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Stefano VICARI

Quand les médecins deviennent influenceurs : la vulgarisation des termes de la Covid-19 dans Facebook, Instagram et Twitter

 

Stefano Vicari
Università di Genova
stefano.vicari@unige.it


Résumé

Dans cette étude, j’analyserai les stratégies de vulgarisation des connaissances spécialisées autour de la Covid-19 utilisées par trois professionnels de la santé (deux jeunes médecins et un pharmacien) dans leurs comptes Twitter et Instagram. A la suite d’un encadrement théorique permettant de cerner les enjeux de la communication en ligne de ces figures d’influenceurs dans la construction de discours d’autorité, je me pencherai sur l’analyse de la construction de leur éthos technodiscursif (Paveau, 2017) ainsi que des procédés exploités pour lutter contre les fausses nouvelles et vulgariser les termes de spécialité de la Covid-19.

Abstract

When doctors become influencers: the popularisation of Covid-19 terms on Facebook, Instagram and Twitter

In this study, I will analyse the strategies for vulgarisation specialised knowledge on Covid-19 used by three health professionals (two young doctors and a pharmacist) in their Twitter and Instagram accounts. After a theoretical framing to identify the challenges of the online communication of these influencer figures in the construction of authority discourses, I will focus on the analysis of the construction of their technodiscursive ethos (Paveau, 2017) and the processes exploited to fight against fake news and popularize Covid-19 terms.


 

Introduction

 

Si certains retentissements de la pandémie de la Covid-19 dans les réseaux socio-numériques ont déjà fait l’objet de nombreuses recherches en sciences humaines et sociales, surtout autour de la circulation de fausses nouvelles (JAUBERT, DOLBEAU-BANDIN 2020), des polémiques concernant surtout les mesures sanitaires (SMYRNAIOS et al. 2021), et des discours politiques (ROMEYER, FOX, 2021) etc., d’autres n’ont pas encore fait l’objet de réelles investigations et, notamment, les effets sur la circulation des termes de spécialité liés essentiellement au virus et à la maladie dans ces environnements numériques en lien avec de nouvelles formes de divulgation scientifique propres au Web 2.0. Dans cette étude, je me pencherai sur l’analyse des stratégies déployées par des médecins dans leurs comptes sur les réseaux socio-numériques dans le but de divulguer des connaissances spécialisées autour de la Covid-19. Dans un premier temps, il s’agira de présenter le phénomène des influenceurs digitaux et les enjeux concernant la construction de l’autorité dans le Web 2.0 que ce phénomène permet de mettre en lumière. Dans ce cas spécifique, il s’agit de professionnels du domaine médical qui deviennent, au fil des publications sur leurs comptes, de véritables influenceurs. Puis, j’analyserai les stratégies technodiscursives (PAVEAU 2017) utilisées par ces influenceurs pour construire leurs expertise et autorité (au niveau de l’éthos mais aussi de la fidélisation des followers au fil des publications) et, par conséquent, pour divulguer des connaissances spécialisées (et notamment, leur engagement dans la lutte aux fausses nouvelles) et des termes de spécialité auprès d’un public de plus en plus large. L’objectif est de montrer que ces procédés rendent compte d’un paradigme de vulgarisation scientifique qui dépasse celui du médiateur scientifique (MOIRAND et al., 2016) pour atteindre un processus plus large de peoplisation du discours scientifique, celui-ci n’étant pas forcément incompatible avec des mécanismes de construction de la crédibilité et de la légitimité informationnelle des influenceurs-médecins.

 

1. Influenceurs, confiance et autorité : quelques repères

 

Si déjà Bremond en 1970 avait identifié une topique de l’influence dans le cadre de l’argumentation, depuis une dizaine d’années l’on assiste à un véritable engouement pour ceux qu’on appelle « influenceurs 2.0 » dans tous les réseaux socio-numériques (dorénavant RSN). Les experts en communication des entreprises et, plus en général, les professionnels du marketing numérique, se sont vite intéressés au phénomène et emparés de cette nouvelle figure professionnelle, dont l’importance accrue dans le monde des affaires est témoignée non seulement par un grand nombre d’études, mais aussi par la mise en place de véritables formations et cursus universitaires. L’influenceur digital peut être défini comme

un individu qui par son audience principalement obtenue sur les réseaux sociaux et par l’influence qu’il exerce sur cette audience a la faculté de modifier des comportements de consommation et des perceptions ressenties à l’égard d’une marque, d’un produit ou d’un service (BATHELOT 2020, en ligne).

Dans la plupart des cas, il s’agit de jeunes qui se font connaître dans les RSN à travers leurs publications, et qui s’imposent rapidement comme de véritables modèles à suivre dans des domaines spécifiques parmi les internautes (ATTRUIA 2021). Cela est vrai pour un grand éventail de domaines de la vie privée et sociale : de la cuisine au sport, en passant par la mode, le dépaquetage de cadeaux, le maquillage, etc. Ils co-construisent avec leurs followers une relation de confiance (ORIGGI 2008) au fil de leurs publications régulières et de leurs échanges avec le public. Ils construisent par là leur propre réputation (ORIGGI 2015) en augmentant leurs visibilité et popularité au fur et à mesure qu’ils entretiennent avec leurs followers un rapport presque quotidien, leur donnent des conseils portant sur les sujets les plus disparates et, finalement, partagent leur quotidien avec eux. Pour ce faire, comme j’ai déjà pu le constater ailleurs sur d’autres corpus (VICARI 2021), ils exercent leur influence aussi via des procédés technodiscursifs (PAVEAU 2017) qui ne s’éloignent pas trop des mécanismes sous-tendant la mise en scène du discours publicitaire (CHARAUDEAU 2005) et qui leur permettent à la fois de se légitimer et de construire leur crédibilité aux yeux des internautes[1], et cela vaut surtout pour ceux que certaines agences de marketing numérique appellent « micro-influenceurs » (cf. infra). Or, la confiance est un processus essentiellement discursif : elle « se co-construit en effet dans un espace de construction de relations de confiance raisonnées […] [qui] est celui d’un discours partagé, dont chacun est disposé à accepter les normes de rationalité » (ORIGGI 2008 : 84). Cela implique que l’on accepte de déférer du point de vue épistémique à quelqu’un d’autre et cela met en avant les pratiques intersubjectives de co-construction des discours et des connaissances, telles qu’elles résident à la base de la réputation : « La réputation est […] un phénomène d’intelligence collective : c’est le savoir des autres qui nous informe et c’est la façon dont l’autorité de ce savoir est construite qui nous donne confiance pour l’acquérir par le biais d’autrui » (ORIGGI 2015 : 194).

Dans le web 2.0, autorité, visibilité popularité et réputation non seulement se confondent du moins partiellement, mais elles acquièrent aussi une dimension technique : si l’autorité d’une page web ou d’un profil mesure le nombre de liens sur d’autres sites pointant cette page ou profil, la réputation mesurerait plutôt la pertinence de ces liens. D’une conception de l’autorité plus « verticale », venant d’en haut, le web 2.0 favoriserait du point de vue technique et algorithmique aussi, des processus de confiance dans le discours autrui se situant plutôt sur l’axe « horizontal » ainsi qu’une certaine fluidité des relations d’autorité, dont l’étude ne peut pas faire l’impasse de la nature « technodiscursive » (Paveau 2017) de toute production en ligne.

 

2. Le cas des influenceurs santé 2.0 pendant la Covid-19 : objectifs de l’étude

 

Les politiques se sont adressés aux influenceurs pour promouvoir auprès des citoyens européens les valeurs et l’image de l’Europe, dans le but de contrer les discours populistes anti-européens de plus en plus diffusés ou, dernièrement, pour sensibiliser les citoyens au respect des normes et les informer sur des aspects variés liés au virus et à sa circulation. En effet, depuis mars 2020, la situation d’urgence et son caractère complètement inédit ont entraîné non seulement un profond changement en ce qui concerne la mise en place de pratiques sanitaires et le renouvellement de comportements sociaux, mais aussi la diffusion de nombreux termes médicaux dans les discours ordinaires, comme le confirme la prolifération de lexiques et glossaires en ligne, plus ou moins institutionnels, présentant les termes de la Covid-19[2]. L’enjeu est capital : s’il y a un enseignement qu’on peut déjà tirer de cette situation, c’est justement que la coopération et l’adhésion de tous est indispensable pour sortir de la condition d’urgence. Or, cette adhésion passe obligatoirement, et avant tout, par la bonne compréhension des phénomènes ayant bouleversé la vie des citoyens du monde entier, comme l’affirmait déjà Gaudin en 2007, à propos d’autres questions centrales dans la vie socio-économique :

[…] nucléaire, génétique, pollution, informatique, décentralisation… les citoyens ont à se faire une opinion sur des questions de plus en plus techniques. Comment le feront-ils s’ils ne sont pas à même de s’approprier les concepts principaux des sciences et techniques concernées ? Envisagée sous cet angle, la terminologie croise les problèmes de la vulgarisation et, plus largement, de la démocratie cognitive (GAUDIN 2007 : 33).

S’il est vrai que, comme l’affirme Jacobi « [e]st considérée comme vulgarisée toute pratique discursive qui propose une reformulation du discours scientifique » (JACOBI 1985 : en ligne), ce type de technodiscours relève du cadre plus général des discours de transmission des connaissances (JACOBI 1985, MORTUREUX 1993, BEACCO, MOIRAND, 1995):

Analyser les discours, en linguiste, c’est d’abord s’intéresser aux conditions d’emploi de la langue (comme le rappelle Courtine 1989 : 25), donc aux catégories qui contribuent à caractériser les objets, au travers de la manière particulière dont elles sont investies en discours […] Mais analyser la diversité des relations intra- et inter-discursives des discours qui transmettent des connaissances renvoie inévitablement aux conditions de production, de consommation et de circulation des textes et des interactions produits par des groupes plus ou moins restreints à l’intention de destinataires plus ou moins bien définis (BEACCO, MOIRAND 1995 : en ligne).

Dans ce paradigme, le discours du vulgarisateur ou médiateur scientifique (REBOUL-TOURÉ  2012) se caractérise par « au niveau discursif, un cadre énonciatif typique et au niveau lexical, des marques liées à la reformulation des termes spécialisés » (REBOUL-TOURÉ  2004 : 195), à travers le recours massif au discours rapporté. Le médiateur rapporte les discours premiers de la science, les modifie et les reformule afin qu’ils soient compréhensibles pour le plus grand nombre, à tel point qu’il tend à se masquer derrière ce large éventail de sources énonciatives.

Or, ces influenceurs sont des professionnels de la santé (surtout des médecins, internes, radiologues, etc.) dont l’importance dans la diffusion d’informations reconnues et certifiées par la communauté scientifique et dans la lutte contre la désinformation et la mésinformation autour de la Covid-19 a été même reconnue par les institutions européennes et par différents états nationaux[3], dans le but de s’adresser à une population jeune, voire très jeune, lors de moments clés de la pandémie. Cependant, le cadre strict de la communication médecin – patient, caractérisé par une certaine déférence épistémique du dernier envers le premier, qui jouit d’une forte confiance en raison de son statut, de sa place dans l’interaction (ORIGGI 2008) ainsi que de la légitimité des discours médicaux dans la plupart des sociétés contemporaines (FOUCAULT 2008 [1969]), est dépassé au profit d’une communication beaucoup plus large, non pas forcément sollicitée par les interlocuteurs, capable de retenir l’attention, de convaincre et de fidéliser un grand nombre d’utilisateurs des RSN, sous peine de l’invisibilité.

La pandémie liée à la Covid-19 a montré clairement les limites d’une telle conception de la confiance dans le monde scientifique et, notamment, médical, à l’échelle de la société et une méfiance croissante envers les professionnels de la santé qui, invités dans les tribunes télévisées, n’ont cessé de rappeler l’importance d’adopter une démarche scientifique avant toute prise de décision politique et dans la tenue de comportements utiles à limiter la propagation du virus. L’autorité des scientifiques semble être mise à mal et leurs recommandations sont ponctuellement mises en discussion de la part de groupes sociaux plus ou moins politisés : certes, cela ne constitue pas un phénomène complètement récent et fait l’objet de spéculations de la part de philosophes et des historiens des sciences depuis belle lurette (MORISSEAU et al., 2021), mais cette fois-ci les RSN ont joué un rôle de premier plan dans la circulation de fausses nouvelles, contribuant ainsi à effriter la confiance dans la médecine officielle et à alimenter la méfiance envers les spécialistes. Il suffit de jeter un regard rapide sur quelques chiffres concernant les productions discursives dans les RSN entre le 11 et le 19 mars 2019 pour comprendre l’ampleur du phénomène. 93% des commentaires et des posts publiés dans les RSN concernaient la pandémie de la Covid-19 ; 50% portaient sur le confinement, 13% sur les mesures de protection, 7% sur la diffusion future du virus et 5% des commentaires présentaient un soutien au personnel médical. Suivent les messages humoristiques (10%) et les fausses nouvelles et les théories du complot (4%) (AMSILI 2020). Cela rend bien compte d’une multiplication, encore plus importante qu’autrefois (REBOUL-TOURÉ   2012), des instances et des acteurs impliqués dans la circulation des discours sources et seconds (témoins, politiques, citoyens, professionnels, institutions, etc.), le panorama des internautes et des comptes dans les RSN étant fortement hétérogène. On peut raisonnablement supposer que de nouvelles relations entre science et société se configurent dans ces plateformes, et cela a des retombées sur les choix de l’analyste, comme l’affirmait par ailleurs déjà Moirand en 2007 :

[…] déplacements qui se sont produits dans les représentations de la science et de la technologie dans les sociétés démocratiques dites « avancées » ces dernières décennies, et les rapporter à l’histoire à long terme des rapports souvent conflictuels entre la science, la nature et la société. Ils ne sont pas en effet sans conséquence sur les déplacements opérés par les linguistes quant aux choix de leurs objets d’études, de leurs objectifs de recherche, et par suite des notions opératoires et des catégories de description mises en œuvre dans les analyses des discours « de » la science, « sur » la science ou « autour » de la science (MOIRAND 2007).

Dans ce cadre compliqué de relations entre monde scientifique et grand public, comment ces influenceurs – professionnels de la santé parviennent-ils à construire leur autorité dans ce que Angenot (2014) considère comme la « vaste mêlée hargneuse et haineuse » des RSN ? Quelles stratégies technodiscursives adoptent-ils pour divulguer des connaissances spécialisées tout en alimentant leur popularité et leur réputation auprès des internautes dans ces espaces virtuels ? Et, finalement, quelles configurations du discours de vulgarisation/médiation scientifique mettent-elles en place par rapport à l’autorité des influenceurs ?

 

3. Corpus et méthodologie

 

Dans le but de répondre à ces questions, je me pencherai notamment sur trois cas où les influenceurs ne sont ni des vedettes du spectacle qui entretiennent leurs profils dans les RSN, ni des influenceurs dont la professionnalité est méconnue et qui doivent en quelque sorte légitimer leur savoir-faire dans un domaine spécifique. Il s’agit plutôt de véritables professionnels de la santé (médecins et pharmacien), méconnus par le grand public, qui décident de partager leur expérience en première ligne et de divulguer des connaissances auprès de leurs followers autour du virus et des bons comportements à tenir pour faire face à la pandémie. Pour cette étude, ces comptes ont été choisis sur la base de leur nombre de followers (entre 5.000 et 100.000). En effet, parmi les influenceurs de la santé signalés dans de nombreux articles de presse comme étant particulièrement actifs pendant la Covid-19, ce sont les seuls trois professionnels de la santé qui peuvent être considérés comme des micro-influenceurs par des agences de marketing numérique comme Digimind (HEARN, SCHOENHOFF 2015, KHAMIS, ANG, WELLING 2017, SENFT 2013). Depuis au moins 2017, les micro-influenceurs sont perçus comme plus authentiques par rapport aux macro-influenceurs, ces derniers faisant plutôt l’objet de suspicions en raison des enjeux économiques sous-tendant leurs relations avec les entreprises dont ils promeuvent les produits (CHAREST et al., 2017). Les micro-influenceurs interagissent avec leurs followers qui les ressentent comme plus proches d’eux. Ainsi ils ont plus de possibilité d’engager leur communauté (BOUR 2018) et le fait d’être peu sollicités par les grandes marques en raison du nombre restreint de followers leur permet de construire une véritable relation de confiance (DE VEIRMAN, CAUBERGHE, HUDDERS 2017) avec eux. L’analyse de leurs comptes dans les RSN devrait donc permettre de montrer les stratégies technodiscursives à travers lesquelles ils parviennent à construire leur autorité et, notamment, à divulguer les termes de spécialité, dans le but ultime de lutter contre la déferlante de fausses nouvelles et des théories du complot. Et notamment, il s’agira d’étudier les comptes de :

  • Et ça se dit Médecin sur Twitter : avec ses 32.841 followers, ce jeune médecin français fait son internat en médecine et publie régulièrement (quotidiennement) des tweets concernant son activité professionnelle, mais surtout l’actualité de la pandémie vue par un médecin : il y commente les nouvelles, il lutte explicitement contre les fake news, etc. ;
  • Thefrench.radiologist sur Instagram (62.400 followers) et sur Facebook (5.995 followers): cette jeune radiologue déjà connue dans le web 2.0 avant la crise de la Covid-19 publie sur son compte Instagram des photos, des mèmes, des textes iconisés et incrustés dans des images, des fonds réélaborés du point de vue graphique (couleurs, fantaisies variées, etc.), permettant de partager son quotidien à l’hôpital, de donner des conseils de prévention et des mesures de sécurité pour ne pas attraper le virus. Instagram permet de montrer, plus que les autres réseaux, le primat du visuel sur la seule partie textuelle, que Paveau propose d’appréhender via la notion d’« énonciation matérielle visuelle » (PAVEAU 2017 : 309). À l’œuvre dans la création et la circulation des discours dans les RSN, cette énonciation est « matérielle parce qu’elle passe par l’élaboration logicielle de technographismes, et visuelle parce que l’image y est prédominante par rapport au texte, ne serait-ce que par le format de circulation (.jpg, .tiff ou tout autre format d’image) » : le rôle de l’image sur le langage y est prépondérant, ne serait-ce que pour le format des publications. Tout discours y est donc iconisé et cela ne va pas sans conséquences, tant il est vrai que « […] ler o texto visual é sempre considerar que o conteúdo se submete às coerções do material plástico e que essa materialidade também significa » (TEIXEIRA 2008 : 3). Cela contribue à brouiller les frontières traditionnelles entre codes sémiotiques et à rendre désuète la notion même de support dans les discours numériques. En outre, l’image joue un rôle central dans tout discours de divulgation scientifique : elle suscite l’intérêt du lecteur et attire son attention plus que le texte tout seul (LOURENÇO COSTA, GLÜCK 2021). Elle permet donc non seulement d’informer et de divulguer des connaissances spécialisées, mais aussi d’attirer l’attention, de séduire le lecteur, ce qui constitue une des tâches de la divulgation scientifique (CHARAUDEAU 1997) ;
  • Le Pharmacien sur Twitter (28.441 followers) et sur son blog : ce jeune pharmacien publie régulièrement des tweets où il commente l’actualité de la pandémie au Québec. Dans ce but, dans la carte des tweets (l’aperçu du lien dans le tweet) il insère des images cliquables renvoyant vers des articles sur son blog[4], dont voici quelques titres : « Savon : Corona Killer », « Masques maison : comment ça marche ». Comme on le verra, ses cartes tweet et les articles rédigés sur son site permettent de bien montrer ce processus d’iconisation du texte dans le cadre spécifique de la divulgation scientifique et d’en cerner les enjeux.

Dans un premier temps, je me penche sur les stratégies de construction d’un éthos technodiscursif de la part des trois influenceurs, et dans un second temps, sur les pratiques de divulgation des connaissances liées à la Covid-19, dans le but de montrer des mécanismes de construction de l’autorité du moins partiellement inédits et qui par là pourraient éclairer certaines dynamiques de la circulation de la confiance et de l’autorité dans le web 2.0. J’ai sélectionné les posts que les trois influenceurs ont publiés sur la Covid-19 entre le début de la pandémie en mars 2020 et fin septembre 2021[5].

 

4. Stratégies relevant de l’éthos technodiscursif

 

4.1 Les profils

 Les trois profils présentent des caractéristiques communes : données quantitatives (nombre de followers, nombre de publications, nombre sensiblement inférieur de profils suivis) fournissant aux internautes un premier indice de leur influence sur les réseaux et constituant par là de véritables « mécanismes réputationnels » ou « sceaux d’approbation » (ORIGGI 2015 : 99) ; liens pointant leurs comptes sur d’autres plateformes et leurs sites/blogs afin de fédérer une communauté de plus en plus large de followers ; et, enfin, mise en avant de leur professionnalité (« Interne en médecine », « le pharmacien … », « future radiologue ») qui les consacre en tant qu’experts du secteur médical. Cette expertise est par ailleurs mise en avant par le choix de l’image profil de Et ça se dit médecin, qui le saisit au premier plan avec un masque et sa blouse de médecin, alors que Thefrenchradiologist opte pour un simple selfie, qui ne nous dit rien sur sa profession. Le Pharmacien adopte une stratégie intermédiaire qui consiste dans le choix d’un dessin-avatar qui, d’un côté, trahit le ton informel et presque ludique de ses publications, de l’autre, met en avant sa profession de pharmacien, comme le nom de son compte l’indique clairement.

 

Tant Thefrenchradiologist que Le Pharmacien explicitent leurs objectifs : balancer des news de santé l’une et simplifier la science en luttant contre la pseudoscience l’autre, celui-ci ayant choisi comme image de fond un dessin représentant la lutte des professionnels de santé contre le coronavirus. Dans le cas de Et ça se dit médecin c’est plutôt le nom même du compte qui permet de reconnaître la volonté de traiter de questions médicales dans Twitter, en combinaison bien évidemment avec la mention de la profession (« Interne en médecine ») et la photo du profil. Ce pseudonyme s’éloigne un tant soit peu de la forme nominale typique des noms des comptes des utilisateurs Twitter. Il s’agit plutôt d’un énoncé qui, par son contenu propositionnel et par sa forme (et notamment la conjonction de subordination « Et » en début d’énoncé), inscrit une dimension polyphonique renvoyant, sans doute de manière polémique, aux nombreux discours sur la santé tenus par des non-spécialistes dans Twitter tout comme dans les autres réseaux socio-numériques. Cet énoncé montrerait son opposition à ces discours qui ne sont pourtant ni dits ni représentés, et permet de mettre en avant l’autorité dérivant de l’appartenance à la catégorie professionnelle des médecins, dont il se fait vraisemblablement le porte-parole, comme semble indiquer également le choix de la structure impersonnelle régie par le démonstratif « ça ».

En dépit des différences propres à chacun et aux plateformes, leurs présentations sur les profils permettent de les identifier en tant que professionnels de santé et par là en quelque sorte les légitimer à diffuser des informations et des connaissances liées au coronavirus. Ces profils constituent donc bien une première strate du processus de légitimation[6] de ces influenceurs où données quantitatives et informations personnelles se conjuguent ici pour consacrer leur statut d’individus en mesure de fournir et de divulguer des connaissances de spécialité dans un espace de discours qui peut être représenté comme conflictuel.

4.2 Le quotidien en première ligne contre la Covid-19

 Le partage de leur vie professionnelle dans les hôpitaux où ils luttent en première ligne contre la Covid-19 constitue la stratégie de légitimation la plus répandue, et cela de manière transversale dans les comptes analysés. C’est une sorte de légitimation dérivant de l’expérience et de l’appartenance au groupe professionnel que, surtout pendant les premières phases aiguës de la pandémie, la rhétorique médiatique et politique a souvent comparé à des héros, à des combattants au front, etc., en filant la métaphore guerrière. Cela est bien montré par le post suivant :

 

L’héroïsation du personnel soignant est évidente tant au niveau visuel qu’au niveau du texte d’accompagnement où le recours à l’impératif « Résiste ! » fait probablement écho à la métaphore guerrière si diffusée au début du confinement. « Restons motivés et solidaires » permet enfin d’inscrire en discours un sentiment communautaire, englobant tant le personnel que les internautes sur la base d’un esprit solidaire, ce qui est bien montré par l’une des réponses, où les mots d’encouragement sont accompagnés d’émoticônes de petits cœurs permettant de représenter le soutien moral du scripteur. Ce sentiment communautaire se manifeste par ailleurs aussi à travers le partage de moments de vie professionnelle, à première vue moins significatifs, comme dans le post suivant :

 

Le partage de petits moments de vie professionnelle devient ainsi l’occasion pour rappeler les gestes barrière ainsi que les précautions prises par le personnel hospitalier dans le respect des normes anti-Covid-19. Par ailleurs, comme on peut le remarquer, dans le texte d’accompagnement, la progression textuelle est signalée par l’ajout d’icônes qui non seulement montrent la tendance plus générale à l’iconisation du texte, mais aussi à faciliter la lecture et à attirer davantage l’attention des abonnés sur la partie textuelle. Dans le compte de Et ça se dit Médecin, cette inclusion dans la communauté des professionnels de santé passe à travers un certain militantisme. Il supporte ainsi les manifestations du personnel hospitalier et leurs revendications, comme le montre ce retweet, qui n’est qu’un exemple des nombreux tweets où il partage des informations toujours de soutien aux manifestations du personnel soignant. Ces retweets s’enchaînent les uns après les autres et souvent ils concernent la même manifestation ou le même événement raconté par plusieurs médias ou twitteurs, qui partagent et soutiennent les revendications des contestataires. Dans la plupart des cas, le médecin influenceur n’ajoute pas de commentaire personnel, comme dans l’exemple suivant :

 

La nature hybride du point de vue sémiotique des tweets (affichant l’image de la carte Twitter au-dessous de la partie textuelle) et les nombreuses voix convoquées (médias et médecins, infirmiers -twitteurs surtout) exhibant une pluralité de positions en faveur du personnel soignant concourent à montrer plutôt qu’à dire (Ducrot 1972) une adhésion généralisée aux revendications. La quasi absence du texte d’accompagnement rédigé par le médecin-influenceur ne ferait que renforcer cet effet de généralisation en ce que l’influenceur se pose plutôt comme simple témoin, un porte-parole d’un état des faits montré par les images et commenté par des points de vue autres, qu’il se limite à mettre en scène sur son fil Twitter à travers les retweets. La plupart du temps, ces points de vue autres se manifestent tant dans les parties textuelles que dans les aperçus des images, ce qui crée un certain effet de foisonnement énonciatif dont le positionnement par rapport aux revendications est toujours unanime et partagé.

Cette interprétation me semble confirmée par le fait qu’aucune réaction contraire à ces nouvelles ou commentaires partagés n’est publiée par les abonnés qui, en revanche, expriment leur approbation par des clics sur le bouton « j’aime ».

La création d’une communauté discursive peut passer aussi par des indices moins explicites comme c’est le cas des deux mèmes suivants, partagés par Le Pharmacien. Ils exploitent ainsi l’intelligibilité immédiate (GAL et al. 2015) garantie par les mèmes tout comme leur potentiel humoristique pour parler de la Covid-19.

 

 

Cela est d’autant plus vrai que les mèmes utilisés appartiennent à des séries mémétiques bien connues (les séries « Marie-Antoinette » et « déception ») et maintes fois réadaptées à différents événements et situations. Ainsi permettent-ils de faire référence de manière humoristique à des aspects de la pandémie faisant l’objet d’une forte résonance médiatique et, en ce qui concerne le premier, au patrimoine mémoriel historique des Français. L’effet de connivence créé par l’humour véhiculé par ces mèmes inscrit en discours une communauté idéale, aux limites floues, mais partageant le même regard sur l’actualité et légitiment et valident, en retour, la parole des influenceurs en tant que membres « éclairés » de ce groupe.

 

5. Trajectoires horizontales de construction de l’autorité

 

Je parle de trajectoires horizontales de construction de l’autorité puisque, comme je l’ai montré ailleurs (Vicari 2021), l’autorité des influenceurs repose essentiellement sur des procédés ménageant maîtrise de savoirs spécialisés et exigence de réduction de la distance entre eux et leurs followers. Dans ce cas, les deux procédés qui me paraissent particulièrement représentatifs du processus de construction de l’autorité autour de la Covid-19, à savoir la lutte aux fausses nouvelles et des stratégies particulières de diffusion des connaissances spécialisées, rendent bien compte de cette double nécessité.

5.1 La lutte aux fausses nouvelles

 La pandémie liée à la Covid-19 est déjà devenue un cas emblématique de désinformation dans les réseaux socio-numériques qui semblent avoir contribué à la diffusion de fausses nouvelles autour du virus et de la maladie (MONNIER 2020) à tel point que le 2 février 2020 l’OMS a parlé d’« infodémie ». Professionnels de santé, médecins, infirmiers se sont mobilisés et ont insisté à maintes reprises sur la nécessité de limiter ce phénomène. Or, dans les trois cas qui nous occupent, cette lutte à la désinformation passe par la reprise plus ou moins explicite des fausses informations pour ensuite en montrer le mal-fondé :

 

Dans ce tweet, l’influenceur représente la fausse nouvelle comme un pseudo-discours cité textuellement, entre guillemets, et la démonte à partir d’une comparaison avec une proposition dont le caractère absurde est évident. Le discrédit passe alors par la reconnaissance de cette évidence tout comme par l’ironie déclenchée par le rapprochement entre les deux propositions. Dans d’autres cas, la reprise des fausses nouvelles peut se faire à travers le texte en combinaison avec la carte tweet et par là exploite différentes potentialités des productions technodiscursives du point de vue icono-énonciatif. Dans l’exemple suivant, on peut en effet identifier trois niveaux énonciatifs correspondant aux strates ou parties du tweet : celui du texte d’escorte, qui nie la fausse nouvelle sans l’énoncer explicitement et fonctionne à l’instar d’anticipation des contenus de l’image. L’absence de déictiques (exception faite par l’emploi du tu générique dans les ordres), l’emploi de l’impératif et du présent de vérité générale signalent une énonciation généralisante, établissant un état de fait tout comme des recommandations à suivre. C’est seulement dans l’image que le lecteur trouvera la liste de fausses informations autour de la prévention de la Covid-19 par des habitudes alimentaires. L’affiche est susceptible de rapporter les conseils d’un soi-disant spécialiste en nutrition. Le suremploi de termes de spécialité semble conférer au texte un caractère (pseudo-)scientifique, surtout face aux simples recommandations que les autorités suggèrent aux citoyens et dont l’influenceur se fait le porte-parole. Sur cette affiche s’étale « faux » sur un fond rouge : si c’est bien l’influenceur qui l’ajoute, du point de vue graphique, aucune marque ne permet de rattacher ce jugement à son énonciateur et, par-là, il semble relever d’une énonciation neutre et généralisante, issue du simple bon sens :

Si dans ces exemples les influenceurs reprennent les fausses nouvelles pour les démentir, dans de nombreux cas ils se limitent à les nier, sans donner d’explications ou sans les expliciter dans leurs posts, comme cela arrive dans les tweets suivants :

 

 

Si dans le premier exemple, la fausse nouvelle est rapportée à travers la négation, dans les deux derniers exemples, la reprise de la fausse nouvelle se fait via un procédé ironique ridiculisant les positions anti scientifiques sans les citer textuellement. Encore une fois cela permet la construction discursive d’une communauté qui non seulement comprend la référence à ces positions largement diffusées dans l’espace médiatique, mais aussi qui partage le point de vue de l’influenceur.

5.2 Stratégies de diffusion des connaissances spécialisées

 La lutte aux fausses nouvelles se conjugue volontiers avec la volonté de diffuser des connaissances spécialisées. Dans ce but, ils peuvent justifier par une argumentation plus développée leurs affirmations en recourant à des explications entrant dans le détail du fonctionnement de la maladie ; dans ce cas, c’est la fausse comparaison entre Covid-19 et Sida qui est démontée :

À la suite du premier tweet qui accueille une image reproduisant encore une fois les on-dit non scientifiques ainsi que leur réfutation sous forme d’énoncé péremptoire, le texte présente le long de 5 tweets un degré faible de spécialisation en ce qui concerne l’emploi des termes. Les indices linguistiques et discursifs dénoncent clairement le primat de l’intention didactique sur la simple volonté de démentir, et notamment : les organisateurs textuels (« en effet », « car », « donc », «  de même », etc.) montrent la progression d’une démonstration logique par étapes ; les modalisateurs « grossièrement » (tweet 2) et « par exemple » (tweet 3) montrent l’adaptation des dires à un public non spécialiste via le recours, dans le second cas, au procédé d’exemplification plutôt qu’à l’explication scientifique du processus d’immunisation naturelle ; enfin, l’emploi du nous (« nous n’avons de vaccins… », « notre organisme… », « notre corps… ») permet au scripteur d’inclure dans le discours les lecteurs tout comme de généraliser les propos à l’ensemble des êtres humains.

À peu près le même procédé est utilisé par la radiologue, comme le montre le post Facebook suivant, qui présente l’avancement de l’argumentation sous forme de liste contenue dans un tweet de son compte Twitter qu’elle partage sur son mur Facebook, dans ce qu’on peut considérer comme une pratique d’autocitation plutôt diffusée parmi les influenceurs et qui permet, entre autres, de promouvoir leurs comptes sur les différentes plateformes :

Considérée comme l’une des formes dialogiques par excellence (BRES 1999), la négation (DUCROT 1980, 1984 ; BERRENDONNER 1981) ouvre le texte du post et, d’entrée de jeu, confère une certaine charge polémique à la publication. En effet, les deux négations font bien écho à nombre de discours d’anti-vax, auxquels elles répondent, même de manière ironique, sans pourtant les citer directement. Elles réfutent des idées reçues, des on-dit sur les vaccins ARNm tout en mettant en évidence le caractère ridicule de ces discours. Dans la capture d’écran du tweet, la radiologue explique, en le simplifiant, le procédé de fonctionnement des vaccins ARNm. Bien qu’elle introduise son explication par « Pour faire simple », les termes « noyau » et « cytoplasme », « code génétique » ne sont ni expliqués ni reformulés : l’influenceuse se concentre plutôt sur le fonctionnement du vaccin qui fait l’objet de nombreuses fausses nouvelles. Le but est surtout de lutter contre celles-ci à travers un message clair et concis, plutôt que d’instruire le lecteur sur la nature de la cellule. Par ailleurs, ces termes sont largement diffusés dans l’espace interdiscursif[7] délimité par les discours médiatiques et digitaux autour des vaccins, même parmi les non professionnels qui n’en connaissent pas vraiment le sens précis. Dès lors, la simplification du processus ainsi que l’absence de reformulations ou de définitions terminologiques permettent de créer un effet de plus grande proximité entre elle et son public de followers.

5.3 De quelques reformulations des termes de spécialité

Si la reformulation constitue l’un des paliers de la vulgarisation scientifique au point qu’il est possible d’identifier de véritables paradigmes désignationnels (MORTUREUX 1993), dans le corpus analysé, il est très rare que des termes de spécialités soient explicitement reformulés suivant un des modèles prototypiques (STEUCKARDT, NIKLAS-SALMINEN, 2003), qui présente sur l’axe syntagmatique un terme reformulé relié à un terme reformulant (ou vice-versa) par le biais d’un connecteur de reformulation (X c’est-à-dire Y). Tout en assurant une compréhension plus large des termes utilisés, ce type de reformulation permet souvent aux scripteurs de créer d’eux-mêmes un éthos de détenteurs du savoir, sachant habilement adapter le discours de spécialité aux contextes de communication grand public (JANOT, 2014), comme cela arrive clairement dans le tweet suivant, où la reformulation (d’un terme par ailleurs plutôt transparent et largement diffusé en dehors des cercles des professionnels) est accompagnée de la mention très générique d’une étude scientifique étayant le discours sur la base de l’autorité scientifique :

 

Chez thefrench.radiologist, ce genre de reformulations se retrouve surtout sur Instagram. Elle partage souvent ce qu’elle présente comme étant ses notes de cours, ce qui lui permet de partager le quotidien de sa vie professionnelle, de montrer la progression de ses études et de sa carrière et d’y inclure par-là ses followers.

 

Dans ce cas, la photo de ses « notes » propose une image simplifiée des poumons avec une légende. À ce stade, l’image permet d’associer les parties de l’organe aux dénominations de spécialité. La partie textuelle fournit une série de « reformulations définitoires »[8] (CANDEL 1995 : 34) permettant aux lecteurs non spécialistes de saisir le mécanisme de fonctionnement des poumons. Pour ce faire, la radiologue recourt à plusieurs stratégies : les incises qui introduisent le terme de spécialité (« Lobes supérieur moyen… »), l’ajout d’un marqueur d’équivalence (« un tuyau =… ») et des marques typographiques signalant le recours à l’autonymie (« sacs ») et la comparaison (« comme une bulle »). Partie iconique et partie textuelle contribuent à ce qu’on peut considérer comme une reformulation généralisée des savoirs scientifiques et leur superposition crée un effet de redondance reformulatoire se déployant à tous les niveaux des posts. Si l’intention didactique est prépondérante, plus fréquemment, les reformulations intéressent des termes moins scientifiques, plus techniques et directement liés à l’acquisition de compétences procédurales dont l’utilité est perçue comme étant immédiate. C’est le cas du post suivant, où les termes reformulés sont les sigles concernant les tests pour relever la présence d’anticorps de la Covid-19, « Trod » et « PCR » :

La visée pratique et pragmatique des reformulations est révélée tant par le choix des termes reformulés que par les procédés de reformulation. Si les énoncés reformulants se limitent à expliciter les sigles, dans la suite, la radiologue explique le processus et fournit davantage d’informations nécessaires à comprendre le type de test qu’il faut faire suivant les différentes situations, tout comme le procédé de leur application. Comme cela arrive souvent dans les posts de thefrench.radiologist, le texte est ponctué d’icônes remplissant différentes fonctions : garantir une meilleure lisibilité des paragraphes, donner des instructions sur la nature des contenus qui les suivent (le smiley avec la loupe, le triangle « attention », l’épinglette) et, finalement, conférer au texte un ton plus informel, atténuant sans doute la perception d’une hiérarchie entre l’influenceuse (en train d’expliquer des informations procédurales) et ses followers. La présence de l’image à gauche permet en outre de reconnaître immédiatement le type de test pour faciliter la compréhension de la part de ses lecteurs.

Cet effet de redondance reformulatoire ainsi que la visée pratique sont encore plus évidentes dans le blog du Pharmaciste, où il est possible de relever plusieurs strates reformulatoires qui se superposent et se succèdent l’une l’autre. Dans l’extrait suivant, l’influenceur part d’une question portant sur une nécessité de type pratique (le fait de porter un masque) et y répond par le biais d’un texte fortement iconisé présentant plusieurs types de reformulations. Dans l’image, les micro- et les grosses gouttelettes font l’objet d’une première reformulation par l’exemple : « (ex. quand on respire…) », « (ex. tousser…) », qui ne permet pas de saisir la nature du reformulé, mais plutôt de comprendre comment ces gouttelettes se transmettent. Les reformulants ne constituent pas des hyperonymes des reformulés, exception faite par la présence de la modalité autonymique (« appelées aérosols »), reprise dans la légende en bas ; elles pointent plutôt des exemples quotidiens et immédiatement intelligibles par les non spécialistes. Qui plus est, ces gouttelettes sont dessinées (en vert), ce qui facilite davantage la compréhension et rend l’explication encore plus concrète :

Comme la partie textuelle en bas le montre, entre les images, les portions textuelles présentent de nombreux liens hypertextuels, ce qui permet de créer un véritable « discours hypertextualisé », à savoir « un discours relié à d’autres discours, c’est-à-dire un ensemble interdiscursif plus large, contenant des points de rencontre concrétisés par des hyperliens » (SIMON 2018 : 7). L’on y trouve des liens vers des revues en ligne de divulgation scientifique de moyen et haut niveau comme « Science X »[9] ou la section scientifique du The Guardian[10], tous en langue anglaise. Ces liens remplissent une fonction définitoire ou d’approfondissements de concepts et globalement permettent un dédoublement énonciatif grâce auquel les sources convoquées cautionnent le discours de l’influenceur. Ils créent un double niveau de lecture susceptible d’atteindre un plus grand nombre de lecteurs, des plus ou moins profanes, francophones ou anglophones. La coprésence de différents niveaux de spécialisation permise par le discours est bien montrée par la représentation iconique du virus choisie par Le Pharmacien. Il part de la représentation la plus connue et diffusée dans les médias[11], créée par Alissa Eckert et Dan Higgins, à la demande du Center for Disease Control and Prevention, dans le but d’attirer l’attention du public (GIAIAMO 2020 : § 3). Cette image met l’accent sur la protéine Spike qui serait à l’origine du caractère extrêmement dangereux du virus et dont les discours médiatiques ont abondamment parlé pendant la pandémie. Dans la suite, l’influenceur élabore des images encore plus éloignées de celles qui sont observables au microscope, jusqu’à représenter le virus comme un soldat armé d’un pistolet, avec des cheveux et des moustaches, « superpuissant et indestructible ».

 

La simplification va de pair avec la personnification du virus, auquel il attribue des qualités typiquement humaines (la patience), tout comme une certaine intentionnalité tant au niveau iconique qu’au niveau verbal, comme on le voit dans les légendes et les textes explicatifs :

Quand il est sur des surfaces, ou sur tes mains, il est temporairement inoffensif.
Mais il est TRÈS patient. Il attend juste le bon moment de t’entrer dans la face[12].

La double possibilité de lecture permise par le discours largement hypertextualisé de ces textes contrebalance cette tendance à la simplification et favorise ainsi la possibilité d’atteindre un public plus vaste, dont les compétences en matière médicale sont fort variées.

 

6. En guise de conclusion

 

L’espace interdiscursif visibilisé (ROSIER 2020) qui se dessine en creux le long de ces publications permet fondamentalement la construction de la confiance nécessaire pour que leurs discours puissent fonctionner comme de véritables discours d’autorité dans les RSN. Et notamment, cet espace est constitué d’un côté, par des liens hypertextuels pointant des magazines scientifiques et/ou de vulgarisation scientifique de haute qualité, et de l’autre, par des références plus ou moins explicites (surtout via des négations dialogiques) aux on-dit présentés comme faux et non scientifiques autour de la Covid-19 et des vaccins. Les influenceurs saturent cet espace par des stratégies variées qui exploitent les différentes potentialités des RSN et qui font dialoguer ces deux types de discours dans le but de délégitimer le premier et de divulguer et défendre le second. Pour ce faire, loin d’effacer les traces de leur présence derrière des voix institutionnelles ou professionnelles, ils n’hésitent pas à mettre en avant leur propre expérience quotidienne dans la lutte au virus et à afficher leur propre formation professionnelle, leur statut d’experts, qui leur permet de se faire les porte-parole des discours médicaux et institutionnels.

Néanmoins, cette expertise construite au fil des posts et des tweets à travers leurs éthè technodiscursifs tout comme les différents procédés de divulgation des connaissances et des termes de spécialité, n’empêche pas la construction d’une communauté discursive à géométrie variable et sans doute éphémère, regroupant tant les influenceurs que leurs followers. L’ensemble des procédés technodiscursifs analysés témoigne en effet de la co-construction d’un discours d’autorité fondé tant sur la maîtrise de savoirs de spécialité que sur la capacité d’inclure leurs followers dans un groupe partageant le même point de vue sur les nombreuses questions médicales d’actualité traitées.

Finalement, ces analyses confirment la tendance à l’abandon d’un modèle vertical et unidirectionnel de vulgarisation scientifique dominant depuis le XIXe siècle au profit du paradigme ou, du moins, du type de discours (WYNNE 2006) relevant davantage de la médiation scientifique (BERGERON 2016), qui fait florès depuis les années 1970. Ce dernier modèle prône la participation active du public (dans le contexte plus large de la popularisation de la science) et, par conséquent, trouve un terrain particulièrement fertile dans les outils du Web 2.0. Ceux-ci favorisent en effet les échanges effectifs entre les influenceurs et leurs abonnés que, dans le cadre des discours de vulgarisation scientifique des médias traditionnels, Moirand et al. (2016 : 149) considéraient comme des « publics qui n’ont pas une parole autorisée ».

Mais on peut aller plus loin. Ces outils semblent entraîner une certaine peoplisation du discours scientifique (comme cela a déjà été remarqué pour le discours politique, DAKHLIA 2007) qui n’est néanmoins pas exclusive des outils du Web 2.0, comme les émissions des médias traditionnels (télévision et radio) l’ont bien montré pendant les phases aiguës de la pandémie de la Covid-19. Spectacularisation de la vie privée et professionnelle des influenceurs, recours à un style informel établissant des effets de proximité avec les abonnés, création d’une connivence par l’inscription en discours d’une communauté partageant les mêmes points de vue sur les faits se conjuguent à des stratégies reformulatoires plurisémiotiques amenant à un certain éclatement des genres de discours de vulgarisation et de médiation. Cette peoplisation repose sur des rituels technodiscursifs dont les enjeux dans la construction de l’autorité des énonciateurs vont au-delà du simple constat d’une

perte des repères traditionnels en matière culturelle qui conforte l’émergence d’un phénomène majeur : la fin (ou du moins la diminution de l’influence) des médiateurs et des intermédiaires (la « désintermédiation » dans le jargon des spécialistes) et d’une perte généralisée du « rôle des professionnels et des experts » (RIEFFEL 2014 : 265).

Quitte à confondre discours public, caractérisant toute production discursive dans le Web 2.0, bien que dans des degrés variables, avec discours visible, présupposant une certaine compétence sociale et techno-relationnelle permettant la fidélisation d’un grand nombre d’abonnés.

 

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[1] Pour la distinction entre crédibilité et légitimité voir Charaudeau (2005).

[2] Voir, à titre d’exemples, le lexique du Gouvernement du Canada : https://www.btb.termiumplus.gc.ca/publications/covid19-fra.html et celui du Ministère de la Culture français : https://www.culture.gouv.fr/Actualites/Coronavirus-les-mots-pour-le-dire.

[3] Il suffit de rappeler les nombreux appels aux influenceurs pour sensibiliser les gens au port du masque de la part des gouvernements américain, allemand, québécois, français et italien.

[4] L’adresse du blog est : https://lepharmachien.com/covid-19-savon-alcool/.

[5] Pour Thefrench.radiologist : 35 post sur Instagram et 45 sur Facebook ; pour Et ça se dit médecin : 224 tweets ; pour Le Pharmacien, 83 tweet et les pages de son blog.

[6] Par légitimation j’entends le « résultat d’une reconnaissance par d’autres de ce qui donne pouvoir de faire ou de dire à quelqu’un au nom d’un statut » (Charaudeau 2005 : 52).

[7] Par interdiscours je retiendrai la définition qu’en donne Maldidier (1993), à partir des travaux de Pêcheux : « Plus simplement, on peut, en s’appuyant sur Michel Pêcheux lui-même, le [l’interdiscours] définir en disant que le discours se constitue à partir de discursif déjà-là, que ‘ça parle’ toujours avant, ailleurs et indépendamment ».

[8] « Ce que nous appelons discours définitoire et informatif est constitué de l’ensemble des énoncés dans lesquels transparaît une activité définitoire ou, plus généralement, une réflexion sur les mots permettant de mieux appréhender leur sens » (CANDEL 1995 : 34).

[9] https://www.science.org/news/2020/04/you-may-be-able-spread-coronavirus-just-breathing-new-report-finds.

[10] https://phys.org/news/2020-08-effectiveness-masks.html https://www.theguardian.com/world/2020/apr/06/when-will-coronavirus-vaccine-be-ready.

[11] Comme le souligne le rapport du The New York Times, « The Spiky Blob Seen Worldwide. How C.D.C medical illustrators created the coronavirus pandemic’s most iconic image », disponible à l’adresse suivante : https://www.nytimes.com/2020/04/01/health/coronavirus-illustration-cdc.html.

[12] Rouge et grasseyé de l’original.

[13] Tous les liens bibliographiques ont été vérifiés le 19.12.2021.


 

Per citare questo articolo:

Stefano VICARI, « Quand les médecins deviennent influenceurs : la vulgarisation des termes de la Covid-19 dans Facebook, Instagram et Twitter », Repères DoRiF, n. 25 – Le lexique de la pandémie et ses variantes, DoRiF Università, Roma luglio 2022, https://www.dorif.it/reperes/stefano-vicari-quand-les-medecins-deviennent-influenceurs-la-vulgarisation-des-termes-de-la-covid-19-dans-facebook-instagram-et-twitter/

ISSN 2281-3020

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