Nolwenn LORENZI BAILLY, Claudine MOÏSE
Du discours de radicalisation au discours de haine
Nolwenn Lorenzi Bailly
Université de Montpellier III
nolwenn.lorenzi@univ-montp3.fr
Claudine Moïse
Université Grenoble Alpes
claudine.moise@univ-grenoble-alpes.fr
Résumé
Ce texte s’attache à définir les notions de radicalisation et radicalité. Il montre comme la radicalisation est à concevoir comme un processus qui a évolué du politique vers l’individuel, qui s’ancre dans la violence ou pas et qui s’apparente à un discours d’adhésion hors de tout consensus ou négociation. Le discours de radicalisation rend compte de formes affirmées de discours d’opposition, voire de militance. Il cherche à faire adhérer à une cause et s’actualisent dans des discours de propagande, d’embrigadement voire de manipulation ou d’emprise. La radicalité liée à des instances idéologiques s’inscrit dans des discours d’adhésion à des valeurs politiques via des procédés d’argumentation logiques ou ad hominem. Ces discours radicaux, de radicalisation ou de radicalité, ne présentent pas systématiquement une dimension haineuse, même si a contrario tout discours de haine peut être considéré comme radical.
Abstract
This text seeks to define the notions of radicalization and radicality. Radicalization is to be thought of as a process from the political to the individual, whether violent or not and which is similar to a discourse of adhesion based on no consensus or negotiation. The discourse of radicalization involves oppositional and militancy discourses. It aims at making people adhere to a cause and are linked to propaganda, recruitment or even manipulation or control discourses. Radicality depends on ideological contexts and discourses of these extreme political values are based on logical or ad hominem arguments. These radical discourses are not systematically hate speech even if a contrario any hate speech can be considered as radical.
Que ce soit à travers l’expression du négationnisme et de l’antisémitisme, les violences des black blocs dans les manifestations en France, ou encore les revendications de certains groupes d’extrême droite en Europe, la radicalité est un sujet de préoccupation politique et sociale. Face à un phénomène difficile à cerner, nous souhaitons dans cet article revenir sur cette notion et sur celle connexe de radicalisation, liées, ou pas, aux discours de haine. Les discours de radicalité dits radicaux, les discours de radicalisation et les discours de haine peuvent-ils se répondre ? Présentent-ils chacun des caractéristiques discursives spécifiques ? Pour les saisir, nous nous appuierons sur les réflexions menées dans le cadre de deux ouvrages que nous avons coordonnés (LORENZI BAILLY et MOÏSE, 2021, 2022) [1].
1. Radicalisation : (re)construire les usages d’une notion[2]
Depuis les attentats qui ont touché la France en novembre 2015, le « phénomène de radicalisation » occupe différentes productions, médiatiques, politiques, juridiques et scientifiques, qui ont dû en donner une clef explicative (GUIBET LAFAYE et RAPIN 2017). Les pouvoirs publics ont fait le choix d’inscrire la « lutte contre la radicalisation » comme une priorité urgente et la notion même a connu une envolée fulgurante dans le monde académique. Son succès en a fait un buzzword (CRETTIEZ 2016) et une formule (KRIEG-PLANQUE 2009, SIMON 2015) et le terme « radicalisation » a concerné avant tout la radicalisation islamiste. En effet, la notion de radicalisation s’est réactualisée après les nombreux attentats autour de la seule « préoccupation des autorités publiques pour les phénomènes de basculement de jeunes français d’origine maghrébine dans la violence politique de type terroriste » (CRETTIEZ 2016 : 711).
Des mouvements sociaux à une approche individualisante
Ainsi, les attentats de ces dernières années qui ont touché la France et l’Europe ont provoqué une réduction sémantique du terme, notamment par les médias, autour de la notion de « radicalisation » comme synonyme de « terrorisme islamique ». Toutefois, comme le développent Caroline Guibet Lafaye et Ami-Jacques Rapin (2017), le terme « radicalisation » recoupe différentes occurrences.
Il est antérieur aux attentats et est utilisé, dans un premier temps, pour évoquer le durcissement d’une ligne politique et mettre en évidence un « processus produit par le jeu des forces antagonistes qui s’affrontent au sein du champ politique » (op.cit. : 6). Il est ainsi particulièrement employé suite à l’élection présidentielle de François Mitterrand en 1981. En choisissant de titrer le 2 juin 1982 « La radicalisation du débat politique », le journal Le Monde permet d’opposer radicalisation et modération au cœur des échanges politiques. Dans la même optique, le terme sera par la suite utilisé plus couramment pour dénoncer les discours de droite et d’extrême-droite et, dans une moindre mesure, les discours du parti communiste.
Un autre emploi est celui mobilisé autour de mouvements sociaux de protestation avec, pour contexte inaugural, le mouvement étudiant de mai 68. La radicalisation concerne alors des mouvements collectifs, pas spécifiquement violents mais, dès les années 1980, la « radicalisation » décrit celle d’un islam qui mobilise les principes religieux en faveur d’un projet politique de résistance à l’encontre des valeurs occidentales (GUIBET LAFAYE et RAPIN 2017 : 10) et qui s’oppose à un islam modéré. Dans ce cas, l’idée est celle d’un durcissement d’une ligne politique idéologique, prenant appui sur des fondements religieux. Mais peu à peu, le terme va connaître une restriction dans son acception dans la mesure où il va être employé au cœur des médias pour désigner, non seulement un mouvement social collectif mais aussi un acte individuel, approche individualisante d’autant plus « manifeste lorsqu’il est question de terrorisme et d’islamisme » (GUIBET LAFAYE et RAPIN 2017 :9). Le phénomène d’individualisation de la radicalisation s’accomplit avec le terrorisme et « trahit implicitement la prévalence d’une approche subjectiviste et psychologisante » (GUIBET LAFAYE et RAPIN 2017 :10). Ce n’est plus un mouvement collectif et social qui se radicalise, mais un individu (souvent jugé comme perdu), ce qui permet alors de penser un suivi psychologique et une « déradicalisation ».
Le sens évolue dans une « triple inflexion » (KUNDNANI 2012) puisque le terme de radicalisation, au-delà du politique, « s’inscrit dans une approche individualisante des phénomènes qu’il aborde », qu’il « connote une menace vitale » et qu’il « suggère un processus inéluctable ». Il repose alors sur l’évocation d’une certaine violence et devient « un processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à un contenu politique, social ou religieux, ladite idéologie contestant l’ordre établi sur le plan politique, social ou culturel » (KHOSROKHAVAR 2014 : 7-8).
De fait, considérer la radicalisation seulement comme un phénomène individuel et violent nuit à une compréhension plus fine du phénomène qui se situe sur un continuum entre conversion, adhésion et radicalisation – au sens de mouvement social (FILIU 2015, HADDAD 2015, SALAZAR 2015). La radicalisation serait ainsi plutôt à saisir comme un processus de désocialisation par rapport à une idéologie donnée et de resocialisation sous la forme d’une adhésion à une ligne politique radicale, pas seulement religieuse (GUIBET LAFAYE et RAPIN 2017 : 8). Cette réflexion n’est pas sans rappeler l’analyse de Tobie Nathan (2017) qui a rendu compte de son travail clinique effectué auprès d’une soixantaine de jeunes en voie de radicalisation (on parle ici d’une adhésion islamique) desquels il s’est dit se sentir très proche. Ainsi, il rappelle qu’il est inutile de vouloir raisonner à tout prix ces jeunes gens en leur rappelant les règles de la République qu’ils ou elles connaissent par ailleurs très bien. S’ils et elles ne les ont pas oubliées, ils et elles en explorent au contraire les fondements. Ainsi, l’auteur précise :
Je dois dire que je préfère une autre façon de poser la question de la radicalisation. Pas de compassion ni de recours à la loi, mais une interrogation sérieuse sur les forces en présence, leur nature, leurs noms, leurs modalités d’existence, leurs manières de capturer les humains, les exigences qu’elles leur imposent… Quarante-cinq ans de pratique clinique auprès des migrants m’ont enseigné un principe : toujours prendre le parti de l’intelligence de l’autre, de ses forces, de ses ressources, jamais de ses manques, de ses failles, de ses désordres. Dans le cas des jeunes gens radicalisés, il nous faudra d’abord constater l’intelligence des êtres et des forces, évaluer la puissance des enjeux et surtout : produire de la pensée (NATHAN 2017 : 42).
Finalement, l’aspect d’une radicalisation liée à un mouvement social est trop souvent omis des discours de celles et ceux désigné·es comme expert·es en radicalisation, des médias ainsi que des politiques ; une omission qui réduit la radicalisation au terrorisme islamique et à une menace vitale, là où la radicalisation est aussi adhésion à une ligne politique et/ou idéologique considérée comme radicale c’est-à-dire portée par des logiques d’actions collectives qui rejettent compromis et négociation et qui s’opposent aux pouvoirs en place. Ainsi, pour reprendre la métaphore de Philippe Salazar (2015), l’Europe a individualisé la radicalisation par la mise en place de l’image d’un « loup solitaire », mais, ainsi que le souligne l’auteur, le loup ne se déplace-t-il pas en horde ?
Radicalisation et violence
Là où la radicalisation n’est pas qu’individuelle, elle n’est pas non plus que violence. Le lien créé entre les deux notions – radicalisation et violence – n’a pas toujours été de mise, alors qu’il est plus effectif aujourd’hui, comme si toute radicalisation induisait désormais de la violence. Peut-être serait-il intéressant de considérer plus précisément le basculement vers la violence, comme un élément possible (et non obligatoire) de la radicalisation. C’est le choix fait par le Centre de Prévention de la Radicalisation Menant à la Violence[3] en ne travaillant que sur la radicalisation menant à la violence, considérant que la médiation ne doit/peut se faire que s’il y a un basculement effectif vers la violence. Les chercheuses et chercheurs du centre se sont ainsi accordé·es pour définir la radicalisation comme « un processus selon lequel des personnes adoptent un système de croyances extrêmes – comprenant la volonté d’utiliser, d’encourager ou de faciliter la violence – en vue de faire triompher une idéologie, un projet politique ou une cause comme moyen de transformation sociale »[4]. Ainsi, opèrent-ils et elles une différence entre radicalisation violente et non violente, cette dernière n’entrant pas « nécessairement en contradiction avec les valeurs et les normes démocratiques » (ibid.) et démontrent que la radicalisation peut au contraire être porteuse d’avancées significatives, même si elle représente un durcissement d’une ligne politique et idéologique établie.
De fait, Angela Davis, Martin Luther King, Gandhi, Nelson Mandela ou Rosa Parks furent considéré·es en leur temps, par l’ordre social en place, comme participant d’une radicalisation, même s’ils et elles étaient engagé·es, contrairement aux Black Panthers par exemple, dans des mouvements qui se revendiquaient comme non violents. Lors de son discours le plus connu prononcé le 28 août 1963[5], Martin Luther King affirmait son engagement mais sans prôner la violence : « ce n’est pas le moment de s’offrir le luxe de laisser tiédir notre ardeur ou de prendre les tranquillisants de demi-mesures ». Ainsi, la radicalisation n’est pas à réduire à la violence même si elle peut l’animer quand la violence est considérée comme l’expression libératoire et légitime de l’oppression (DORLIN 2017). L’idéologie radicale est avant tout de l’ordre de l’opposition à des ordres sociaux et politiques perçus comme injustes et aliénants par leurs acteurs et actrices. Le sens de l’histoire donne à voir si ces mouvements furent rétrospectivement légitimes dans le cadre d’avancées démocratiques.
Le discours de radicalisation
Le discours de radicalisation serait alors celui qui rend compte de processus d’adhésion ou de tentatives de faire adhérer à un mouvement social et/ou à une idéologie politique et/ou religieuse, considéré comme extrême, c’est-à-dire en rupture avec l’ordre établi et à des fins de changement social. Comme nous l’avons montré dans notre ouvrage (LORENZI BAILLY et MOÏSE 2022), le discours de radicalisation peut s’actualiser dans des formes très diverses de discours d’adhésion. D’un côté, ils rendent compte de formes affirmées de discours d’opposition (BERNARD BARBEAU 2015, HUGONNIER 2021), voire de militance (HUGONNIER, LORENZI BAILLY et MOÏSE 2021). D’un autre côté, ils cherchent à faire adhérer à une cause et s’actualisent dans des discours de propagande (LORENZI BAILLY et ROMAIN 2022), d’embrigadement (ASCONE 2022) voire de manipulation (LORENZI BAILLY et ROMAIN 2022) ou d’emprise (MEUNIER et MOÏSE 2022).
Pour illustrer notre propos, nous reviendrons sur un de ces types de discours, le discours de propagande qui est à lier aux discours de radicalisation, et qui peut mener à la violence. Nous nous appuierons sur le travail mené par Nolwenn Lorenzi Bailly et Christina Romain (2022). À partir des travaux de Philippe Breton (2016), elles montrent que le discours de propagande s’appuie sur la simplification, le grossissement discursif, la mise en scène de la prise de parole, la faculté de s’adapter à différents publics, la contagion pour diffuser des thèses et s’appuient pour parfaire leur démonstration sur la communication sur Twitter, outil politique de Donald Trump. Elles analysent douze tweets produits par Donald Trump lors de la journée du 6 janvier 2021 (@realDonaldTrump). Or, ce lundi 6 janvier 2021 fut aussi l’officialisation de l’élection de Joe Biden, élection que le Président sortant conteste depuis des mois. Ces posts donnent à penser via le sarcasme, l’ironie, ou en jouant sur une certaine ambiguïté, que les résultats sont faux et non conformes à la démocratie. L’argumentation de Donald Trump s’inscrit dans un discours de propagande ; elle se veut performative et donc pousse à l’action violente, comme on a pu le constater avec les actes de violence perpétrés au sein du Congrès américain. Cette radicalisation des Républicains, mouvement collectif d’opposition à un ordre établi, ne s’inscrit pas dans un système démocratique et de respect des institutions, elle joue sur une force d’adhésion mais aussi sur la désinformation, les mensonges et les fake-news, ce qui n’est pas toujours le cas des discours de radicalisation politique qui peuvent dénoncer l’injustice sociale et l’ordre établi, être entendus ou rejetés selon le contexte idéologique.
2. Radicalisation et radicalité, discours radical
La radicalisation est donc une dynamique collective et/ou individuelle, qui peut s’inscrire en discours, et qui mène à la radicalité. Le discours de radicalisation renvoie à un processus à l’œuvre qui peut prendre plusieurs formes discursives et le discours de radicalité rend compte de positions de principe.
La radicalité située idéologiquement
Les différentes formes de radicalité sont historicisées et ne se posent que dans des relations idéologisées. On peut considérer les idéologies comme servant des instances de pouvoir (THOMPSON 1984), que ce soit les moyens de production, pour Karl Marx et Friedrich Engels (MARX et ENGELS 1845), l’État pour Louis Althusser (ALTHUSSER 1970 [1976]), ou une oligarchie détenant à la fois le capital matériel, culturel et symbolique pour Pierre Bourdieu et Luc Boltanski (BOURDIEU et BOLTANSKI 2008 [1976]), le tout travaillant à la reproduction d’un ordre social établi. En ce sens, considérer comme radicaux toute action ou tout discours qui s’opposent à des idéologies dominantes pose la question des sources énonciatives. Sans parler de violence, qui juge que des actions ou des discours seront radicaux ? Qui juge de leur rapport à la « vérité » ? Comment le contexte politique, historique et social participe de ce qui est jugé comme radical ? Les conflictualités, conséquences des oppositions à des pensées dominantes, seront-elles toujours jugées comme portées par des radicalités ? Que dire des discours sur l’écologie aujourd’hui par exemple ?
L’idéologie dominante, qui va juger des idéologies radicales, des discours de radicalité, provient d’émetteurs sinon dominants du moins légitimes (BOURDIEU 2002 [1984]) dans un espace social donné. Il y a certes l’idéologie des « appareils idéologiques d’État », comme le disait Louis Althusser (les « valeurs républicaines », le libéralisme, etc.), mais il peut tout aussi bien y avoir celle qui se développe à l’intérieur d’un groupe social restreint : au regard de la société dans son ensemble, cette idéologie sera marginale, jugée comme radicale ou fanatique, mais à l’intérieur-même de ce groupe, elle pourra bénéficier d’une forte légitimité et s’imposer comme une doxa (VERNET 2022), notamment aujourd’hui par la force des réseaux sociaux. Les mécanismes qui valident la légitimité du premier type d’idéologie (« d’État » ou « dominante » ou « hégémonique ») et qui tentent d’établir celle du second (« marginale ») diffèrent de fait de leur reconnaissance ; elles visent soit à perdurer soit à bouleverser l’ordre établi, pour rester ou devenir une pensée légitime. Par exemple, « L’appellation, les radicaux renvoyait en 1820 aux républicains partisans de réformes dites radicales, c’est-à-dire allant dans le sens de la démocratie politique et sociales » (BONNET, FRACCHIOLLA, MATHIEU et NOÛS 2020 : 19).
Le discours de radicalité (radical)
Le discours de radicalité exprime une adhésion totale à une idéologie politique, sociale et/ ou religieuse sociale. Il s’actualise dans des discours militants de revendication et de protestation et se caractérise par une conflictualité et un refus de consensus, matière du discours polémique. « La radicalité semble en effet exclure la discussion ou la négociation » (BONNET, FRACCHIOLLA, MATHIEU et NOÛS 2020 : 21). À travers la notion de disqualification, Geneviève Bernard Barbeau et Claudine Moïse (2022) ont montré comment pouvaient s’articuler prise de position radicale et possible polémique. La disqualification repose sur la dépréciation d’une personne ou d’un collectif, qui peut aller de l’insulte au reproche, selon « différents niveaux sur une échelle de gravité ». Comme la disqualification est au centre des discours polémiques elle s’applique aussi aux discours de radicalité, dans la mesure où elle sert à contester « la légitimité d’autrui, de son statut, de ses actions ou de ses croyances » (VINCENT 2013 : 40).
Les autrices montrent dans plusieurs articles de Dar-Al-Islam, revue de propagande de l’État Islamique, entre le 23 décembre 2014 et le 5 août 2016, comment la disqualification assoie la radicalité à travers un discours d’opposition caractérisée. « Au-delà d’une stratégie de propagande et de manipulation, utiliser ces discours d’experts permet de construire un discours d’autorité objectivé, présenté dans toute sa scientificité. Toutefois, si le discours est valorisé, les experts eux-mêmes sont disqualifiés. La disqualification, ou qualification péjorative, vise, avec une plus grande efficacité d’exclusion, non pas un groupe mais un individu en particulier, ad hominem, qui, par métonymie, peut représenter l’ensemble de son groupe » (BERNARD BARBEAU et MOÏSE 2022). Ainsi, le recours à la disqualification vise à la fois à assoir des revendications radicales, reconnaissance d’un État Islamique, mais aussi la dévalorisation d’un autre occidental mécréant. Ce qui peut faire interpréter aussi ces processus discursifs comme des éléments de discours de haine dissimulée, pour basculer alors dans une radicalité haineuse, ce que d’autres discours de l’État Islamique ont bien su affirmer et de façon performative notamment en mettant en scène la figure d’un ennemi à détruire.
3. La radicalisation et la radicalité haineuse
La radicalisation s’appuie sur un discours d’adhésion qui va de la persuasion à la haine de l’autre. Comme on l’a dit, la radicalisation sera alors à considérer comme un processus qui s’appuierait sur différents genres de discours (discours de manipulation, de propagande voire de haine). Tout discours de haine est un discours qui se veut radical en soi, mais l’inverse n’est pas juste : tout discours de radicalisation ou de radicalité n’est pas un discours haineux. Les politiques et les discours de déstabilisation, de conquête, de défense, de revendication ou encore d’opposition et de protestation, qui seront considérés comme radicaux par les idéologies dominantes, s’ils se définissent par rapport à une altérité (BONNET, FRACCHIOLLA, MATHIEU et NOÛS 2020), peuvent toutefois se mettre en œuvre sans intention de destruction de l’autre, élément central du discours de haine porté par un recours aux émotions, ressources pour l’action, considérablement puissantes. L’amour propre peut être utilisé pour galvaniser des groupes, comme dans la confrontation sportive ou professionnelle (l’université de rang mondial), tout comme l’indignation dans la contagion des foules, ou la peur (du loup-garou, de l’enfer, du qu’en dira-t-on), etc. De ces affects, la haine peut-être le meilleur ressort de la radicalité et de la radicalisation pour l’action violente.
La haine
Entre « passion » comme « mouvement de l’âme » (ARISTOTE 1989) émotion au sens contemporain ou pulsion freudienne, la haine est hostilité, aversion, exécration, répugnance pour quelqu’un ou quelque chose[6]. Elle vise alors l’humiliation, le rejet et l’anéantissement de l’autre, parfois dans de grandes violences. Dans ce mouvement d’exaltation du sujet haïsseur, la haine s’inscrit dans un balancement contre une altérité menaçante et dans un désir de pureté, d’homogénéisation du monde. L’autre est au centre du moteur de la haine (OGIEN 1993, EMCKE 2017), dans un « ressentiment irrationnel et spontané de tout ce qui est étrange, qui ne nous ressemble pas, qui ne nous est pas familier et dès lors nous effraie » (BAUMAN 2003). En ce sens, la haine, fondée en tant que purification sociale et créative, entraîne une justification morale des actes destructeurs mais perçus comme héroïques de la part même de gens très bien (JARDIN 2012) qui ne verront, pour une cause qui les dépasse et les exalte, qu’une banalité du mal (ARENDT 1991).
La haine peut prendre une dimension politique dans la mesure où elle agit de groupe à groupe, dans une multiplication de l’un·e (NAHOUM-GRAPPE 2003, FRACCHIOLLA et MOÏSE 2021) et qu’elle s’inscrit dans l’espace public dans un effet de diffusion en ricochet. Elle s’actualise dans des discours qui sont ou se veulent dominants qui disent l’exclusion des minorités, des différences pour une identité commune qui se voudrait homogène.
Le discours de haine
La haine s’actualise et prend donc forme et force en discours. Le discours de haine a été défini par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe comme « couvrant toutes formes d’expression qui propagent, incitent à, promeuvent ou justifient la haine raciale, la xénophobie, l’antisémitisme ou d’autres formes de haine fondées sur l’intolérance, y compris l’intolérance qui s’exprime sous forme de nationalisme agressif et d’ethnocentrisme, de discrimination et d’hostilité à l’encontre des minorités, des immigrés et des personnes issues de l’immigration » (WEBER 2008). En ce sens, le discours de haine concernerait la haine ethnique, donc racisme et antisémitisme, raciale, religieuse, de genre – à l’égard des femmes en particulier, les propos homophobes et transphobes –, la menace pour l’ordre démocratique, le négationnisme et le révisionnisme, l’apologie des crimes de guerre, de la violence et du terrorisme.
Nos analyses sur le discours de haine directe ont démontré qu’il se caractérisait par le recours à trois phénomènes conjoints, effets pathémiques (c’est-à-dire un recours à des émotions négatives), essentialisation et catégorisation de l’autre par des procédés énonciatifs caractérisés (distanciation entre « elles·eux » et « nous », renvoi à un lexique animalier, généralisation), attaques négatives et disqualifiantes (toute sorte d’actes menaçants allant de l’insulte à la malédiction). Le discours de haine dissimulée joue sur des figures de rhétorique (allusions, sous-entendus, mépris, humour vexatoire, etc.), qui reposent bien souvent sur une mémoire discursive qui réactive des idéologies antérieures, historicisées et haineuses (MOÏSE, GUELLOUZ, HUGONNIER, LORENZI BAILLY 2022).
Le discours de haine est aussi porté par une vision binaire du bien contre le mal. Le mythe du bien contre le mal comme projection d’une vision du monde est caractéristique du discours de haine. La notion de mythe est une représentation de la réalité sous l’angle de la projection d’une certaine vision du monde et à travers des rapports de forces qui y sont représentés. Le récit de la lutte du « bien » contre le « mal » est symboliquement représenté par les figures du héros et de l’ennemi. La mise en exergue d’un tel mythe permet de construire, pour les personnes haïssantes, un ennemi garant d’un mal à combattre. Ce faisant, ils se hissent au niveau du guerrier qui se dévoue, de l’homme doué de bravoure, du héros. Et qui ne suivrait un héros ? Au centre du récit se trouve le héros qui doit (c’est un devoir) combattre le monstre, la figure de l’ennemi (LORENZI BAILLY 2022). Le mythe joue un rôle de médiation entre l’individu et le groupe (GREEN 1980), il est « objet transitionnel » et assure une fonction de régulation sociale.
Plus encore, le mythe permet de légitimer la violence pour faire gagner ce qui est considéré comme le bien (BOGALSKA-MARTIN 2004). Ainsi, le fait de haïr l’autre et de vouloir son anéantissement, sa souffrance devient défendable moralement, au nom du bien. Qu’importe les victimes de ce combat, l’important étant de le gagner afin que triomphe le bien. Souvent, le héros est doué de nombreuses vertus et est aidé dans sa mission par Dieu dont il fait un argument d’autorité. Loi (presque) universelle, Dieu est forcément le bien. La notion de mythe du bien et du mal demande ainsi, d’un point de vue de la construction discursive, une valorisation de soi en même temps qu’une disqualification de l’autre. Une polyphonie énonciative se met en place : l’on constate paradoxalement un effacement énonciatif (RABATEL 2004) au profit d’experts ou de Dieu qui laisse penser que la personne qui hait se retire de son énonciation pour laisser parler d’autres voix tout en faisant preuve d’une surénonciation (RABATEL 2005) qui lui permet de se hisser au rang de héros, détenteur de la seule vérité.
Le discours de radicalisation et de radicalité haineux
Ainsi le discours de radicalisation s’appuie non seulement sur une volonté d’anéantissement d’un autre mais aussi sur une volonté politique de transformation sociale. La figure de l’ennemi construite en discours (LORENZI BAILLY 2022), rend compte par exemple de cette double orientation. La figure de l’ennemi participe d’une opposition radicale, et donc du discours de radicalité, mais s’appuie aussi sur les processus du discours de haine comme le montre l’analyse des prises de position du groupe Génération identitaire.
L’ennemi se construit en discours dans une mise en scène discursive de diabolisation et, contrairement à l’adversaire, il est celui à détruire. Il fait émerger en miroir la figure du héros, et la quête du bien contre le mal. Ainsi, l’ennemi peut être « l’étranger », celui qui menacerait la nation. Nolwenn Lorenzi Bailly propose de se pencher sur la présentation de la page d’accueil du site internet du groupe Génération identitaire[7]. Leur présentation, selon leur titre, est « une déclaration de guerre » par laquelle le groupe affirme leur détermination à défendre une « identité » et en même temps la construction d’un ennemi à combattre, la figure du migrant. L’autrice mentionne que si « les migrant·es ne sont pas désigné·es directement dans ce texte, les nombreuses vidéos publiées sur YouTube (malgré la dissolution du groupe) sont plus explicites. Il est possible de voir dans ces vidéos leurs opérations « coup de poing » comme l’occupation du toit de la Caisse d’allocations familiales de Bobigny en mars 2019 avec la banderole suivante : « de l’argent pour les Français pas pour les étrangers » ou encore la création d’une frontière symbolique, opérations qu’ils et elles qualifient d’« anti-migrants » dans les Alpes puis dans les Pyrénées en avril 2018 et en janvier 2021. »
Ainsi, la figure de l’ennemi permet de désigner un bouc émissaire menaçant, figure constitutive d’un rejet et porté par un discours de haine. Il permet aussi d’assoir une mobilisation politique radicale et, dans ce cas loin d’être vertueuse mais bien anti-démocratique.
Conclusion. Du discours de radicalisation au discours de radicalisation ou de radicalité haineux
Le discours de radicalisation rend compte d’un processus d’adhésion sous-tendu par une idéologie politique de transformation sociale là où le discours radical (de radicalité) est un discours d’opposition figé, l’un et l’autre s’affirmant face à des idéologies dominantes, l’un et l’autre pouvant s’inscrire ou pas, dans un discours de haine.
Les discours de radicalisation et de radicalité seraient à définir sur un continuum :
- Le discours de radicalisation est un discours faisant montre d’une volonté d’adhésion ou de faire adhérer à un mouvement social et qui tend vers un changement social. D’un point de vue discursif, il peut faire appel à plusieurs genres comme le discours de persuasion, de propagande, voire de manipulation ;
- Le discours radical (de radicalité) se construit comme une prise de position sans concession. Il s’appuie sur la polémique ;
- Le discours radical de haine rend compte d’une volonté de détruire l’autre (les vegans cherchent à détruire les bouchers, les antisémites les juifs, etc.). Il présente les caractéristiques discursives du discours de haine.
Le discours radical de haine se met en place lorsqu’il va au-delà de la simple controverse, et que l’opposition induit la volonté de détruire l’autre :
- Il opère une dichotomie du bien versus le mal ;
- Il s’appuie sur la haine, c’est-à-dire qu’en plus de désigner le mal, il se caractérise selon les trois phénomènes discursifs cités plus haut (effets pathémiques, essentialisation de l’autre, attaques disqualifiantes et actes de condamnation) pour le discours de haine directe et sur des procédés rhétoriques indirects pour le discours de haine dissimulée.
Nous nous proposons de résumer ce continuum entre radicalisation, radicalité et haine par le biais de ce tableau :
Références bibliographiques
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[1] Ce texte s’inscrit dans les travaux du groupe de recherche international Draine, Haine et rupture sociale : discours et performativité, qui réunit une trentaine de chercheuses et chercheurs dans une perspective interdisciplinaire, autour de l’étude du discours de haine et de ses caractéristiques spécifiques.
[2] Certains éléments de l’article sont pris de l’introduction de Lorenzi Bailly et Moïse (2022).
[3] CPRMV, centre basé à Montréal, Canada. En ligne : [https://info-radical.org/fr]
[4] En ligne : [https://info-radical.org/fr/radicalisation/definition/]
[5] « I have a dream », traduction complète. En ligne : [https://www.rtl.fr/actu/international/martin-luther-king-son-discours-i-have-a-dream-traduit-en-francais-7792885883]
[6] Réflexion développée dans Lorenzi Bailly et Moïse 2021.
[7] Leur site internet n’existe plus à ce jour, le groupe ayant été dissous par le conseil des ministres le 3 mars 2021, décision entérinée en mai par le Conseil d’État. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur français, en avait fait son cheval de bataille, considérant que le groupe était responsable de provocations à la haine et à la discrimination envers les étrangers et la religion musulmane.
Per citare questo articolo:
Nolwenn LORENZI BAILLY, Claudine MOÏSE, « Du discours de radicalisation au discours de haine », Repères DoRiF, n. 26 – Les discours de haine dans les médias : des discours radicaux à l’extrémisation des discours publics, DoRiF Università, Roma, novembre 2022, https://www.dorif.it/reperes/nolwenn-lorenzi-bailly-claudine-moise-du-discours-de-radicalisation-au-discours-de-haine/
ISSN 2281-3020
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