Françoise Favart

Introduction

 

Rien ne laissait envisager en décembre 2019, quand nous avons commencé à entendre parler d’un virus qui inquiétait la Chine, que la COVID-19 allait déferler dans le monde entier, s’élevant ainsi au rang de pandémie. Si ce déferlement viral, à l’origine de situations de crise, a mis sous pression les gouvernements de la majorité des États et profondément modifié nos modes de vie, il a également affecté de manière significative la sphère du discours et en particulier celle du discours médiatique.

La pandémie que nous connaissons aujourd’hui n’est certes pas la première qui bouleverse nos sociétés. Il suffit de penser à la grippe espagnole qui, entre avril 1918 et avril 1919, provoqua jusqu’à 50 millions de morts (SPINNEY 2018). Toutefois, la médiatisation que connaît la crise sanitaire actuelle se caractérise par une multiplicité et une variété d’espaces discursifs auxquels on n’aurait pu prétendre au siècle dernier. Qu’il s’agisse de la presse écrite, de la télévision ou du web : réseaux sociaux, sites personnels, etc., les propos sur le coronavirus sont omniprésents.

Au fur et à mesure que la crise sanitaire s’est développée, il a ainsi été possible de voir se dessiner des tendances communes au sein de l’activité discursive. D’une part, nous avons observé que tous semblent légitimés à s’exprimer sur la COVID-19. De l’autre, le besoin constant d’une composante scientifique qui se traduit par la convocation de propos d’experts, voire pseudo-experts, ou par leur présence dans les médias. Une stratégie qui vise à renforcer et à légitimer la parole d’énonciateurs qui ne peuvent revendiquer une appartenance à la sphère scientifique. Cette « mise en scène » de la science peut alors être portée par des acteurs provenant d’horizons divers tels les journalistes ou les politiciens. De fait, la parole scientifique est susceptible d’acquérir une coloration politique qui lui permet par conséquent de bénéficier d’un traitement médiatique (MOIRAND 2004). On remarque ainsi que des liens se tissent entre les domaines scientifique, médiatique et politique où la science se comporte à la fois comme un élément de cohésion et de légitimation.

Dans une optique qui s’appuie sur l’analyse du discours de tradition française (AMOSSY 2010, CHAURAUDEAU 2011, MAINGUENEAU 2004, MOIRAND 2004, etc.), ce numéro de revue s’interroge sur les constellations discursives qui ont vu le jour avec l’arrivée de la COVID-19. Ce premier volet[1] porte essentiellement sur le contexte français lors de la pandémie, sans exclure cependant des réflexions provenant d’autres pays tels que le Brésil, l’Italie et la Suède. Les recherches que nous proposons ici s’inscrivent dans deux filons majeurs :

  1. Les discours sur la COVID-19 dans la presse et de manière générale dans les médias,
  2. La COVID-19 dans les discours politiques.

Deux orientations que nous distinguons dans l’organisation pratique du volume mais qui se nourrissent l’une l’autre au plan des idées. De fait, comme nous l’avons souligné précédemment, science, politique et médias peuvent difficilement être envisagés comme des espaces « cloisonnés », dès lors qu’on étudie le discours en temps de COVID-19. De plus, il n’est plus à démontrer que la communication des politiciens s’opère aujourd’hui largement par le biais des médias sociaux, augmentant ainsi leur impact scénique dans la sphère du discours (DADER 2012 : 15). De multiples convergences peuvent par conséquent apparaître entre les deux filons que nous avons identifiés.

1. Le discours médiatique à la lumière de la COVID-19

 

La situation de crise sanitaire à laquelle nous sommes confrontés montre bien que le discours ne peut être dissocié de son contexte ou de l’environnement physique de l’énonciation au sens où le définit Dominique Maingueneau (2004 : 1-13). Plus encore quand ces discours sont le fait d’une crise[2] qui perdure dans le temps, passe par différents instants discursifs (découverte du virus, premières mesures, confinements, campagnes vaccinales, etc.) et implique tous les acteurs de notre société. L’analyse du discours fournit alors des éclairages sur les discours sociaux qui sont à leur tour les reflets d’une époque (ANGENOT 2014), et de l’histoire qui est en train de s’écrire (MOIRAND 2018). L’analyse du discours offre ainsi un terrain privilégié pour comprendre les facteurs explicatifs d’une scène journalistique énonciative et le contexte socio-culturel auquel elle renvoie.

1.1. Entre « petits corpus » et instants discursifs

C’est à travers l’étude de « petits corpus » successifs, qui couvrent une temporalité relativement longue, que Sophie Moirand étudie, dans son essai, l’actualisation de la pandémie dans les médias français (écrits d’écran de chaînes d’information en continu, controverses « représentées » dans la presse quotidienne et hebdomadaire, « récits médiatiques » traduits de la presse étrangère). Sa réflexion porte premièrement sur « le sens » que le discours donne aux mots et aux chiffres dans leurs cotextes et leurs contextes au fil de l’actualité. Elle s’interroge ensuite sur le « sens social » que le discours médiatique élabore autour de cette pandémie mais ce sont surtout la forme et le sens des récits d’information qui sont au cœur de ses observations. Elle s’intéresse en particulier à la reconfiguration du thème de la confiance : mise en cause de la politique de l’État et de ses institutions, défiance ou méfiance des citoyens ordinaires mais aussi des partis politiques traditionnels. L’article revient également sur les représentations de la controverse dans la presse et sur les différentes formes langagières de cette énonciation plurielle qui participe à l’angoisse et génère des réactions de défiance à l’égard du pouvoir en place. La partie finale de la contribution repose sur des citations empruntées à des journaux de pays étrangers, dont la Suisse et l’Italie pour s’interroger sur le fonctionnement des démocraties à travers ce « récit d’information » particulier que sont les revues de presse internationale.

1.2. Crise sanitaire et représentation sociale

C’est à la sphère des représentations sociales et d’une certaine manière à une comparaison implicite entre des gestions distinctes de la crise qu’est consacré l’article de Christophe Premat. Dans son étude, il analyse les évolutions de la référence à l’expression « modèle suédois » dans la presse française durant la pandémie. À travers une analyse qui repose sur un corpus de presse comprenant aussi bien des quotidiens que des hebdomadaires nationaux et régionaux, l’auteur s’interroge sur une possible évolution de la représentation du modèle suédois tel qu’il est donné à lire dans la presse française. Il cherche en particulier à comprendre si la crise sanitaire a remis en discussion la vision valorisante que la presse nationale donne habituellement de l’art de vivre suédois. C’est à travers le repérage de l’expression « modèle suédois » que l’auteur s’interroge sur une modification possible de cette représentation sociale de la Suède, dans l’Hexagone. Les résultats de l’étude mettent en avant une démarche plus nuancée de la part des journalistes français face à la pérennité de ce modèle scandinave tant valorisé. La pandémie de COVID-19 serait ainsi à l’origine du reformatage d’un imaginaire social.

2. Le discours politique face à la COVID-19

 

C’est au sein du vaste champ des discours qui circulent dans le monde social et qui eux-mêmes témoignent de ce que sont les univers de pensée et de valeurs qui s’imposent dans un temps historique donné (CHARADEAU 2002) que trouve sa place le discours politique. De manière plus spécifique, celui-ci est à entendre comme une pratique sociale qui se définit en premier lieu par un contrat de communication politique, par l’identité des acteurs de la scène politique, en particulier les différentes formes de légitimité et de crédibilité qui peuvent être attribuées à l’instance politique (CHARAUDEAU 2014 : 39). Il se caractérise en outre par une finalité discursive qui s’identifie essentiellement à la persuasion, à une forme d’agir sur l’autre et s’apparente à un processus d’influence qui vise à modifier l’état physique ou mental de son destinataire.

Dans ce numéro, l’analyse du discours politique, à tendance populiste, est prise en compte à travers des propos formulés par des politiciens de l’opposition française et italienne, pour montrer que l’objet sémiotique que constitue la pandémie de COVID-19 sert la cause de ces partis pour dévaloriser les gouvernements en place.

2.1. Le discours populiste en France, en période de crise sanitaire

À travers des approches différentes, Françoise Favart et Alida M. Silletti étudient les mises en paroles de la pandémie dans des énoncés produits par le Rassemblement National[3] et la France Insoumise.

En se basant sur un corpus constitué d’énoncés provenant du site officiel du RN et du blog de Jean-Luc Mélenchon, F. Favart s’intéresse aux stratégies argumentatives et discursives mises en place par ces deux factions politiques. Dans le but de mettre en lumière les procédés argumentatifs de type populiste récurrents dans le corpus, l’analyse s’appuie sur les quatre principales stratégies persuasives ou de manipulation décrites par P. Charaudeau : situation de crise ou victimisation, source du mal, exaltation de valeurs nationales et identification du sauveur (2011 : 106-112). L’étude montre alors que la situation de crise que connaît la France depuis mars 2020 favorise le rapprochement de partis, aux idéologies pourtant diverses, par le biais des stratégies argumentatives et des stratagèmes discursifs (recours au pathos, dévalorisation de l’adversaire et forte interdiscursivité) mis en œuvre.  L’auteure souligne en outre l’importance du contexte social qui, d’une part, favorise la production d’énoncés de type populiste ; de l’autre sert des enjeux pragmatiques qui dépassent largement la situation de crise.

Le RN est également au cœur de l’article d’Alida M. Silletti. Sa recherche repose sur un corpus constitué du Livre noir du coronavirus. Du fiasco à l’abîme (juillet 2020), une publication que ce parti dédie aux victimes de la pandémie et qui se présente comme la révélation d’une gestion catastrophique de la crise de la part du gouvernement français. Dans son étude, l’auteure convoque des notions d’analyse du discours politique et des notions de morphologie verbale. Les premières permettent de délimiter le positionnement du sujet parlant et l’effet de ses propos sur les destinataires des énoncés, alors que les secondes reposent sur l’étude de certains emplois du futur simple tant dans sa valeur temporelle que modale. L’analyse montre, qu’en relation au co(n)texte dans lequel elles s’inscrivent, ces formes verbales peuvent contribuer à renforcer les stratégies utilisées par les politiciens pour orienter l’électorat et révéler pleinement leurs visées manipulatoires.

2.2. Mise en relation de deux réalités : la France et l’Italie

En restant dans une optique qui convoque les discours politiques de type populiste, Carole Conti prend en compte deux contextes géographiquement proches : la France et l’Italie. Si ces pays ne sont séparés que par les Alpes, les mesures qui ont été prises dans les deux États pour lutter contre la crise sanitaire présentent toutefois des différences notoires tant au plan de la mise en discours que des répercussions sociales. Sans vouloir les citer toutes, nous rappelons notamment la gestion des tests de dépistage (à ce jour, illimités et gratuits en France) ; les mesures liées aux déplacements au sein de l’Hexagone (en particulier lors de la première phase de la pandémie) et l’ampleur des sanctions qui y sont associées (très différentes entre les deux pays) ; la possibilité de conserver des relations sociales (limitées, mais allant au-delà de la famille, pour la France alors que l’Italie n’autorisait les rapprochements qu’entre membres d’une même famille), etc. Notre propos n’est pas ici de revenir sur la gestion de crise de la part de ces deux États mais de souligner que les mesures adoptées sont aussi le reflet du fonctionnement d’une société, des rapports interpersonnels qui la caractérisent et sans doute de la relation que l’institution entretient avec ses citoyens et réciproquement.

Dans son article, C. Conti met pour sa part en évidence, un point commun aux deux réalités : la présence tant en France qu’en Italie de partis de la droite radicale. À travers l’étude d’un corpus constitué de tweets liés à la crise sanitaire, elle dresse un parallèle entre les stratégies discursives utilisées par le RN et par la Lega[4]. Dans sa recherche, l’accent est mis sur les ressemblances multiples qui se dégagent dans les discours de ces deux partis tant sur le plan des stratégies rhétoriques et argumentatives qu’au niveau des thèmes abordés (accusations envers le gouvernement, propositions de fermeture des frontières, etc.). Au-delà des nombreux points communs, l’auteure remarque toutefois que des spécificités existent dans le choix des thèmes convoqués par les deux partis. Ces distinctions semblent se justifier par des composantes liées au contexte discursif, notamment à une gestion du système de santé propre à chaque pays.

3. Au croisement de l’analyse du discours et du lexique

 

On sait combien le croisement entre différentes disciplines ou entre différents domaines d’une même discipline peut être un exercice périlleux, car le croisement des axes de recherche n’est pas nécessairement bien accueilli dans la sphère scientifique. Toutefois, tenter ce type d’expérience permet souvent d’ouvrir de nouvelles perspectives. Il est question ici de mettre en relation l’analyse du discours de tradition française et le lexique. Les deux domaines ne sont par ailleurs pas si éloignés si on pense qu’à ses débuts, l’analyse du discours avait pour objectif d’identifier sous le langage, des présupposés idéologiques en s’appuyant sur différentes méthodes dont l’analyse distributionnelle ou l’analyse lexicométrique. De nos jours, cette dernière, qui permet d’obtenir des données statistiques, est fréquemment associée à une analyse énonciative.

L’Encyclopédie Discursive de la COVID-19 que présentent R. Baronas et al. dans leur article illustre un projet de recherche qui trouve sa place dans une démarche transdisciplinaire. Elle convoque les deux axes précédemment évoqués tout en prévoyant des retombées sociales dans le contexte brésilien. Dans leur article, les chercheurs présentent une plateforme dialogique et collaborative, qui a pour objectif d’appréhender les différents sens des termes, expressions et constructions discursives sur la pandémie de COVID-19. Pour sélectionner les entrées qui figurent actuellement dans l’encyclopédie, les chercheurs ont fait appel à de « petits corpus »[5] tout en tenant compte, dans une moindre mesure, du nombre d’occurrences. Face à l’inconnu que présente la COVID-19, surtout au début de la pandémie, ce projet a tout d’abord cherché à limiter l’impact de la peur sur la population brésilienne et à élaborer voire élargir les connaissances scientifiques de la population sur la COVID-19.

En analysant des pratiques discursives qui renvoient pour la plupart, mais pas exclusivement, à la réalité française et qui convoquent des médiums et des genres discursifs différents, nous avons essayé, à travers ce numéro, de mettre en lumière des mécanismes discursifs propres à la situation de pandémie actuelle. Nous avons ainsi observé que la presse est une source constante de transmission d’idées, de construction et de reformatage des sens communs, voire de manipulation. Des dynamiques de persuasion qui sont elles aussi bien présentes et bien connues dans le discours politique. Si ces présupposés sont globalement admis de tous, les articles recueillis dans ce numéro mettent en évidence le caractère indissociable du discours – et peut-être même de la langue[6] – et de la dimension sociale de l’acte de parole. On voit bien en effet comment la situation de crise sanitaire qui a touché le monde entier, a été l’occasion pour mettre en place des stratégies discursives : par exemple de valorisation de l’un et dévalorisation de l’autre (KERBRAT-ORECCHIONI 1984 : 213), de rhétorique de la peur, d’identification et valorisation d’identité, etc. Il s’agit certes de stratégies déjà connues mais qui soulignent ici toute l’importance de l’environnement discursif.

Par ailleurs, les articles de ce numéro sont également révélateurs, nous semble-t-il, de l’intérêt d’un décloisonnement thématique dès lors qu’on s’intéresse à l’analyse du discours. Nous avons ainsi pu remarquer comment discours scientifique, discours politique et discours médiatique peuvent, en fonction du contexte de production, être étroitement imbriqués et former de véritables constellations discursives.

 

Références bibliographiques

 

AMOSSY, Ruth, La présentation de soi. Ethos et identité verbale, Paris, PUF, 2010.

ANGENOT, Marc, L’Histoire des idées, Problématique, objets, concepts, méthodes, enjeux, débats. Liège, Presses universitaires de Liège, 2014.

CHARAUDEAU, Patrick, « À quoi sert d’analyse le discours politique ? », in Análisi del discurs polític, Barcelone, IULA-UPF, 2002, en ligne sur le site de Patrick Charaudeau – Livres, articles, publications, http://www.patrick-charaudeau.com/A-quoi-sert-d-analyse-le-discours.html (consulté le 27 juin 2021).

CHARAUDEAU, Patrick, « Réflexions pour l’analyse du discours populiste », Mots, 97, numéro thématique « Les collectivités territoriales en quête d’identité », 2011, p. 101-116.

CHARAUDEAU, Patrick, Le discours politique. Les masques du pouvoir, Limoges, Lambert-Lucas, 2014.

DADER, José Luis, « La transformation de la politique sur Internet : de la politique-spectacle à la cyberdémocratie d’activisme citoyen », Netcom, n. 26, 2012, p. 15-36.

KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine (dir.), Le Discours Politique, Lyon, PUL, 1994.

MAINGUENEAU, Dominique, « La situation d’énonciation entre langue et discours », version révisée de texte paru dans le volume collectif Dix ans de S.D.U., Craiova, Editura Universitaria Craiova (Roumanie), [En ligne], http://dominique.maingueneau.pagesperso-orange.fr/pdf/Scene-d-enonciation.pdf (consulté le 13 février 2021), 2004, p. 197-210.

MOIRAND, Sophie, « L’impossible clôture des corpus médiatiques. La mise au jour des observables entre catégorisation et contextualisation », TRANEL, n. 44, 2004, p. 71-92, Neuchâtel, Université de Neuchâtel. En ligne, consulté le 15 juin 2021 à partir de https://scholar.google.fr et sur www.rero.ch.

MOIRAND, Sophie, « Dire l’actualité dans les chaînes d’information continue et la presse d’actualité », Cahiers Sens Public, n. 20-22, numéro thématique « Questions d’actualité », novembre 2018, p. 175-197. En ligne, consulté le 15 juin 2021 à partir de scholar.google.fr et sur www.cairn.info.

SPINNEY, Laura, La Grande tueuse, comment la grippe espagnole a changé le monde, Paris, Albin Michel, 2018.

TAYLOR, Charles, Modern Social Imaginaries, Durham and London, Dukes University Press, 2004.


[1] La revue Repères-DoRiF propose deux numéros consacrés aux constellations discursives en période de COVID-19. Le premier s’inscrit dans l’analyse du discours alors que le second concerne le lexique.

[2] Le terme crise est ici à entendre comme un événement qui marque une rupture par rapport à une situation connue.

[3] Dorénavant RN.

[4] Dans l’article de C. Conti : la Ligue.

[5] Nous renvoyons à l’essai de S. Moirand, dans ce numéro.

[6] Ce serait là un autre sujet de réflexion.


Per citare questo articolo:

Françoise FAVART, « Introduction » , Repères DoRiF, n. 24 – Constellations discursives en temps de pandémie, DoRiF Università, Roma luglio 2021, https://www.dorif.it/reperes/francoise-favart-introduction/

ISSN 2281-3020

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