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Danielle LONDEI

 

Avertissement

 

 

Nous partirons de loin : qu’est-ce que l’intelligence ? Il n’en existe qu’une seule, la nôtre, terme de comparaison de toutes les autres activités cérébrales présentes dans la nature ? En fait, il existe autant de définitions que de chercheurs qui s’en occupent. Stefano Mancuso, directeur du Laboratorio Internazionale di Neurologie Vegetali de Florence, répond avec un typique discours  académique : « Moi, en qualité de botanique, j’ai une idée de l’intelligence qui a peu à faire avec celle humaine : pour moi c’est la capacité à affronter et à résoudre des problèmes. Les plantes y réussissent très bien, et donc,  de mon point de vue, ce sont des êtres intelligents ». Humaine, animale ou végétale, individuelle ou collective, naturelle ou artificielle, les possibles intelligences se multiplient, se poursuivent, se reconnaissent les unes et les autres, à l’intérieur d’un dialogue idéal.

Une découverte récente liée à la pandémie a mis en évidence que lorsque les individus ont été soumis à diverses formes d’isolement, nous avions en fait besoin de l’intelligence des autres pour améliorer nos propres points de vue. Avec les confinements les évaluations du QI ont commencé à diminuer, pour ensuite revenir aux niveaux initiaux lorsque les mesures d’isolement ont été enlevées : nous avons besoin des autres pour améliorer notre propre intelligence individuelle ! Il s’agit d’une forme d’intelligence collective. Les êtres vivants ont besoin d’être inclusifs pour affronter et résoudre des problèmes.

Nous en arrivons au concept d’intelligence collective, soit se confronter avec les autres aide à effacer des idées erronées et nous donne une perception plus représentative du monde. Cela est très utile parce que cela nous permet de mieux focaliser les problèmes et de les résoudre. La synchronisation des cerveaux, c’est-à-dire les courants électriques qui traversent 86 milliards de neurones de notre cerveau, se présentent sous formes d’ondes, lorsque nous pensons et éprouvons des émotions. Ainsi, un groupe de personnes qui travaillent ensemble, qui interagissent pour résoudre des problèmes communs en échangeant des informations, des données, des concepts, fait que leurs ondes cérébrales finissent par se synchroniser. Nous avons commencé à apprécier le sens de communauté des savoirs et combien l’intelligence collective offre beaucoup plus qu’une approche individualiste. Certains chercheurs soutiennent que le genre humain est en train de traverser une transition évolutive, également à cause des nouvelles technologies, des apports en perspective de l’IA : depuis les software pour les réunions à distance aux réseaux sociaux, aux services de transports, ces nouveaux moyens nous aident à communiquer, calculer, partager nos expériences, à créer un “esprit mégaconnecté”.

Si ces quelques indices de réflexions peuvent avoir un intérêt reportés à une question micro, c’est sans doute à cause des ramifications, même apparemment lointaines, qui inspirent ces changement d’orientation dans tous les domaines : dans ce cas, accueillir un premier numéro « Varia » dans une revue à vocation thématique depuis sa naissance, qui voulait être l’émanation des recherches de groupes qui caractérisaient l’organisation de notre association Dorif-Università.

Il serait banal et trompeur d’en rester au principe d’offrir un lieu d’accueil pour des articles qui n’auraient pas trouvé dans les numéros précédents ou en cours de la revue une place d’insertion.

De manière sans doute inconsciente, nous avons perçu, comme ce fut le cas des numéros spéciaux et des « Ateliers », qu’une dimension nouvelle d’ouverture manquait, que des points de vue hors des groupes disciplinaires existants, devaient pouvoir être pris en compte. En outre, la coïncidence temporelle entre la production de textes de la part de chercheurs et leur collocation pouvaient ne pas coïncider avec la programmation . L’important, nous semble-t-il, est de nous synchroniser avec ces recherches, de nous connecter avec celles-ci, de maintenir des « repères » des recherches en cours,  pour  assurer une « intelligence des recherches en acte », une intelligence informative qui offre à nos lecteurs, sinon une résolution de problèmes, au moins l’identification de problématiques pluri-interdisciplinaires, la conscience de celles-ci, pour pouvoir les prendre en compte de manière diffuse, si nous sommes convaincus que là se situe le principe d’une revue associative, qui par essence est à vocation collective.

Avons-nous eu raison de faire ce pas prospectif ? Celui-ci se justifie-t-il ? et si oui, faudra-t-il à l’avenir en tenir compte régulièrement ?

A vous, lecteurs et lectrices, de le dire.

 


Per citare questo articolo:

Danielle LONDEI, « Avertissement », Repères DoRiF, numéro hors-série Varia, DoRiF Università, Roma, febbraio 2024, https://www.dorif.it/reperes/danielle-londei-avertissement/

ISSN 2281-3020

Quest’opera è distribuita con Licenza Creative Commons Attribuzione – Non commerciale – Non opere derivate 3.0 Italia.