : Identité et démocratie, qui recueille l’héritage du mouvement Europe des nations et des Libertés et qui regroupe plusieurs partis de la droite et de l’extrême droite européennes. Dès lors, les échos, les références mutuelles, les reprises des mêmes mots d’ordre et slogans, qui étaient déjà nombreux avant 2019 (SINI et ANDRETTA 2018), deviennent multiples et réitérés.

 

1. Constitution du corpus

 

Quant aux observables de notre analyse, nous avons opté pour un corpus de tweets, à cause de la prolifération massive de ce type de « technodiscours » (PAVEAU 2017) ces dernières années. En effet, un nombre croissant d’acteurs politiques ont de plus en plus recours aux médias socionumériques comme outil de communication politique, les préférant aux médias classiques pour leur dimension moins conventionnelle, plus informelle et leur permettant un rapport plus direct avec leur électorat (ROGINSKY et DE COCK 2015 : 132). Par conséquent, comme le souligne Julien Longhi, le tweet n’est plus un simple relais de transmission d’informations, mais il est devenu une « forme originale du discours politique » (2013 : 11).

Les deux corpus sont composés de 1639 tweets des comptes officiels de membres de la Ligue[2] et de 1272 tweets des comptes officiels de membres du RN[3]. Les acteurs politiques sélectionnés sont parmi les membres les plus influents des deux partis et les plus actifs sur Twitter.

Deux critères ont présidé à la constitution de notre corpus : un critère chronologique – les tweets ont tous été publiés au cours de l’année 2020 − et un critère thématique – ils présentent tous (dans le texte ou dans l’url attachée au tweet) au moins un mot-clé lié à la pandémie. Les mots-clés retenus correspondent aux substantifs qui indexent de manière univoque un discours sur la Covid-19, à savoir, pour le corpus français : Covid, virus, pandémie, épidémie, confinement, couvre-feu, masque/s, sanitaire, dépistage, vaccin/s, et, pour le corpus italien : Covid, virus, pandemia, epidemia, lockdown, coprifuoco, mascherina/e, sanitaria/o, tampone/i, vaccino/i.

On se propose donc de travailler avec des « corpus comparables », c’est-à-dire des corpus composés de documents en plusieurs langues, qui ne sont pas des traductions, mais qui partagent certaines caractéristiques linguistiques ou extralinguistiques (BOWKER et PEARSON 2002 : 93) comme, dans notre cas, le genre discursif et le lieu de production.

 

2. Analyse du corpus

 

Les corpus seront analysés par le biais d’une démarche aussi bien lexico-quantitative que qualitative. Pour l’analyse, nous avons utilisé deux logiciels textométriques : Le Trameur[4] et Lexico3[5]. Si les différentes fonctionnalités de Le Trameur nous ont permis d’identifier des « routines discursives » (NÉE et al. 2007) de manière inductive, c’est Lexico3 qui s’est avéré le plus approprié pour notre analyse. Grâce à ce logiciel, en effet, on peut effectuer des regroupements de mots et les appliquer à un partitionnement (en tweets, dans notre cas). Cela nous a permis de compter le nombre de tweets consacrés à chaque thème et par conséquent de les classer, selon leur prépondérance dans le discours.

Du point de vue formel, une différence entre les corpus français et italien concerne la différente distribution des mots-clés : les occurrences des mots « Covid », « Coronavirus », « virus » et leurs variantes apparaissent, dans le corpus français, presque exclusivement sous forme de hashtag[6], tandis que dans le corpus italien elles reviennent avec la même fréquence avec ou sans hashtag. Cela est dû au fait que les membres du RN intègrent le hashtag dans l’énoncé du tweet, ce qui dénote une meilleure compréhension des mécanismes de Twitter : l’emploi du hashtag permet la contextualisation du tweet qui est ainsi inséré dans un fil thématique bien précis. Cette démarche augmente la probabilité que le tweet soit retrouvé, lu et retwitté, ce qui amplifie considérablement son impact potentiel (PAVEAU 2013 : 11 ; JACKIEWICZ et VIDAK 2014 : 3).

L’analyse qui suit est structurée selon un critère thématique, se concentrant sur les points de convergence des deux corpus, et leur ordre repose sur la récurrence des thèmes. Le cadrage métaphorique de « la guerre contre la Covid-19 » constitue, par contre, une configuration rhétorique fondamentale, qui influence considérablement tout le discours du RN et de la Ligue. Cet aspect nous retiendra donc premièrement.

2.1. La rhétorique du conflit

Dans les deux corpus, le recours au lexique martial est systématique[7] : des noms tels que guerre[8], bataille, lutte, débâcle, défaite, offensive, menace, victoire, guerriers, soldats, ennemi et des verbes comme lutter, combattre, vaincre, battre sont extrêmement fréquents. Cette variété de lexique montre que la métaphore de « la guerre contre la Covid-19 » est bien une métaphore filée (BONHOMME 1998) qui, s’organisant dans un réseau très ample, exploite largement le domaine conceptuel du conflit.

Par ailleurs, l’emploi de la métaphore militaire pour parler d’une maladie n’est pas nouveau. Bien au contraire, cela est très courant en médecine : il suffit de penser à des expressions telles que « défenses immunitaires » ou « lutter contre la maladie » (SONTAG 1989 : 13). Avec l’épidémie de Coronavirus cette métaphore a évolué et du combat du corps contre le virus on est passé à l’image d’une nation entière en guerre contre un ennemi externe. Par conséquent, le réseau conceptuel de la métaphore s’élargit, et à côté des mots militaires déjà couramment associés à la maladie (guerre, lutte, victoire, etc.) apparaissent des expressions plus ponctuelles du lexique de la guerre, comme « couvre-feu », « première ligne », « mobilisation générale ».

Traiter la crise sanitaire comme un état de guerre permet un reframing métaphorique (LAKOFF 2004 : 54) puisque le recours systématique à une certaine image permet de modifier la vision et la perception publique de la réalité.

L’emploi de cette métaphore permet de « mettre en relation un objet problématique avec un objet déjà intégré par les représentations du co-énonciateur » (MAINGUENEAU 1991 : 246) et facilite ainsi la compréhension de la gravité de la situation et de ses dangers. De plus, l’institution d’un « état d’urgence » promeut l’image d’un pays en danger, ce qui permet de justifier certains choix politiques.

La rhétorique du conflit n’est pas une exclusivité de la droite nationaliste. En revanche, elle a été très employée dans un vaste panorama politique national et international : l’exemple le plus immédiat et évident est sûrement : « Nous sommes en guerre » martelé à six reprises par Emmanuel Macron lors du communiqué de presse du 15 mars 2020[9], qui a marqué le début de la crise sanitaire en France.

Toutefois, il est intéressant d’étudier cette volonté, de la part de la droite, de présenter l’épidémie comme une guerre parce qu’elle paraît, à notre avis, intrinsèquement liée à une autre stratégie discursive qui est, elle, typique de la droite populiste. Il s’agit du dispositif rhétorique que Ruth Wodak, dans son livre The politics of Fear (2015 : 26), appelle legitimation (légitimation), c’est-à-dire la création d’un climat de peur, permettant de soutenir des propos politiques éventuellement contestables, tout en faisant valoir leur caractère de nécessité afin de protéger les citoyens. Par conséquent, les deux partis nationalistes qui font l’objet de nos réflexions ont tout intérêt à présenter l’épidémie comme une invasion d’un ennemi extérieur, puisque cette vision des choses leur permet d’argumenter en faveur de la fermeture des frontières et du refoulement des étrangers.

En outre, étant donné que le RN et la Ligue se trouvent à l’opposition, ce climat de guerre est utile pour souligner l’incompétence et l’inadéquation des gouvernements, qui ne se montrent pas à la hauteur de leur rôle en ces moments difficiles. En particulier, le RN reprend les mots d’E. Macron pour les retourner contre lui : le Président affirme être en guerre mais il n’agit pas comme la situation l’exigerait :

Marine Le Pen (@MLP_officiel) :
Lorsqu’on annonce la guerre, il faut donner des ordres clairs.” #Covid19France #Coronavirus
Ma réaction au #DiscoursMacron. Si je salue les mesures, je ne peux que déplorer le manque de clarté du Président de la République.
https://twitter.com/i/status/1239648506027048963
(Twitter[10], 16.03.2020)

2.2. Les attaques au gouvernement

Dans les deux corpus l’argument polémique le plus fréquemment soulevé (surtout dans le corpus français[11]) est sûrement celui des reproches envers le gouvernement pour sa gestion de la crise sanitaire. Les accusations portées contre l’État peuvent être réparties en 4 axes, qui forment autant de sous-paragraphes de notre analyse : le gouvernement (1) ne sait pas gérer la crise, (2) ment à son peuple, (3) le culpabilise et (4) abuse de son pouvoir. Ces reproches sont adressés, souvent de manière similaire, à l’Union Européenne.

2.2.1. Un gouvernement incompétent

Le style, assertif et mordant, ainsi que les choix lexicaux, sont tout à fait analogues dans les deux corpus : les deux gouvernements sont associés à des adjectifs tels qu’incapable, incompétent, irresponsable, incohérent et à des substantifs tels que cafouillage, faiblesse, erreur, manque, escroquerie, fiasco, chaos, incompétence, incapacité comme on peut le constater dans ce tweet de Bruno Bilde :

Bruno Bilde (@BrunoBilde) :
« 2 Si les Français ont été confinés pendant près de 2 mois, ils le doivent à nos irresponsables dirigeants qui n’ont pas fermé les frontières et n’avaient pas armé le pays avec des stocks de masques et de tests ! »
Mon communiqué. #COVIDー19
https://rassemblementnational.fr/communiques/culpabilisation-infantilisation-menaces-le-gouvernement-renvoie-les-francais-a-lecole-maternelle-avant-la-deconfiture/
(Twitter, 05.05.2020)

De même, le corpus italien relance ces éléments axiologiques négatifs dans plusieurs hashtags : #conteincapace (#Conteincompétent), #contevergogna (#Conteaiehonte) et #contedimettiti (#Contedémissionne).

Par ailleurs, dans les tweets qui évaluent l’action du gouvernement, on observe des procédés rhétoriques appartenant au répertoire habituellement mobilisé dans le discours du RN (ALDUY et WAHNICH 2015) et, plus largement, de la droite européenne (WODAK 2015 : 156). Nous proposons ci-dessous une liste des procédés majeurs :

  • La métaphore :

Jean MESSIHA (@JeanMessiha) :
#Macron est apparu comme le capitaine du Titanic France qu’il a précipité sur l’iceberg du #COVID19.
Pire, ses haut-parleurs gouvernementaux n’ont cessé de dire que face au risque de noyade, les gilets de sauvetage ne servaient à rien.
Un mensonge mortifère pour seule stratégie.
https://twitter.com/i/status/1249992570496847872
(Twitter, 14.04.2020)

Dans cet exemple, E. Macron, après avoir été assimilé à un chef militaire incompétent, devient « le capitaine du Titanic ». Ensuite, cette métaphore filée continue avec le segment : « face au risque de noyade, les gilets de sauvetage ne servaient à rien », qui fait sans doute référence au fait qu’au début de la crise le gouvernement français soutenait l’inutilité des masques. À ce propos, un deuxième tweet de Messiha propose une autre analogie métaphorique :

Jean MESSIHA (@JeanMessiha) :
« Le gvt nous assure avoir commandé les #masques pour protéger la population et rendre possible  le #deconfinement le #11mai.
Commander les masques au moment où le #COVID19 ravage le pays c’est comme commander les préservatifs au moment de l’accouchement ! »
@PascalPraud @CNEWS
https://twitter.com/i/status/1250352794466320384
(Twitter, 15.04.2020)

  • L’énumération dépréciative et l’accumulation, qui participent à la formation d’un climax caractérisé par un style de plus en plus agressif :

Jean MESSIHA (@JeanMessiha) :
2015, le terrorisme.
«Nous sommes en guerre», #Hollande.
Pas de fermeture des mosquées radicales, pas d’expulsions d’islamistes
2020, #Covid_19
«Nous sommes en guerre», #Macron
Pas de masques, pas de gels, pas de tests.
Grandiloquence des mots, misère des actes, mort de Français.
(Twitter, 21.03.2020)

Le tweet de Messiha ci-dessus propose une gradation déceptive, c’est-à-dire une gradation où le dernier terme est de valeur contraire au premier (DUPRIEZ 1984 : 222). Cet anti-climax cache, en plus, un enthymème (ou syllogisme abrégé) à l’issue renversée : alors que le style sublime (« grandiloquence des mots ») devrait correspondre à des actions avantageuses pour la population (prémisse majeure, non formulée, du syllogisme tronqué sous-jacent), le segment « misère des actes » représente le contre-argument, qui mène à la conclusion de signe opposé : « mort des Français ».

  • La répétition, souvent sous la forme de l’anaphore rhétorique (BONHOMME 1998 : 44-45), permet de donner un rythme au tweet: dans l’exemple suivant, le rythme ternaire, très efficace dans la persuasion, ordonne à la fois la triple occurrence du mot « faillite » et les trois déterminations de l’occurrence finale (« faillite de l’ultralibéralisme, de l’européisme, du mondialisme ») :

Marine Le Pen (@MLP_officiel) :
« Cette crise sanitaire a révélé la faillite idéologique dans laquelle nos dirigeants ont mené notre pays : faillite de la logique du profit appliquée à l’action publique, faillite de l’ultralibéralisme, de l’européisme, du mondialisme,… il faut en tirer les leçons ! » @rfi  https://twitter.com/i/status/1260119584675373057
(Twitter, 12.05.2020)

2.2.2. Les mensonges du gouvernement

La question des mensonges de l’exécutif, qui aurait sciemment dissimulé ce qu’il savait, est très présente surtout dans le corpus français, où le mot « mensonge » et le verbe « mentir » reviennent respectivement 39 et 24 fois et le mot « vérité » 19 fois. Le gouvernement est accusé non seulement de mentir mais de cacher des informations à son peuple (silence, secret, cacher, taire) :

Marine Le Pen (@MLP_officiel) :
Comment le Président peut-il oser dire cela alors que son gouvernement a MENTI sur l’utilité même des #masques justement pour cacher la pénurie ?
Ces propos sont une provocation insupportable compte tenu de la situation ! MLP #Covid19 #FakeNews
(Twitter, 12.05.2020, message associé au retweet d’un message de @BFMTV https://twitter.com/BFMTV/status/1262463545133932546?s=20).

On retrouve cela également dans le corpus italien :

Matteo Salvini (@matteosalvinimi) :
Ora emerge, dopo mesi di silenzi e di bugie, che il governo prima non chiuse le zone rosse colpite dal virus come richiesto, e dopo chiuse tutta Italia senza un valido motivo. (1/2)[12]
(Twitter, 07.08.2020)

2.2.3. La culpabilisation du peuple

Selon l’opposition, le gouvernement, et notamment le chef de l’État, accuse et culpabilise son peuple alors que, en même temps, il ne respecte pas ses obligations et ses promesses.

Marine Le Pen (@MLP_officiel) :
“Je trouve indécente la manière dont le gouvernement culpabilise les Français, qui pourtant jouent le jeu. On les menace et on les traite comme des enfants. C’est d’autant plus inadmissible que l’on attend d’abord de l’État qu’il remplisse ses obligations !” @BFMTV #COVID19
https://twitter.com/i/status/1256939375197290497
(Twitter, 03.06.2020)

C’est ce que Marine Le Pen appelle « stratégie d’infantilisation » : elle accuse le gouvernement de ne pas être franc envers les Français et de les traiter comme des enfants, afin de les exclure de toute décision sans écouter leurs besoins et leurs volontés.

En Italie, de surcroît, on accuse l’État de ne pas reconnaître et apprécier le travail des médecins et des soignants tout en rejetant ses responsabilités sur eux.

Matteo Salvini (@matteosalvinimi) :
++ ‼ #CORONAVIRUSITALIA, PM LODI: “INCHIESTA DOVEROSA’ NATA DA PAROLE CONTE ++ Invece di essere apprezzati e ringraziati dal governo e dallo Stato per il loro impegno e sacrificio, medici e operatori sanitari vengono INDAGATI. È una vergogna!!!!![13]
(Twitter, 26.02.2020).

À partir de toutes ces accusations, l’opposition non seulement dit comprendre, mais partage la méfiance des citoyens envers l’État, qu’elle juge incapable de défendre son peuple vis-à-vis de la crise sanitaire (et économique).

Marine Le Pen (@MLP_officiel) :
« Depuis le début de cette crise sanitaire, un certain nombre de choix stratégiques m’apparaissent critiquables. Ces choix ont largement entamé la confiance des Français dans ce gouvernement, et je les comprends. » #ConfinementJour9 #COVID2019 #SudRadioMatin
(Twitter, 25.03.2020)

2.2.4. L’abus de pouvoir du gouvernement

Bien que le RN et la Ligue exploitent massivement la crise sanitaire pour motiver certains aspects de leur idéologie, ils accusent à plusieurs reprises le gouvernement d’abuser de son pouvoir sous prétexte de la crise sanitaire. L’analyse des segments répétés de Lexico3 nous permet d’observer que, dans le corpus italien, les expressions « sous prétexte du virus[14] » et « exploiter le virus » reviennent, respectivement, 17 et 10 fois. Ces expressions sont utilisées pour lancer des accusations contre ce que la Ligue appelle, par un mot-valise créatif (BONHOMME 2009 : 10), une « pandémocratie[15] » ou une « dictature au nom du virus[16] ». Selon l’opposition, le gouvernement fait ainsi passer sous silence certaines actions antidémocratiques ou antinationales sous couvert de la lutte contre le virus :

Matteo Salvini (@matteosalvinimi) :
Il Covid non sia alibi per limitare questo fondamentale diritto per ogni democrazia. La Lega, come sempre, sarà in prima linea per garantire la continuità e la sopravvivenza di tutte le voci in campo. #Ansa (2/2).[17]
(Twitter, 16.06.2020)

Ce type d’accusations est également présent dans le corpus français, où le RN dénonce, par les expressions « le virus de la tentation totalitaire » et « confinement de la démocratie », le basculement de l’État vers un régime autoritaire (sous prétexte du virus) :

Laurent Jacobelli (@ljacobelli) :
Chez @Bruce_Toussaint sur @BFMTV   “Avec ce gouvernement il faut lutter contre le virus de la tentation totalitaire  : contrôle de la liberté d’expression, de la liberté de circulation… ils veulent tout contrôler de nos vies.”
https://twitter.com/i/status/1341399253026017288
(Twitter, 06.04.2020)

2.2.5. L’incompétence de l’Union Européenne

Dans les deux pays (mais principalement en Italie[18]) les accusations portées contre l’État sont également adressées à l’Union Européenne : en particulier le manque de préparation, de coordination et de réactivité face à l’épidémie.

Luca Zaia (@zaiapresidente) :
‼‼ #CORONAVIRUS / Ho molto da ridire contro questo modello di Europa. Un’Europa che non riesce a fare coordinamento su fatti così gravi come il coronavirus è un’Europa che non esiste. Ne ho parlato stamattina a @storie_italiane su @RaiUno. #COVID2019[19]
(Twitter, 28.02.2020)

Jordan Bardella (@J_Bardella) :
L’Union européenne a (de nouveau) gravement failli. Elle a montré son inefficacité profonde pour protéger les Européens, voire sa nocivité.
Ça aussi il faudra s’en souvenir et en tirer sérieusement les enseignements une fois la crise passée !
(Twitter, 18.03.2020)

Selon ces deux partis, l’incapacité à gérer la crise sanitaire est la énième démonstration de l’échec de l’Union Européenne et une preuve très claire que sa stratégie doit être remise en question.

2.3. La clairvoyance de l’opposition

Sébastien Chenu (@sebchenu) :
«  Il y a une volonté d’Emmanuel Macron et de ceux qui l’entourent à vouloir limiter les libertés des Français. (…). Nous avons tiré la sonnette d’alarme, le gouvernement a reculé mais on sait que ce texte va revenir, il faudra s’y opposer avec la même fermeté. » #BfmTV #vaccin
(Twitter, 23.12.2020)

C’est contre un gouvernement jugé incapable que le RN et la Ligue s’érigent en procureurs du peuple. On observe, en particulier dans le corpus français, que les verbes dénoncer, réclamer, demander, alerter et exhorter utilisés à la première personne (du singulier ou du pluriel) et très souvent au passé sont fort courants.

Marine Le Pen (@MLP_officiel) :
« On savait dès le mois de janvier qu’il fallait fermer les frontières, ils n’ont pas voulu le faire. On savait que nous serions en pénurie de protections et de médicaments : j’avais alerté à l’Assemblée Mme Buzyn, qui m’a envoyée balader ! » #ConfinementJour22 #ClassiqueMatin
https://twitter.com/i/status/1247470775428407296
(Twitter, 07.04.2020)

Le RN souligne de cette manière son action en tant que parti d’opposition qui avait annoncé le désastre, mais qui n’a pas été écouté.

En Italie, bien qu’on retrouve des tweets similaires, tels que :

Luca Zaia (@zaiapresidente) :
#CORONAVIRUS / Quando chiedevamo l’isolamento fiduciario per chiunque tornasse da zone infette, ci siamo presi dei razzisti. Ma ora non è il momento delle polemiche. Trovate la mia intervista a @RadioRadioWeb al link[20] https://www.facebook.com/watch/?v=2610225575881417
(Twitter, 27.02.2020),

la tendance est un peu différente : les verbes à la première personne sont employés pour souligner ce que la Ligue a fait contre la crise.

En effet, en Italie, une grande partie de la gestion de la crise sanitaire a été confiée aux régions et deux membres de la Ligue (présents dans notre corpus), Attilio Fontana et Luca Zaia, sont respectivement les gouverneurs des régions de la Lombardie et de la Vénétie, qui ont été très touchées par l’épidémie. Les deux hommes politiques ont donc dû gérer la crise directement dans leurs territoires et la réitération des verbes créer, signer, faire, affronter et préparer reflète cette volonté de démontrer leur engagement.

Luca Zaia (@zaiapresidente) :
Da quando è scattata l’emergenza, in Veneto abbiamo potenziato i posti letto in terapia intensiva e sub-intensiva, per tenerli a disposizione in caso di necessità.
Ecco come funziona il nuovo reparto a Jesolo. #Covid_19 #COVID2019[21]
https://www.facebook.com/watch/?v=213041149767906
(Twitter, 13.03.2020)

2.4. La menace étrangère

Il n’est pas surprenant de retrouver le sujet de la lutte contre l’immigration dans les deux corpus, étant donné que le RN et la Ligue y font tous les deux systématiquement appel dans leurs discours. Toutefois, on peut observer une variation du topos de « la menace de l’étranger » qui, dans le contexte de la pandémie, présente l’étranger non plus seulement comme une menace économique ou de sécurité publique, mais comme un péril sanitaire.

Bien que ce thème soit présent dans les deux corpus, il est décliné de manière différente : si, en Italie, la préoccupation de la Ligue est concentrée sur l’arrivée et la circulation de clandestins malades, en France, l’attention du RN est focalisée sur la nécessité de fermer les frontières (celles de l’Europe aussi) et sur les dangers que le « mondialisme » entraîne.

Dans le corpus italien, on compte 134 tweets traitant des migrants et de l’immigration (soit 8% des tweets). La Ligueet spécialement son leader – dénoncent le risque sanitaire lié à l’arrivée de migrants. En effet, on peut observer que les adjectifs positif [au virus] (46 occurrences) et infecté (6 occurrences) apparaissent exclusivement dans des tweets concernant les débarquements, ce qui souligne une volonté de présenter les migrants comme l’une des causes de la diffusion du virus.

Matteo Salvini (@matteosalvinimi) :
Il governo blocca i voli da alcuni Paesi “a rischio Covid” ma continua a far sbarcare migliaia di clandestini, molti infetti e portatori di virus. Complici o incapaci?[22]
(Twitter, 16.07.2020)

Dans le corpus français, par contre, on retrouve 43 tweets mentionnant migrant et immigration, mais l’intention est simplement de souligner que, même pendant la crise sanitaire, le gouvernement privilégie les immigrés au détriment des Français.

Jean Messiha (@JeanMessiha) :
.@libe, incarnation de la presse néo-collaborationniste, promeut la régularisation de millions de #migrants clandestins alors que des millions de #Francais et d’Européens vont perdre leur emploi à cause de la crise du #COVID19.
La trahison dans l’âme !
https://www.liberation.fr/debats/2020/04/10/pour-une-regularisation-des-migrants-sur-le-sol-francais-et-europeen_1784479/
(Twitter, 16.07.2020)

En revanche, toujours dans le corpus français, on compte 120 tweets traitant des frontières et des étrangers (soit 10% des tweets). Dans ces tweets, le RN accuse le gouvernement d’être trop attaché à son idéologie « mondialiste » et « sans-frontiériste » et de mettre en danger la santé des Français.

Jean Messiha (@JeanMessiha) :
L’Italie rétablit des frontières intérieures hermétiques (confinement, etc.).
En France, les macronistes sacrifient la santé et la vie des Français sur l’autel de leur mondialisme en refusant mordicus de rétablir quelque frontière que ce soit.
Criminels !
https://www.lefigaro.fr/flash-eco/virus-l-italie-va-placer-en-quarantaine-milan-venise-et-d-autres-zones-20200307
(Twitter, 08.03.2020)

Marine Le Pen (@MLP_officiel) :
Cette proposition, au-delà d’être trop tardive, est… inepte quand tous les pays européens ont déjà rétabli leurs frontières nationales.
L’idéologie mondialiste est très mauvaise conseillère. #COVID19
Maîtrisons NOS frontières pour protéger les Français
! MLP
(Twitter, 13.03.2020, tweet de réponse au tweet https://twitter.com/Mediavenir/status/1238489307528265730?s=20)

Il est évident que le RN saisit cette occasion pour relancer sa lutte au « sans-frontiérisme » et souligne que c’est le manque de frontières qui a lentement affaibli la France : « Derrière cette crise sanitaire, il y a l’échec de la mondialisation sauvage et du modèle économique basé sur l’ouverture totale des frontières[23] ».

 

3. Conclusion

 

Dans cette étude on a dressé un parallèle des pratiques discursives et des questions abordées respectivement par le RN et la Ligue lors de la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19, tout au long de l’année 2020. La plupart des tweets ont été postés entre début février, période de l’arrivée du virus en Europe, et la mi-juillet, en concomitance avec la fin de la première vague de la Covid-19.

Nous avons montré que le thème central des tweets examinés comporte une attaque polémique contre la gestion politique de la crise. Les deux partis disent avoir plusieurs fois lancé l’alerte sur les mauvais choix des gouvernements, sans avoir été écoutés. Ils essaient donc de construire une représentation dans laquelle ils se posent en porte-parole et en défenseurs d’un peuple qu’ils considèrent non seulement comme négligé, mais également mis en danger par des mesures politiques inefficaces, à l’égard desquelles tant le RN que la Ligue ont systématiquement recours à un lexique et à des procédés rhétoriques fort dépréciatifs.

Dans leurs attaques anti-gouvernementales, les deux partis qui font l’objet de notre étude choisissent presque toujours les mêmes thèmes. Ceux-ci présentent toutefois quelques spécificités qui reflètent la différente situation politique et socio-culturelle des deux pays. Avant tout, les deux partis exploitent le reframing de la réalité offert par la métaphore de la « guerre contre un virus » qui vient de l’étranger, de manière à justifier des propos nationalistes et xénophobes. Cependant, si la Ligue pointe du doigt les débarquements de migrants comme porteurs et diffuseurs de la maladie sur le territoire, et que, selon ce parti, la fermeture des ports est la seule solution possible, le RN dénonce plutôt les dangers du « sans-frontiérisme » et souhaite un retour à un gouvernement moins « mondialiste » où les Français occupent la première place. En outre, les accusations concernant la gestion politique de la crise tiennent compte, en Italie, de l’exigence de préserver des critiques les élus locaux appartenant à la Ligue. Dans le système italien, les régions jouissent, en effet, d’une autonomie d’initiative politique plus forte qu’en France.

Sur un plan linguistique plus général, notre analyse a montré comment le RN et la Ligue s’emparent habilement du lexique de la pandémie pour l’intégrer dans leur argumentation, en donnant ainsi naissance à des néologismes (« pandémocratie ») et à des expressions métaphoriques (« confinement de la démocratie », « le virus de la tentation totalitaire ») qui se distinguent par leur pouvoir de synthèse extrêmement suggestif et efficace. Cela est sûrement favorisé par le lieu de production, puisque la taille réduite du tweet (240 mots) facilite la naissance de petites phrases ou de formules (LONGHI 2013 : 2).

Les choix lexicaux employés et les sujets abordés par les deux partis participent, en conclusion, à la construction d’un climat d’instabilité et de soupçon envers l’État, un ensemble de sentiments que le RN et la Ligue ont intérêt à attiser et à généraliser, puisqu’il s’avère fort rentable pour la réussite des enjeux argumentatifs de leur discours nationaliste.

 

Références bibliographiques

 

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[1] Dorénavant RN.

[2] Matteo Salvini, Lorenzo Fontana, Luca Zaia, Attilio Fontana, Claudio Borghi, Alberto Bagnai et Antonio Rinaldi. Malheureusement Giancarlo Giorgetti (vice-secrétaire du parti) n’a pas de compte Twitter.

[3] Marine Le Pen, Jordan Bardella, Steeve Briois, Laurent Jacobelli, Sanchez Julien, Sébastien Chenu, Bruno Bilde et Jean Messiha.

[4] http://www.tal.univ-paris3.fr/trameur/.

[5] http://lexi-co.com/.

[6] « Le hashtag est un segment langagier précédé du signe #. Cette association en fait un tag cliquable, inséré manuellement dans un tweet et permettant d’accéder à un fil » (PAVEAU 2013 : 11).

[7] Les mots liés à la guerre apparaissent dans 107 tweets du RN et 66 tweets de la Ligue.

[8] Des 15 occurrences de guerre dans le corpus italien, la moitié ne se réfère pas à la Covid-19 mais à l’accusation de Salvini selon laquelle quelqu’un était en train de mener, sous prétexte de la Covid-19, une guerre commerciale aux produits italiens : « Zona rossa in tutta Europa ? Volere è potere. Qualcuno sta usando il virus per fare una squallida guerra commerciale all’Italia » Matteo Salvini sur Twitter le 11.03.2020.

[9] La métaphore de la guerre a été adoptée par plusieurs leaders, tels que le premier ministre d’Israël Benjamin Netanyahou, le premier ministre britannique Boris Johnson et l’ancien Président des États-Unis Donald Trump, pour en citer quelques-uns.

[10] Les énoncés issus de Twitter mentionnent le nom du détenteur du compte, le pseudo du compte entre parenthèses et le texte du message. Les termes précédés de # sont des hashtags ; les termes précédés de @ indiquent un destinataire particulier ou la reprise d’un message envoyé par un autre compte. C’est nous qui soulignons par les caractères gras.

[11] On fait référence au gouvernement dans 221 tweets dans le corpus italien et dans 455 tweets dans le corpus français (ce qui représente 35% des tweets).

[12] C’est nous qui traduisons : « On apprend, après des mois de silence et de mensonges, que le gouvernement au début n’a pas fermé les zones rouges frappées par le virus comme il le fallait et ensuite il a fermé toute l’Italie sans aucune raison valable ».

[13] « ++ ‼ #CORONAVIRUSITALIE, LE PROCUREUR LODI : “ENQUETE NÉE DES PAROLES DE CONTE ++ Les médecins et les soignants au lieu d’être remerciés pour leur dévouement et leur sacrifice, ils sont ENQUÊTES. Quelle honte ».

[14] Plus précisément le segment répété « con la scusa del virus » apparaît 13 fois, « con la scusa del Covid » 2 fois et « con la scusa del Coronavirus » 1 fois, mais nous avons décidé de les regrouper, puisque ces trois termes peuvent être considérés comme des synonymes dans ce contexte.

[15] Mot-valise formé de « pandémie » et « démocratie ». « Ormai siamo in #pandemocrazia dove tutto è giustificato in nome dalla pandemia. neanche Orwell sarebbe riuscito a descrivere quello che sta accadendo! », tweet de Antonio Rinaldi (@Rinaldi_euro) du 11.07.2020.

[16] « MES APPROVATO : DITTATURA NEL NOME DEL VIRUS. Non ci sono gli Eurobond che voleva Conte ma c’è il MES, una drammatica ipoteca sul futuro, sul lavoro e sul risparmio dei nostri figli. 1/3) », tweet de Matteo Salvini (@matteosalvinimi) du 09.04.2020.

[17] « Que le Covid ne soit pas un alibi visant à limiter ce droit fondamental pour toute démocratie. La Ligue, comme toujours, sera en première ligne pour garantir que toutes les parties concernées puissent continuer à s’exprimer librement. #Ansa 2/2) ».

[18] On parle d’Union Européenne dans 91 tweets dans le corpus italien et dans 60 tweets dans le corpus français.

[19] « ‼‼ #CORONAVIRUS / J’ai beaucoup à redire sur ce modèle d’Europe. Une Europe qui n’arrive pas à se coordonner sur des faits aussi graves que le coronavirus est une Europe qui n’existe pas. J’en ai parlé ce matin à @storie_italiane su @RaiUno. #COVID2019 ».

[20] « #CORONAVIRUS / Quand on demandait l’isolement fiduciaire pour tous ceux qui rentraient des zones où le virus circule activement, on a été traité de racistes. Mais maintenant ce n’est pas le moment des polémiques. Vous trouvez mon interview à @RadioRadioWeb au lien ».

[21] « #CORONAVIRUS / Depuis le début de l’émergence, en Vénétie, on a augmenté les lits de soins intensifs et sub-intensifs, pour les garder à disposition en cas de nécessité. Voilà comment fonctionne le nouveau service à Jesolo. #Covid_19 #COVID2019 ».

[22] « Le gouvernement suspend des vols en provenance de certains pays “risque Covid” mais continue de laisser débarquer des milliers de clandestins, pour la plupart malades et porteurs du virus. Complices ou incapables ?? ».

[23] Tweet de Jordan Bardella @J_Bardella) du 25.03.2020. Texte entier : « Derrière cette crise sanitaire, il y a l’échec de la mondialisation sauvage et du modèle économique basé sur l’ouverture totale des frontières. Nous sommes aujourd’hui gravement dépendants de pays étrangers, et très vulnérables ! #ConfinementJour9 #Covid19 #LaMatinale https://twitter.com/i/status/1242775119191330816 ».


Per citare questo articolo:

Carole CONTI, « Le Rassemblement National et la Ligue face à la Covid-19 » , Repères DoRiF, n. 24 – Constellations discursives en temps de pandémie, DoRiF Università, Roma luglio 2021, https://www.dorif.it/reperes/carole-conti-le-rassemblement-national-et-la-ligue-face-a-la-covid-19/

ISSN 2281-3020

 

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