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Chiara PREITE

Le Gouvernement français face à la crise de Covid-19 : Stratégies discursives de la communication institutionnelle et scientifique dans Informations coronavirus

 

 

 

Chiara Preite
Università di Modena e Reggio Emilia
chiara.preite@unimore.it


 

Abstract

The French government’s website comprises a section devoted to the coronavirus information, by which institutions respond to their social responsibility towards citizens. This site brings to the attention of users not only recommendations relating to the health and medical situation, but also the repercussions of (the fight against) the pandemic on citizens themselves as well as the precautions to be taken. After two years of pandemic, what communication strategies government institutions put in place to inform citizens? It’s not just a question of engaging them in effective communication, but also of winning and maintaining their trust. The site borrows its credibility from the scientific authorities and tries to weave an enunciative framework that brings together and engages the enunciator (the government itself) and its addressee (citizens). We will therefore examine the strategies by which the writer of the texts highlights the authority of his sources and builds a relationship with his interlocutor.

 

Résumé

Le site du Gouvernement français inclut une section consacrée aux Informations coronavirus, par laquelle les institutions répondent à leur responsabilité sociale à l’égard des citoyens, rédigée afin de porter à la connaissance des usagers non seulement les recommandations liées à la situation sanitaire et médicale, mais aussi les retombées de (la lutte contre) la pandémie sur les citoyens eux-mêmes ainsi que les précautions à assumer. Après deux ans de pandémie, quelles sont les stratégies communicatives mises en place par les institutions gouvernementales afin d’informer les citoyens ? Il ne s’agit pas seulement d’engager les citoyens dans une communication efficace, mais aussi de remporter et de maintenir leur confiance. Le site emprunte sa crédibilité aux autorités scientifiques et essaie de tisser un cadre énonciatif rapprochant et engageant l’énonciateur (le gouvernement lui-même) et son destinataire (le citoyen). Par conséquent, nous nous proposons d’examiner les stratégies par lesquelles le rédacteur des textes met en avant l’autorité de ses sources et construit un rapport avec son interlocuteur.


 

1. Une crise dans les crises

Selon Frandsen et Johansen (2017 : 17), nous vivons désormais dans une société en crise (« crisis society ») : le concept de crise sature en effet le discours public et provoque l’exigence de transmettre aux citoyens un flux d’informations ample et varié. À tous les niveaux de la société, on discute désormais de crise environnementale et climatique, de crise économique et financière, du crédit et du débit, migratoire, alimentaire, etc. sans oublier, bien évidemment, la crise pandémique et sanitaire mondiale – qui s’est insérée dans un contexte déjà profondément critique et a entamé plus que jamais la confiance envers la politique, les institutions, jusqu’à la capacité de reconnaître et d’accepter la légitimité et la crédibilité de l’autorité (OGER 2021), l’expertise scientifique et professionnelle (VICARI 2021) et, par conséquent, la réalité factuelle et la vérité scientifique (CHARAUDEAU 2020).

Comme l’observe Wahnich (2022 : 5) :

Une crise surgit quand les membres d’une société donnée ont le sentiment que les valeurs qui sont au fondement de leur système sont menacées […]. Une perturbation profonde des modes de vie ordinaires se produit. La menace génère un sens de l’urgence (souvent socialement construite plutôt qu’inhérente à la situation), et un sentiment de grande incertitude – on ne sait jusqu’à quel point la menace est grave et vers quoi elle mène.

Il est indéniable que la crise pandémique[1] a nourri tous ces aspects : de la perturbation profonde des modes de vie (le confinement, les gestes barrière, le port du masque, la distanciation physique, etc.) aux sentiments d’urgence et d’incertitude (le nombre de morts, les difficultés des hôpitaux, l’incertitude des soins, etc.), en passant par des restrictions radicales à la liberté et aux droits de l’homme.

Cependant, le concept de crise s’affirme aussi en termes d’aménagement de crise, car la succession de plusieurs situations critiques en provoque également la banalisation et la normalisation, voire la chronicisation (De Michelis et al. 2022 : 19), ce qui sollicite la capacité de les gérer, de les affronter et de les contrer.

Par conséquent, une crise (dans des crises) nécessite une communication institutionnelle à plusieurs niveaux, adressée par les autorités à un public vaste et hétérogène dont les moyens et les besoins ne sont pas les mêmes : « [i]l incombe alors aux gouvernants de limiter le désordre et la désorientation ainsi produits et de rétablir, voire de renforcer, la confiance dans leurs capacités de dirigeants et dans les institutions au sein desquelles ils agissent » (Wahnich 2022 : 5).

En effet, comme l’a souligné Wodak (2022 : 67), tous les gouvernements ont dû adopter des modes de communication aptes à informer et à « persuader les gens de respecter les diverses mesures destinées à contrer la propagation du virus, et réduire de la sorte les craintes et les incertitudes ».

2. La crise dans Informations coronavirus

C’est dans cette optique d’aménagement de crise et de tentative de renforcement de la confiance envers les institutions et le savoir scientifique que nous nous proposons d’étudier la communication institutionnelle et scientifique (« science communication », également déclinée en termes de « health communication » ; cf. Hohaus 2022 : 1, 7) du Gouvernement français pour le citoyen autour de la Covid-19. Et cela en nous plaçant dans un sillon tracé désormais de manière profonde par un foisonnement de recherches qui étudient sous plusieurs angles le(s) discours (et les termes) qui se sont multipliés autour du nouveau coronavirus, y compris de la part des institutions[2]. Il ne s’agit pas seulement d’un évènement historique, social, sanitaire et scientifique sans précédents, mais aussi d’un moment discursif[3] (Moirand 2007) ayant atteint un pic mémorable, à tel point que Lerat (2021 : 144) a pu affirmer que « ce qui était affaire de professionnels de la santé est devenu en partie expertise partagée ».

2.1. Le corpus d’étude

Puisque nous ne vivons pas seulement à l’ère de la Covid-19, mais aussi à celle du web, c’est également par le biais des environnements numériques que le(s) Gouvernement(s) essaye(nt) d’insérer dans le flux infodémique une communication utile et efficace contre l’invasion de contenus dysfonctionnels[4]. Ainsi, notre corpus d’étude se compose d’une quarantaine d’articles (pour un total de 42.285 mots)[5] publiés dans les premiers mois de l’année 2021 dans la section Informations coronavirus du site officiel du gouvernement français (cf. Figure 1), auquel nous ajoutons des références ponctuelles à des pages plus récentes du site, consultées en septembre 2022 et en mai 2023, après la fin de l’état d’urgence sanitaire. Dans les pages qui suivent, nous allons proposer une analyse qualitative offrant quelques exemples saillants qui illustrent les tendances relevées.

Figure 1 : Page d’accueil du site https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus

Quand la pandémie battait son plein, le gouvernement français (comme les autres gouvernements frappés) a introduit dans son site officiel le volet Informations Coronavirus avec l’objectif de communiquer aux citoyens les mesures nécessaires afin d’essayer d’aménager et contrer la crise. Par les articles publiés dans les onglets de cette section – Informations officielles, Comprendre la Covid-19, Ressources à partager, TousAntiCovid, Pass sanitaire, Déplacements, Vaccins, Questions/Réponses – le site porte à la connaissance des usagers non seulement les informations et les recommandations liées à la situation sanitaire et médicale, mais aussi les retombées (juridiques) de (la lutte contre) la diffusion du virus sur les citoyens eux-mêmes, ainsi que les consignes à respecter, les précautions à assumer, les mesures de protection, la vaccination, les règlements concernant les déplacements, etc. En effet, l’émergence sanitaire a provoqué un grand nombre de changements[6] nécessaires dans la vie quotidienne de tout le monde, qu’il fallait communiquer de manière correcte et par des voies officielles et fiables.

Puisque la cible visée est un public très large et hétérogène (toute la population), il est possible de reconnaître ces articles comme des communications publiques à double[7] visée de vulgarisation : à la fois scientifique-sanitaire, pour ce qui est en particulier des titres Comprendre le Covid-19 et Vaccins – qui expliquent les caractéristiques du virus et promeuvent la connaissance de la maladie et du vaccin –, et juridique-institutionnelle quant aux autres onglets qui informent sur les mesures restrictives et leurs changements, les droits et les devoirs de la population pendant le confinement, les limitations à la liberté individuelle, etc. (dont les sources officielles sont les décrets, arrêtés et ordonnances émanés pendant la pandémie). L’accent se déplace donc vers les instructions offertes afin de contrer la contagion, de se protéger et, en même temps, de protéger la population.

Tous les onglets partagent l’exigence d’attirer l’attention du lecteur en instaurant avec lui une sorte de dialogue apte à dépasser sa méfiance à l’égard du droit et des institutions, et dans ce cas particulier aussi à l’égard de la vérité scientifique et des experts, politiques et scientifiques, qui prenaient tour à tour la parole dans un battage médiatique incessant (et souvent en contradiction ouverte, car la science procède par tentatives et erreurs avant d’arriver à des certitudes). Pour le dire avec Pennec (2021 : 12, 25)[8], « cette communication de crise, afin d’être reçue de la façon la plus efficace, requiert l’adhésion de la population » parce que le message ne doit pas seulement être transmis « mais également adopté dans son principe ». En d’autres mots, l’objectif est de « gagner la confiance des co-énonciateurs et les amener à adopter l’attitude souhaitée ».

2.2. Les questions d’étude

Après deux ans de pandémie, nous nous sommes demandée plus précisément quelles ont été les stratégies de communication scientifique et juridique-institutionnelle (selon la dichotomie proposée ci-dessus) mises en place dans le contexte décrit par le gouvernement français, dans les pages du site Informations coronavirus afin de :

  1. communiquer avec les citoyens en tant que source légitime et véridique d’informations ;
  2. inviter (et persuader) les citoyens à suivre les mesures de sécurité proposées, notamment pour ce qui est des vaccins[9] qui ont provoqué nombre de réactions contraires et méfiantes, de fake news et de complotismes ;
  3. rétablir la confiance envers la vérité scientifique et l’expertise, sanitaire aussi bien que politique, de la part de ces mêmes citoyens découragés par le prolongement de la situation et submergés par un véritable battage infodémique.

Pour des raisons d’espace, il n’est pas possible d’étudier tous les éléments stratégiques adoptés. Nous allons donc nous concentrer sur la construction d’une interaction différée entre le(s) rédacteur(s) du volet Informations coronavirus du gouvernement et la population, à savoir sur une structuration dialogique qui nous semble constituer un socle pour l’efficacité de la transmission des informations scientifiques et institutionnelles autour du Coronavirus.

3. Le dialogisme dans Informations coronavirus

Notre questionnement (cf. 2.2) peut être envisagé en termes d’hétérogénéité énonciative[10], de mise en fonctionnement d’un dialogisme interlocutif, apte à engager et à rassurer le citoyen, par le biais de certaines stratégies ayant trait à une dimension interdiscursive (BRES, NOWAKOWSKA 2005, BRES et al. 2005, BRES et al. 2012), laquelle renvoie non seulement aux discours empruntés aux experts scientifiques, mais aussi aux autorités et à leur légitimité institutionnelle préalable.

En effet, d’une part, l’altérité du système scientifique et juridique-institutionnel est exprimée et médiée en forme de dialogisme interdiscursif : les articles du site empruntent leur crédibilité aux autorités institutionnelles et scientifiques (nationales, comme par exemple le « Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale », et internationales, comme l’OMS). D’autre part, l’altérité du citoyen cible se manifeste dans la mise en scène du dialogisme interlocutif : dans les articles on essaie de tisser un cadre énonciatif rapprochant et engageant l’énonciateur (le gouvernement lui-même) et son destinataire (la population), dans un discours qui devient à la fois interactif et performatif.

3.1. Le dialogisme interdiscursif : autorité impersonnelle et autorité experte

Selon nos observations, le dialogisme interdiscursif du corpus sélectionné est fondé essentiellement sur ce que Wodak (2022 : 69) appelle « autorité impersonnelle : issue de lois, de politiques, de règlements » et « autorité experte : expertise académique, scientifique ou autre type d’expertise crédible ». Avant d’en illustrer les réalisations, il convient de préciser qu’une analyse du corpus outillée par AntConc[11] a permis de mettre en relief le fait que la plupart des mots et termes reliés à la pandémie apparaissent plus fréquemment dans des contextes de nature juridique et informative – ayant donc trait à l’autorité impersonnelle – que dans des contextes de nature scientifique – liés à l’autorité experte.

3.1.1. L’autorité impersonnelle

Pour ce qui est de l’autorité impersonnelle, le législateur est l’auteur du discours-source qui trouve son expression institutionnelle dans le code de la santé publique relatif à l’état d’urgence sanitaire et dans tous les décrets concernant le régime de gestion de la crise sanitaire. Ces textes sont donc la source incontournable, bien que reformulée et simplifiée, à laquelle les articles du volet Informations Coronavirus font référence plus ou moins explicitement. Mais le code de la santé publique n’est pas la seule source de référence.

Parmi les sources institutionnelles convoquées, il est possible de considérer les renvois hypertextuels (cf. Figure 2) aux allocutions officielles du Président de la République, Emmanuel Macron, et du Premier Ministre, Jean Castex. Les élus[12] incarnent en effet la légitimité institutionnelle par excellence et leurs discours sont prononcés afin de rassurer et guider la population.

Figure 2 : https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/ressources-a-partager#section-b1430

D’autres renvois hypertextuels conduisent au site du ministère de la Santé et des Préventions, pour retrouver les règles d’isolement en vigueur :

Figure 3 : https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/ressources-a-partager

ainsi qu’à d’autres instances impliquées, comme l’Assurance maladie :

Figure 4 : https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/comprendre-la-covid-19#les_symptomes

3.1.2. L’autorité experte

Pour ce qui est de l’autorité experte, le processus de crédibilisation est fondé sur l’expertise académique ou scientifique tour à tour convoquée par les rédacteurs du site, qui essayent de tisser par cet intermédiaire un rapport de confiance avec les citoyens. Comme dans le cas de l’autorité institutionnelle, l’autorité experte a, elle aussi, sa source scientifique primaire, à savoir l’OMS – Organisation Mondiale de la Santé.

Figure 5 : https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/comprendre-la-covid-19

Un renvoi hypertextuel à son site est offert pour toute information fiable nécessaire à la compréhension et à la connaissance du virus et de la maladie :

Figure 6 : https://www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/advice-for-public

Cependant, de la place est assurée aussi à d’autres experts nationaux quand il s’agit d’expliquer au grand public des informations scientifiques, comme c’est le cas, par exemple, de la vidéo du Professeur d’immunologie, Alain Fischer, qui introduit la question de l’importance des vaccins.

Figure 7 : https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/vaccins

Comme le montre la capture d’écran (Figure 7), en plus de la vidéo, le site propose des approfondissements en forme d’hyperliens cliquables à propos des vaccins à ARN messager, à adénovirus et à d’autres informations. En cliquant sur les boutons proposés, l’usager est conduit vers des hypertextes qui montrent des infographies, soit des explications scientifiques simplifiées et accompagnées d’illustrations (stratégie typique de la dimension scripto-visuelle de la vulgarisation scientifique et qui participe de la construction d’un discours multimodal efficace et captivant ; cf. JACOBI 1987). Le bouton « Le fonctionnement des vaccins à ARN messager » permet de découvrir 10 illustrations, dont nous ne rapportons que la première à titre d’exemple.

Figure 8 : https://www.gouvernement.fr/actualite/le-fonctionnement-d-un-vaccin-a-arn-messager

3.2. Le dialogisme interlocutif : questions / réponses et embrayeurs personnels

Le dialogisme interdiscursif nous semble être réalisé essentiellement par deux stratégies : 1) le recours à la structure questions / réponses, elle aussi typique de la vulgarisation scientifique (et des séquences prototypiques explicatives, en général) ; 2) le recours aux embrayeurs personnels.

3.2.1. La structure questions / réponses

La question est souvent placée comme titre de paragraphe et annonce le sujet qui sera présenté afin d’anticiper sur les questions possibles du lecteur, mais aussi afin de créer de l’attente sur la réponse compétente que donnera le rédacteur dans le développement suivant. Dans une sorte de dédoublement énonciatif fortement dialogique et orienté vers le lecteur, le rédacteur prévoit les questions que le citoyen pourrait avancer et anticipe les explications par la paraphrase des textes auxquels il fait référence, assurant également au texte une forte cohésion.

Remarquons que si l’onglet Questions / Réponses (cf. Figures 9 et 10 pour un échantillon) explicite cette structure, celle-ci est exploitée également dans d’autres sections (cf. Figure 11, onglet Ressources à partager).

Figure 9 : https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/questions-reponses

 

Figure 10 : https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/questions-reponses#tap

Figure 11 : https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/ressources-a-partager

3.2.2. Les embrayeurs personnels

L’allusion au travail et à l’effort « communautaire » à accomplir pour faire face à la pandémie est réalisé fréquemment par une deixis personnelle particulière, construite avec des embrayeurs à première personne du singulier, qui engage la responsabilité individuelle des lecteurs (par exemple : « je suis positif au Covid-19, que dois-je faire ? »), et du pluriel, qui facilite le partage non seulement des savoirs, mais aussi – et dans ce cas surtout – des responsabilités dans une sorte d’identification collective nationale (par exemple, « maintenons les gestes barrière ») recherchée explicitement par des appels continus à la responsabilité individuelle et à l’unité nationale.

L’onglet TousAntiCovid (Figure 12) évoque dans le nom de l’App elle-même cette nécessité d’identification collective, qui rallie le « je » à « Tous » : « je me protège, je protège les autres »[13], dans le souci du bien général.

De plus, dans un contexte critique, qui isole l’individu, identifié par l’embrayeur « je », l’identification à un groupe et la mise en relief de l’appartenance à un « nous » contribuent à la construction d’une « connotation euphorique »[14] encourageant le dépassement d’une situation critique.

Il paraît donc que la légitimation des discours tenus par les institutions dans les pages du site passe essentiellement par l’appel à la morale partagée qui exige que les citoyens agissent faisant front commun, « selon les normes de solidarités qui sont un élément de cohésion nécessaire dans notre société » (WODAK 2022 : 70).

Figure 12 : https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/tousanticovid#ressources_utiles_

Nous avons fait mention d’une deixis personnelle « particulière », parce que l’emploi des embrayeurs de la première personne que nous relevons dans ce corpus ne coïncide ni avec un « je » qui mettrait en avant ses prérogatives (AMOSSY 2022 : 40), ni avec un « nous » exclusif par lequel s’identifieraient les instances institutionnelles en opposition à un « vous » auquel elles s’adressent dans leurs communications. En fait, un autre site institutionnel, celui du Ministère de la Justice (http://www.vos-droits.justice.gouv.fr) appuie son dialogisme interdiscursif sur la prédominance des pronoms de la deuxième personne « vous », « votre », « vos » (PREITE 2018), alors que le présent corpus montre la priorité donnée à « je » / « nous » (véhiculant de la sorte une idée collective de communauté) par rapport à « vous »[15] (lequel d’ailleurs n’est pas complètement absent ; cf. Figure 13) :

Figure 13 : https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/vaccins

3.2.3. L’entrelacement interdiscursif et interlocutif

Pour terminer, nous voulons enfin souligner que les formes de dialogisme interdiscursif et interlocutif s’entremêlent dans les pages du corpus étudié. Nous pouvons faire encore une fois référence à la Figure 11 (cf. § 3.2.1.) pour montrer l’entrelacement des deux plans. Si l’appel à l’interdiscours est déclenché par une question posée, à l’aide – soulignons-le – d’un embrayeur personnel à la première personne du singulier (cf. § 3.2.2. ; « Quel test en fonction de ma situation »), la réponse est déférée à l’autorité du Ministère de la Santé et de la Prévention, qui offre une page[16] clairement interlocutive, à structure questions / réponses (Figure 14).

Figure 14 : https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-infectieuses/coronavirus/tout-savoir-sur-le-covid-19/article/les-tests-de-depistage-du-covid-19

Conclusions

Après cet excursus purement qualitatif, il ressort que les stratégies qui composent le socle principal de la communication des Informations coronavirus du site officiel du gouvernement français construisent une dimension discursive intrinsèquement dialogique. Le(s) rédacteur(s) des textes met(tent) doublement en scène les sources du droit et de la science médicale impliquées, en s’affirmant comme source légitime et véridique d’informations à la fois institutionnelles et scientifiques, dans la tentative non seulement de convaincre les citoyens – faisant appel au sens moral de responsabilité, mais aussi aux répercussions pécuniaires éventuelles en cas de « désobéissance » – à suivre les mesures de sécurité proposées, mais aussi de rétablir un certain degré de confiance envers l’autorité, la vérité scientifique et l’expertise sanitaires et politiques.

Comme nous avons pu l’observer, le site (tel qu’il se présentait en 2021) fonde sa légitimation sur une dimension énonciative hétérogène, qui met en avant un dialogisme interdiscursif axé sur deux plans, coïncidant avec les deux autorités mises en jeu : scientifique et institutionnelle. Ainsi, l’interdiscours convoque, d’une part, l’autorité impersonnelle (allocutions présidentielles, lois, décrets, institutions politiques et gouvernementales, etc.) – laquelle, rappelons-le (cf. § 3.1), représente la plupart des contextes mis en discours – et, de l’autre, l’autorité experte (OMS, Ministère de la Santé, expertises académiques et scientifiques, etc. ; WODAK 2022).

Toutefois, pour que le citoyen s’intéresse (et adhère) aux discours institutionnels et scientifiques en temps de crise – et surtout d’infodémie –, il est également nécessaire d’attirer et de maintenir son attention, en instaurant avec lui une communication, un contact apte à dépasser sa méfiance à l’égard de l’autorité institutionnelle et, dans cette conjoncture si particulière, de l’autorité scientifique aussi, de plus en plus mise en discussion (parce qu’il ne faut pas oublier, comme nous l’avons dit, que la plupart des articles contenus dans le site penchent plutôt vers le juridique que vers le scientifique). Cet objectif est poursuivi par le recours à des stratégies attribuables au dialogisme interlocutif, comme la construction textuelle questions / réponses, qui captive l’attention du lecteur par la promesse d’une réponse fiable à suivre, mais aussi par l’emploi d’embrayeurs capables de construire une deixis particulière, qui fait appel à l’appartenance du je, lequel se rend responsable aussi pour la collectivité : le nous s’identifie aux autres, dans une inclusion qui conduit à la protection et à la sauvegarde de Tous.

Le corpus étant plutôt riche, malgré son volume réduit, il offre d’autres pistes à creuser dans l’avenir, comme par exemple, un examen détaillé des stratégies d’hétérogénéité constitutive et montrée (AUTHIER 1982) exploitées dans Information Coronavirus (discours rapporté direct et indirect, modalisation en discours second et formes hybrides), ou des formes autodialogiques que nous avons négligées ici, sans oublier des études terminologiques qui pourraient être approfondies dans plusieurs directions comme, entre autres, la variation, la nomination et la définition.

 

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[1] Sur le lien entre crise et pandémie, cf. aussi Trompenaars, Hampden-Turner (2021).

[2] Cf., entre autres, Altmanova et al. (2022), Favart, Silletti (2021), González Luna et al. (2022), Malagnini (2020), Paganoni, Osiejewicz (2022), Pennec (2021), Pollicino, Zanot (2021), Scaglioni, Sala (2020), etc. Remarquons que bon nombre d’ouvrages publiés sur le sujet font référence à d’autres genres de discours : allocutions présidentielles, discours télévisés, presse journalistique, etc.

[3] Nous avons assisté à un moment discursif prolongé et varié, mais toujours centré sur la pandémie : de la découverte du virus et de la maladie, aux stratégies pour l’éviter et aux gestes barrière, de la découverte, à la production et à la distribution du vaccin, jusqu’aux polémiques déclenchées contre ce dernier.

[4] La période de pandémie, avec tous ses bouleversements, est traversée par un flux constant d’intox et de fake news, une véritable infodémie greffée sur le sensationnalisme et la spectacularisation recherchés par les médias. Ce mot valise a été forgé par l’OMS précisément pour désigner la production massive d’informations souvent fausses sur la Covid-19 : www.who.int/fr/news/item/23-09-2020-managing-the-covid-19-infodemic-promoting-healthy-behaviours-and-mitigating-the-harm-from-misinformation-anddisinformation.

[5] Ce corpus – dont nous ne retenons ici que la partie française – a été recueilli dans le cadre du projet multilingue CAP (Communication Académique et Professionnelle), développé au sein du Département d’Études Linguistiques et Culturelles de l’Université de Modène et Reggio d’Émilie. Tous les articles qui étaient présents dans la section Informations coronavirus au mois d’avril 2021 ont fait l’objet de l’extraction et de la modélisation de la part de Ilaria Cennamo, collaboratrice chargée à l’époque de la construction du corpus.

[6] Changements rendus évidents par la suspension du droit commun et la promulgation de la partie du code de la santé publique relative à l’état d’urgence sanitaire et au régime de gestion de la crise sanitaire, désormais abrogées : « La loi mettant fin aux régimes d’exception créés pour lutter contre l’épidémie liée au Covid-19 a été promulguée le 31 juillet 2022, après sa validation intégrale par le Conseil Constitutionnel. Le texte met notamment fin au ‘pass sanitaire’, et abroge formellement, à compter du 1er août, la partie du code de la santé publique relative à l’état d’urgence sanitaire ainsi que le régime de gestion de la crise sanitaire, marquant le retour au droit commun » (Informations officielles : consulté le 27-09-2022).

[7] Dans une étude sur les FAQs contenues dans les sites des gouvernements italien et britannique, Peruzzo (2022 : 64) relève la même distinction entre « two broad categories of FAQs available on institutional websites. The first category […] contains FAQs related to health issues […]. The second category […] contains FAQs providing legal rather than medical guidance ».

[8] Pennec (2021) étudie, depuis plusieurs points de vue – linguistique, pragmatique, rhétorique, énonciatif, etc. –, un corpus de presse journalistique et un corpus politique composé d’allocutions prononcées par le Président de la République française, Emmanuel Macron, et le Premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson.

[9] La question des vaccins (et de la persuasion à se vacciner) est tellement délicate que des études y sont consacrées. Cf. entre autres, quelques articles contenus dans Bonnet et al. (2022), Hohaus (2022), Pollicino, Zanot (2021), etc.

[10] Authier (cf., entre autres, 1984, 2020) part de la distinction bakhtinienne entre dialogisme interdiscursif, orienté vers le passé, et dialogisme interlocutif, orienté vers l’avenir, également reprise par Bres et Novakowska (2005 : 139) qui précisent aussi celle d’auto-dialogisme (ou dialogisme intralocutif) : « le locuteur, dans sa saisie d’un objet, rencontre les discours précédemment tenus par d’autres sur ce même objet, discours avec lesquels il ne peut manquer d’entrer en interaction ; le locuteur s’adresse à un interlocuteur sur la compréhension-réponse duquel il ne cesse d’anticiper ; le locuteur est son premier interlocuteur dans le processus de l’auto-réception. On parle de dialogisme interdiscursif, pour le premier type d’interaction ; de dialogisme interlocutif pour le second ; d’autodialogisme pour le troisième. Cette triple interaction se manifeste, au niveau du discours produit, comme dialogisation intérieure ».
En d’autres termes, chaque énoncé pourrait donc être considéré : au niveau interdiscursif comme connecté à d’autres énoncés précédents et successifs sur le même sujet ; au niveau interlocutif comme inséré dans une interaction avec l’interlocuteur ou le lecteur ; au niveau intralocutif comme lié aux énoncés appartenant à la même réalisation discursive.

[11] Ce résultat est issu d’une analyse conduite sur le même corpus par Margherita Baroni dans son mémoire de maîtrise (Analyse terminologique de l’informative institutionnelle française relative à la Covid-19, https://morethesis.unimore.it/theses/available/etd-11212022-131020/).

[12] Plusieurs ouvrages sont (partiellement) consacrés aux prises de parole des Présidents des nations frappées par la Covid-19. Cf. par exemple, Malagnini (2020) ; Pennec (2021) ; Scaglioni, Sala (2020) ; Wodak (2021, 2022).

[13] Un slogan semblable, « Tutela te, proteggi gli altri » (nous soulignons ; CARELLI, VITTADINI, 2020 : ebook) est employé dans la campagne de la Région Lombardie, la plus frappée par la pandémie en Italie, à quelques différences près : le pronom à la deuxième personne du singulier « tu » remplace le « je » (cf. aussi la note 15) mais les référents et la visée demeurent les mêmes.

[14] Concept lié à la sémiotique de la publicité (cf. VOLLI 2008), que Bortoletto (2020) rapporte à la communication en temps de pandémie.

[15] Des études italiennes ont aussi montré des choix particuliers quant à la deixis personnelle : le langage publicitaire (BORTOLETTO 2020) aussi bien que les posts Facebook institutionnels (DELLE CHIAIE 2020) de la première phase de la pandémie, pendant le confinement, montrent la prédominance de la deuxième personne (« voi ») mais surtout de la première personne du pluriel (« noi ») et du singulier (« io »). Encore, à la différence de la communication institutionnelle des sites gouvernementaux français, la communication institutionnelle italienne ne néglige pas non plus la deuxième personne du singulier (« tu ») lorsqu’il s’agit de prescrire les comportements à suivre pour faire face à la pandémie (BORTOLETTO 2020 : 23).

[16] Encore accessible en juin 2023.

 


Per citare questo articolo:

Chiara PREITE, « Le Gouvernement français face à la crise de Covid-19 : Stratégies discursives de la communication institutionnelle et scientifique dans Informations coronavirus », Repères DoRiF, n. 29 – Discours autour de la pandémie : configurations interdiscursives et diatopiques d’un fait de crise en évolution, DoRiF Università, Roma, aprile 2024, https://www.dorif.it/reperes/chiara-preite-le-gouvernement-francais-face-a-la-crise-de-covid-19-strategies-discursives-de-la-communication-institutionnelle-et-scientifique-dans-informations-coronavirus/

ISSN 2281-3020

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