Marie-France MERGER
Les Cahiers d’Esther de Riad Sattouf : une certaine représentation de l’oralité
Marie-France Merger
Université de Pise
Résumé
Cet article étudie les éléments choisis par Riad Sattouf pour représenter l’oralité dans les 7 albums de bandes dessinées Les Cahiers d’Esther (dont le premier Histoires de mes 10 ans a paru en 2016 et le dernier Histoires de mes 16 ans en 2022). Avec l’emploi délibéré de certaines marques de l’oralité comme l’utilisation du verlan, des marqueurs discursifs et des ponctuants, l’auteur a obtenu l’effet de réel des dialogues et a caractérisé le parler jeune du groupe d’adolescents dont fait partie Esther. Enfin, en choisissant certains traits stéréotypés, Sattouf est arrivé à la stylisation du personnage d’Esther.
Abstract
This article examines the elements chosen by Riad Sattouf to represent orality in the 7 comic strip albums Les Cahiers d’Esther (the first of which, Histoires de mes 10 ans, was published in 2016 and the last, Histoires de mes 16 ans, in 2022). With the deliberate use of certain oral marks such as verlan, discourse markers and punctuation marks, the author has achieved the real-life effect of the dialogues and characterised the youthful speech of the group of teenagers to which Esther belongs. Finally, by choosing certain stereotypical traits, Sattouf has stylised the character of Esther.
Au début de l’année 2016 Riad Sattouf publie Les Cahiers d’Esther Histoires de mes 10 ans, un album qui recueille les planches qu’il dessine chaque semaine dans l’hebdomadaire L’Obs entre octobre 2014 et octobre 2015. Six albums vont suivre, le dernier, Histoires de mes 16 ans, étant sorti en mai 2022. Riad Sattouf s’inspire des anecdotes – prétendues réelles – que lui confie la fille d’un couple d’amis et met en scène le quotidien d’une enfant, qui va grandir et devenir une adolescente, contrairement au personnage de la série Titeuf qui, né sous la plume de Zep, alias Philippe Chappuis, est toujours âgé d’une dizaine d’années. La bande dessinée se caractérisant par sa conception principalement orale, nous étudierons comment Riad Sattouf représente l’oralité dans ces albums, comment il met en scène une oralité particulière, celle de jeunes adolescents. Les dialogues contenus dans les bulles constituant une grande partie – si ce n’est la plus grande – du texte de la BD, nous analyserons les éléments choisis par l’auteur comme étant susceptibles de représenter la réalité linguistique et communicative d’Esther et du monde dans lequel elle vit et grandit. S’il est impossible de représenter fidèlement tous les traits de l’oral, les bulles contiennent néanmoins « des énoncés ancrés dans un contexte iconique et fournissent une représentation de l’oral spontané filtrée à la fois par une stylisation et par la trace écrite » (GIAUFRET 2013).
Corpus
Notre corpus est constitué des 7 albums publiés jusqu’à aujourd’hui, le premier étant Histoires de mes 10 ans,[1] et le dernier Histoires de mes 16 ans publié en mai 2022. Chaque album est consacré à une année scolaire de la vie d’Esther. Dans le premier, sa famille de classe moyenne est composée de son père qui est professeur dans une salle de sport, de sa mère qui travaille dans un cabinet d’assurances et de son frère aîné Antoine qui est au collège ; Esther est en CM1 dans une école privée. Dans le deuxième album, Esther 11, la famille s’agrandit avec la naissance de Gaëtan. Ils habitent à Paris. Dans Esther 12, après avoir passé un test, Esther entre en 6e dans un collège de prestige, un « collège de bourges » (Esther 13 : 14) dit-elle, dans le centre de Paris.
Les Cahiers d’Esther sont des albums de 54 pages dont le format est plus grand (24 cm x 30,5 cm) que celui des albums traditionnels. La mise en page est régulière, les cases sont assez petites et toutes les planches ou presque sont divisées en quatre bandes ayant la même dimension : c’est le modèle dit du ‘gaufrier’. Le récit se trouve ainsi « vectorisé à l’intérieur d’une sorte de ‘ruban défilant’ de hauteur constante » (GROENSTEEN 2011 : 44). Rares sont les vignettes surdimensionnées et les images bandeaux (ou cases paysages) où la planche coïncide avec une unique colonne.
Riad Sattouf est un adepte de la ligne claire qui désigne « au sens le plus restrictif, le style d’Hergé, et, dans son acception la plus large, une mouvance aux contours assez flous regroupant de nombreux artistes de bandes dessinées et illustrateurs animés par un même souci d’épure, de lisibilité » (GROENSTEEN 2013). Dans Les Cahiers d’Esther les dessins sont rehaussés d’aplats colorés, le dessinateur utilisant des couleurs pâles : gris-bleu, vert, gris, beige avec des vignettes en rouge et noir pour souligner les moments les plus saillants au niveau narratif.
Très souvent Riad Sattouf ajoute en surimpression des indications fléchées qui peuvent apporter une explication ou un commentaire : « Apparemment Claire aurait trahi Abdou avec un garçon de son centre aéré » (Esther 10 : 41). Elles peuvent ajouter une pensée (le plus souvent d’Esther) : « Eugénie elle déteste sa mère, c’est bizarre » (Esther 10 : 17). Parfois elles soulignent un fait comme dans l’exemple suivant : « Et je me suis refait cette coiffure à l’ancienne » (Esther 13 : 14).
Ces indications fléchées peuvent être vues aussi comme une sorte d’appel au lecteur « par où la bande dessinée manifeste qu’elle se sait regardée », un élément qui « appelle le lecteur à prendre conscience de l’activité qui est la sienne », une procédure que Groensteen (1990) appelle « l’égospection du code ».
Dans la bande dessinée le visuel traduit le sonore : les bulles possèdent un volume sonore qui est exprimé par le graphisme. Ainsi Riad Sattouf écrit parfois les mots en lettres capitales, dont les traits sont plus épais, pour indiquer la fréquence élevée de la voix : « ANTOI-NEU ! » ; « LÂCHE-MOI GROSSE PUTE VA ! » (Esther 10 : 5, 41). À cela vient s’ajouter le phylactère qui est coloré – en rouge dans le premier cas, en jaune dans le second – et qui n’est plus rectangulaire mais dont les contours sont en dents de scie, tout cela apportant de l’énergie à la scène.
Examinons à présent les marques de l’oralité choisies par Riad Sattouf pour donner un effet de réalité du langage dans l’écriture, c’est-à-dire « l’immédiat communicatif du discours oral authentique » (GRUTSCHUS, KERN 2021 : 193), lui qui a déclaré au moment de la sortie de l’album Histoires de mes 14 ans :
J’adore transcrire la langue parlée. Les mots, le rythme, les expressions nouvelles et les plus anciennes qui reviennent. Parfois je crois utiliser un mot de jeune, et je me rends compte qu’il n’est plus utilisé. Alors que d’autres expressions que je croyais complètement dépassées reviennent. En tout cas, Esther et ses copines les utilisent […] (SATTOUF 2020).
1. Les représentations phonétiques ‘classiques’
Il s’agit de la chute de certains sons : la chute du schwa, l’effacement de la voyelle [y] du pronom sujet tu, la disparition du pronom impersonnel il et de l’adverbe de la négation ne ainsi que la réduction des groupes consonantiques. Ce sont les traits qui apparaissent dès les premières planches du premier album lorsqu’Esther, qui est en CM1 et qui n’a pas encore 10 ans, nous présente sa famille et ses copines ainsi que sa maîtresse. D’emblée le ton est mis.
- La chute du schwa
Dans Esther 10 et dans tous les albums qui suivront, Riad Sattouf la transcrit par une apostrophe comme on le fait de manière désormais attestée : « Les œufs Kinder c’est c’que je préfère dans la vie » ; « Nan j’vois rien… » (Esther 10 : 9, 17). Tous les personnages parlent de cette manière ; le père d’Esther dit à son fils Antoine : « Éteins c’truc j’veux pas l’entendre » (Esther 10 : 7) et la maîtresse invite les enfants à entrer en classe : « Allez on s’dépêche » (Esther 10 : 3).
Notons que ce sont les garçons qui font chuter systématiquement le schwa et cela dans tous les albums : « c’est d’la méduse » (Esther 14 : 35) ; « J’ai l’corona tu l’veux ? » (Esther 15 : 31).
Ajoutons que nous trouvons aussi une « épenthèse inhabituelle de schwa » (Bedijs 2015 : 307) en fin d’un mot qui n’en comporte pas comme dans l’exemple suivant : « ANTOI-NEU ! » (Esther 10 : 5). Nous avons relevé un cas où Esther, qui va entrer en 3e, imite la façon de parler des « racailles » qui étaient dans son collège et dit : « Ce sera moi la racaille Ouèche fissdeuput’ » (Esther 14 : 53) en allongeant l’avant-dernière syllabe (deu). « Allonger l’avant-dernière syllabe, dite pénultième, et raccourcir simultanément la syllabe finale qui devrait être, au contraire, bien plus longue que la précédente représente […] un patron rythmique tout à fait atypique » et ce « rythme semble caractériser le vernaculaire de toute une communauté d’enfants issus des milieux populaires » (FAGYAL 2013). D’ailleurs, quelques années auparavant, en colonie de vacances, Esther avait fait cette remarque : les garçons « parlent avec un accent genre comme les rappeurs, et ils discutent que de bagarres » (Esther 10 : 48). Esther et avec elle Riad Sattouf évoquent indirectement « l’accent de banlieue » qui est caractérisé par une articulation très ouverte et très à l’arrière des voyelles, l’intonation montante-descendante et l’accentuation de la pénultième (PATERNOSTRO 2017 : 65).
- L’effacement de la voyelle [y]
Lorsque le pronom sujet tu est suivi d’un verbe commençant par une voyelle ou du pronom en ou y, le [y] disparaît. Les exemples sont nombreux dans tous les albums : « Mais t’es pas bien ? », « T’y crois encore à ton âge » (Esther 10 : 8, 12) ; « Ouais eh ben euh t’as tort » (Esther 14 : 27) ; « T’en trouves ? » (Esther 15 : 16).
Parfois Sattouf recourt à la forme pleine : « ANTOINE ! TU AS PERDU ! » (Esther 10 : 27) dit Esther à son frère. En utilisant la forme pleine tu, Esther insiste davantage sur le fait qu’elle a gagné et donne plus d’emphase à son discours. D’ailleurs l’auteur met en relief cet aspect en utilisant des lettres capitales dans une bulle dentelée.
- La disparition du pronom impersonnel il
La disparition du pronom impersonnel il est systématique ou presque dans tous les albums et n’est pas notée par une apostrophe. Il est supprimé avec le verbe avoir précédé du pronom y : y a, y avait, y aura ; avec le verbe falloir : faut et le verbe aller + falloir : va falloir. Citons quelques exemples : « Madame ! y a Violette qui a été enlevée » ; « Faut mettre du citron » (Esther 10 : 6, 45) ; « va falloir retourner au collège » (Esther 14 : 52). Nous trouvons ces formes même dans les récitatifs : « Y a un petit CP qui est passé avec son cartable » (Esther 10 : 11).
Lorsqu’il ne disparaît pas, ce il peut être transcrit y s’il est suivi d’une consonne comme dans les exemples suivants : « y ’s ’passe quoi ? » (Esther 12 : 15) ; « y s’était rien passé » (Esther 13 : 18).
- L’absence de l’adverbe de négation ne
Cette absence « est tellement fréquente à l’oral qu’elle n’est plus sentie comme stigmatisante » (GADET 2007 : 66) et là aussi les exemples sont légion dans tous les albums et sont transcrits sans apostrophe : « Il aime pas les gadgets, il a pas de téléphone », « ça va pas la tête » (Esther 10 : 9, 12) ; « On en met pas trop » (Esther 15 : 24). Il en est de même dans les récitatifs : « Par exemple Heuss l’Enfoiré il dit jamais rien sur la nature ou la Terre donc on sait pas si c’est de droite ou de gauche » (Esther 14 : 30) ; « Je me sens pas très bien quand je croise des policiers » (Esther 15 : 35).
Cependant le ne de la négation « tend à être réalisé dans les situations de distance communicative » (LEIS 2022 : 154). Ainsi lors d’un jeu de rôle entre filles durant la récréation, Violette, une camarade d’Esther, est la directrice d’un orphelinat et déclare sur un ton autoritaire : « Vous allez obéir, car vous n’avez plus de famille » (Esther 10 : 40). Il en est de même lorsqu’Esther met en scène un dialogue entre sa mère qui travaille dans un cabinet d’assurances et une femme désespérée : « Ma maison s’est effondrée je n’ai plus rien ». La mère d’Esther, de manière très professionnelle, lui répond en ces termes : « Hélas vous n’avez pas pris l’option ‘effondrement’ dans votre assurance habitation… Nous ne pourrons pas vous rembourser… » (Esther 14 : 53). Ainsi, en utilisant le ne, Riad Sattouf donne beaucoup plus d’impact au discours de la mère d’Esther qui, dans ce cas, parle un français soutenu.
- La simplification des groupes consonantiques
Quand il y a contact entre deux consonnes de nature différente une assimilation peut se produire. Une des deux consonnes (le plus souvent la première) prend les caractéristiques de l’autre et « ce phénomène est particulièrement fréquent voire automatique lorsqu’il concerne la sonorité » (PATERNOSTRO 2017 : 58). Dans tous les albums, très nombreuses sont les occurrences de « je ne sais pas », toujours orthographié « chaipas ». Cette simplification consonantique, ayant pour but d’indiquer la rapidité du débit, se place après la chute du schwa et l’assimilation consonantique. Citons : « Chaipas ça sent comme si je risquais vraiment rien » (Esther 10 : 42) ; « Nacho Obispo, le mien, était gentil mais timide – bizarre ou chais pas » (Esther 14 : 41).
En revanche la forme « chuis », pour je suis, est plus rare. Dans le premier album, ce n’est pas Esther qui l’utilise mais ses camarades comme Cassandre : « Chuis trop mooooche… », « Siii chuis noiiiire », (Esther 10 : 21). Riad Sattouf fait prononcer « chuis » à Esther dans Esther 12 : « Chuis présidente c’est normal » (Esther 12 : 20) et dans Esther 16 : « Mais chuis une belle gosse en fait » ; « moi chuis vaccinée donc chuis euh pour… » (Esther 16 : 44, 49).
Chez les garçons l’exagération et la rapidité du débit sont de rigueur et l’auteur transcrit leur articulation avec l’écrasement des phonèmes : « Keskya on essaie d’aller sur Youporn ! » (Esther 10 : 28) répond Abdou à la maîtresse. Un garçon interpelle Esther dans un magasin : « Viens ! Viens chtedis ! » (Esther 16 : 31) et « Keski va faire ? » dit un jeune homme au téléphone (Esther 16 : 51). C’est Antoine, le frère d’Esther qui représente le mieux cet aspect et cela dans tous les albums : « Steuplééé » avec la variante « Alors steuplaît p’pa » (Esther 10 : 5, 19). Nous voyons là la volonté de représenter un débit rapide et une recherche de la sonorité de la part de Riad Sattouf dans la lignée de l’écriture phonétique de Raymond Queneau : « Ah ouais ? Passque toi t’as déjà vécu dans une dictature ptête » ; « c’est d’ la méduse pas dangereuse kestu flippes » (Esther 14 : 18, 35). Signalons qu’Antoine ne parle pas toujours de cette manière ; ainsi lorsqu’il s’adresse à une femme dans le train Riad Sattouf lui fait dire : « Excusez-moi madame, pouvez-vous récupérer votre chien ? Ma sœur en a très peur » (Esther 13 : 31).
Les réductions et les simplifications de groupes consonantiques ont pour but de transcrire la rapidité du débit en français parlé, mais il faut souligner que dans la série Les Cahiers d’Esther, contrairement à la série Titeuf, nous n’avons pas relevé la réduction du vous clitique (« z’allez voir »), ni l’emploi du « que subordonnant passepartout » (GADET 1989 : 161) comme nous l’avions souligné dans une étude précédente (MERGER 2015).
2. L’effet de réel du « parler jeune » des Cahiers d’Esther
Nous adoptons cette expression ‘parler jeune’ en écho au titre de l’ouvrage publié sous la direction de Gadet en 2017, Les parlers jeunes dans l’Île-de-France multiculturelle. Il est vrai que la diversité des désignations atteste de la difficulté à nommer ce parler : certains linguistes ont étudié les « pratiques langagières de jeunes urbains » (TRIMAILLE, BILLIEZ 2007), qui se caractérisent par leur divergence par rapport au français « standard » (GADET 2007), d’autres se sont attachés à l’étude de cette variété du français appelée « français contemporain des cités » (GOUDAILLER 2002), « langue(s) des cités » (BASTIAN 2009), ou « langage des jeunes » (BEDIJS 2015). Néanmoins « un fragile consensus s’est établi, au fil des publications, autour de l’expression ‘parler jeune’ » (TRIMAILLE, BILLIEZ 2007 : 103) pour désigner une variété du français.
- Le verlan
Le recours aux mots en verlan est au départ surtout le propre des jeunes de la banlieue défavorisée, celle des tours et des barres d’immeubles ; ces jeunes « se reconnaissent à travers leurs mots qui, avec d’autres éléments langagiers comme le rap, les graffitis, les tags, ou les vêtements, les identifient et les distinguent de l’identité des autres » (Celotti 2008 : 214). Désormais ce procédé s’est banalisé : les mots en verlan ont passé le périphérique et ont pénétré dans le français ordinaire sous l’influence du rap, des médias et du cinéma, et certains comme relou, meuf, teuf sont même entrés dans les dictionnaires comme le Petit Robert et le Petit Larousse.
Rappelons que le verlan porte son principe dans la forme de son nom : une métathèse syllabique par inversion consistant à mettre à ‘l’envers’, d’où verlan ou « le langage du miroir » (MÉLA 1991 : 73). C’est un code qui joue sur le signifiant et qui a une fonction cryptique car il masque la forme des mots. La règle de base du verlan s’applique à des dissyllabes comme bizarre qui devient zarbi, métro qui donne tromé puis trom par apocope, choper devenant pécho. Lorsqu’il s’agit de monosyllabes, en français parlé il existe « une règle de resyllabification qui, grâce à la prononciation du ‘e muet’ ou à l’adjonction d’un schwa épenthétique, va permettre la production de dissyllabes » (MÉLA 1991 : 76). Ainsi les monosyllabes fermés louche, lourd deviennent respectivement en verlan chelou et relou. Quand il s’agit de monosyllabes ouverts, la règle de permutation est modifiée : on n’opère plus sur une suite de syllabes mais sur les constituants de la syllabe. Ainsi on permute entre elles la voyelle et la consonne, c’est pourquoi la « structure syllabique du mot verlanisé est le ‘miroir’ (VC) du mot de départ (CV) » (GOUDAILLER 2002), comme dans ouf, le verlan de fou, ou einsses qui est le verlan de seins ; après l’inversion, le monosyllabe ouvert est transformé en monosyllabe fermé.
Antoine, le frère d’Esther, qui est âgé de 14 ans dans le premier album, écoute du rap : il n’est donc pas étonnant qu’Esther connaisse quelques mots de verlan. En outre les plus grands de l’école privée (les CM 2) utilisent quelques mots en verlan pour plastronner devant les filles : « Alors les démodées, vous vous touchez les einsses ? » (Esther 10 : 23).
Dans le premier album, Esther âgée de dix ans utilise des mots en verlan mais elle ajoute une glose définitoire lorsque le mot apparaît pour la première fois : « C’est un peu relou (ça veut dire casse-pieds) » (Esther 10 : 18).
Elle se fait expliquer ce que veut dire « renoi » (le verlan de noir), et la reverlanisation de beur (le verlan de arabe) en rebeu. En effet, lorsqu’un mot de verlan devient trop connu, il peut subir une seconde fois la règle de permutation et beur monosyllabique redevient un dissyllabe, rebeu. Ce sont des mots que son frère vient de prononcer car il veut savoir s’il y a des étrangers dans leur famille car « Les autres, c’était juste des ‘Babtous’ sans intérêt (ça veut dire des ‘Blancs’) » (Esther 10 : 19). Babtou étant le verlan du mot toubab qui est, selon le Dictionnaire de la zone, un mot du mandingue, ‘toubabou’ (blanc), qui indique une personne de race blanche européenne et qui vient de l’arabe ‘toubib’ (médecin). De même Esther dit : « Trop chelou (ça veut dire ‘trop bizarre’) » (Esther 10 : 29), même si précédemment elle s’est exclamée : « CHE – LOU ! » sans l’expliquer en voyant une « culotte avec une ficelle » chez sa copine Eugénie (Esther 10 : 17).
En donnant une explication de certains mots verlanisés, Esther se rend compte qu’ils ont acquis une nouvelle signification. Par exemple, les adjectifs en verlan relou et chelou ne sont plus des équivalents sémantiques de lourd et louche et ont acquis leur signification propre : relou peut en effet signifier ‘ennuyeux’, ‘embêtant’, ‘chiant’ mais aussi une personne dont le comportement est pesant ; chelou a pris le sens de ‘douteux’, ‘très étrange’ et ‘vraiment bizarre’.
Le séjour d’Esther en colonie de vacances (coïncidant avec la fin de l’année scolaire et de l’album) va lui permettre d’enrichir son lexique verlanesque grâce à Rachida qui se fait appeler Romane et qui lui donne une leçon de verlan : « Hey on dit pas ‘arabe’ c’est cistra de dire ça ouèche ! ». Une indication fléchée nous explique que : « ‘Cistra’ ça veut dire ‘raciste’ ». Rachida poursuit en déclarant : « Je suis REBEUE, c’est ça qu’on dit » (Esther 10 : 50).
Comme ces collégiens appliquent le codage à un lexique plutôt standard, il s’agit d’un verlan édulcoré, essentiellement ludique, et dans notre cas les mots en verlan ont une fonction identitaire d’appartenance à un groupe que Riad Sattouf a bien mise en évidence lorsqu’Esther ose dire : « relouuuuu » à son père qui refuse de lui offrir un smartphone. Ce dernier réagit en disant : « Pardon ? » (Esther 10 : 20), ce qui est une réaction en forme de reproche vis-à-vis d’un parler subversif. Bachmann et Basier voient là aussi une « fonction initiatique » du verlan : « [c]’est la tentation pour les petits d’imiter la langue des grands et d’expérimenter le pouvoir qu’elle confère » (BACHMANN, BASIER 1984 : 172).
À 13 ans Esther est en 5e et n’a plus besoin d’aide pour manier le verlan qui fonctionne comme signe d’appartenance au groupe de collégiens. Ses copines sont devenues des « meufs » dans toutes les circonstances et le mot n’est plus accompagné de glose métalinguistique : « Là c’est moi et mes meufs en train de l’observer » (Esther 13 : 25) et en 4e : « Moi et mes meufs aussi » (Esther 14 : 3). Il en est de même pour relou qui n’est plus expliqué : « j’y ai joué une semaine et après j’ai laissé tomber (un peu relou) » (Esther 14 : 29).
Généralement les adjectifs en verlan sont invariants en genre mais Riad Sattouf accorde au féminin et au pluriel les adjectifs relou et chelou : « La corres de Léa par contre elle était un peu reloue » ; « Je pourrai me soigner de toutes les maladies reloues (gastro, cancer) facilement chez le généraliste » (Esther 14 : 41, 32) ; « Tous les gens que je croisais avaient des têtes cheloues » (Esther 16 : 23).
En ce qui concerne les verbes, nous trouvons « je goleri ! » pour je rigole (Esther 14 : 37) sans marques désinentielles verbales qui s’oppose à « Tu te vénères trop vite » (Esther 14 : 20) qui est conjugué.
Nous avons relevé également de nombreuses occurrences de « ouf », verlan de fou, qui désigne aussi une chose peu commune qui dépasse l’entendement : « Les 3e ils se croient vraiment supérieurs c’est ouf » ; « J’ai senti un truc horrible me brûler de ouf, vraiment l’angoisse » (Esther 14 : 3, 35). Dans ce cas l’absence d’élision, comme l’absence de liaison, devant un mot en verlan commençant par une voyelle produit certainement un effet de discours plus saccadé.
- Les marqueurs discursifs : les emprunts à l’arabe
La présence sur le territoire français des langues de l’immigration est un facteur de diversification des façons de parler car elles « instaurent des effets de contacts de langues allant bien au-delà des locuteurs qui les pratiquent » (GADET 2007 : 161). En effet, les mots et les phénomènes langagiers circulent et « ne sont pas la propriété de quelque groupe que ce soit, générationnel, social ou ethnique » (GADET 2017 : 47). L’usage de ces termes d’origine étrangère ne relève plus du code-switching, ces mots fonctionnant plutôt comme des marqueurs de structuration de la conversation. Ces ponctuants sont pour la plupart empruntés à l’arabe.
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- Wesh / Ouèche
Ce terme qui est entré en 2009 dans le Petit Robert et qui vient de l’arabe ‘waach’ (Eh quoi !) a plusieurs fonctions pragmatiques : selon le Dictionnaire de la zone, ‘wesh’ est un terme de salut, littéralement : comment ça va ? ; on l’emploie aussi pour demander ce qui se passe. Dans Esther 10, ce n’est pas Esther qui dit « wesh » mais sa meilleure amie Eugénie, présentée dès la première page comme celle qui « dit toujours ‘ouèche’ ». Esther prononcera ce mot pour la première fois seulement en colonie de vacances, peut-être sous l’influence de Rachida, en lui rétorquant : « Ça je savais ouèche » (Esther 10 : 50).
Esther l’utilise sans problème lorsqu’elle est adolescente : « Alerte malaise c’est quoi ce père ? On a 13 ans ouèche !!! » ; « C’est un peu comme d’être un bébé ouèche » (Esther 14 : 11, 14).
Ces exemples montrent bien que le sens des mots dans la langue d’origine est souvent ignoré et wesh est employé sans référence à sa traduction ou à son origine en arabe, devenant ainsi un « marqueur discursif routinisé » (GUERIN, WACHS 2017 : 120).
Il faut souligner que, contrairement à son frère, Esther n’utilise pas le marqueur discursif wallah qui signifie ‘par Allah’, ‘je te jure’. Ce marqueur ponctue souvent le discours d’Antoine dans les albums : « Hey, ça s’fé pas d’menacer son fils wallah » (Esther 10 : 12) ou encore « En ce qui me concerne je vais essayer d’être à bord, wallah » (Esther 14 : 27).
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- Les ponctuants : ma race, sa mère, sur la vie de ma mère
L’adolescente Esther accentue ses paroles par « des formules de renforcement émotif » (BASTIAN 2004) quand elle veut persuader les interlocuteurs de la vérité de son message. Un de ces marqueurs est ma race, sa race qui « complète une expression ou un mot et en accentue le sens » (Dictionnaire de la zone), donnant ainsi une sorte de ponctuation rituelle au message : « J’étais en train de kiffer ma race quand un homme âgé a dit ça après avoir lu une page » (Esther 14 : 13).
Nous trouvons également de nombreux exemples avec sa mère, la vie de ma mère qui assurent toujours la valeur de vérité de l’énoncé : « Puis soudain, sur la vie de ma mère, son regard est devenu comme ça » (Esther 14 : 43) ; « 19,5 de moyenne générale sa mère !!! » (Esther 15 : 51).
3. La stylisation d’Esther : ses expressions préférées
En créant son personnage, Riad Sattouf met dans la bouche d’Esther des traits langagiers souvent stéréotypés qui représentent sa manière de parler et qui la caractérisent.
- L’introducteur en mode
Notre étude ne se veut pas quantitative, néanmoins en mode est l’expression qui revient à chaque page ou presque dans tous les albums. Selon Cappeau et Moreno (2017 : 95), en mode est utilisé « pour introduire des pensées ou des attitudes » et, ajouterions-nous, des humeurs, des émotions difficilement exprimables sous un seul vocable ; la locution permet ainsi d’apposer une phrase de spécification, qui « a les propriétés de l’adverbe et [qui] renvoie à l’idée de manière, à l’instar de la série des adverbes en –ment » (BIDAUD : 214). Citons quelques exemples : « Là c’est moi en mode ‘qu’est-ce qui se passe ouèche ?’ » (Esther 11 : 29) ; « Là c’est moi et ma famille dans le musée en mode ‘allons-y’ » (Esther 14 : 13). Nous voyons dans ce dernier exemple que l’énoncé qui suit en mode souligne l’attitude déterminée du locuteur. Cet introducteur est précédé le plus souvent d’un verbe d’état (le verbe être en général) et rarement d’un verbe de parole et il est employé surtout lorsque « le locuteur citant est aussi le locuteur cité » (CAPPEAU, MORENO 2017 : 96), ce qui permet au locuteur de se mettre en scène en quelque sorte. En utilisant cet introducteur, Esther renforce son engagement dans les propos qu’elle rapporte comme le montrent les exemples suivants : « Moi, Eva et Léa en mode ‘on sourit pas’ » (Esther 13 : 4) ; « Moi en mode ‘okay j’aurais dû me taire’ » (Esther 14 : 35) et il s’agit « à chaque fois d’une manière d’être qui est considérée comme un état provisoire, par opposition à un état permanent » (BIDAUD : 215).
- L’intensifiant mais
Par opposition aux marqueurs discursifs à un niveau macrosyntaxique comme alors ou bon, le ponctuant mais « est un marqueur de relation à un niveau local » (SOMOLINOS 2011). Mais n’est pas utilisé avec le sens prioritairement donné par les dictionnaires ou les approches traditionnelles de la grammaire et ne relie pas deux segments du discours ; il enchaîne au contraire sur « une situation ou une attitude de l’allocutaire » (SOMOLINOS 2011) comme le montrent ces exemples : « J’ai mais explosé de rire » (Esther 11 : 22) ; « je me mets à mais hurler » (Esther 13 : 28) ; « on s’entendait mais trop bien, c’était parfait » (Esther 14 : 48).
Mais devient ainsi un appui du discours, un marqueur d’autorité, un intensifiant qui revient très souvent dans les albums.
- Les intensificateurs
Le mode d’expression d’Esther est marqué par l’intensité, l’exagération. Cette intensité se manifeste non seulement dans des attitudes physiques, des gestes que les dessins rendent bien, mais aussi avec une « prédilection pour un sémantisme hyperbolique » (BOYER 1997 : 12), c’est-à-dire des traits langagiers comme l’emploi des préfixes ultra et super : « ultra – bizarre » ; « ultra – vite » ; « elle est ultra – souple » ; « elles étaient ultra – bourges » (Esther 14 : 16, 37, 38, 54) ; « je suis super sérieuse, je fais super attention à tout » (Esther 14 : 47).
Cette exagération verbale apparaît aussi avec l’emploi de très et surtout de trop qui ne véhicule plus le sème de la surabondance et de l’excès mais qui se superpose au champ sémantique de très. Esther les répète le plus souvent, cependant cette duplication de trop n’est pas une marque d’hésitation, elle possède en fait « une valeur expressive d’‘intensification’ » (CAPPEAU, MORENO 2017 : 82) : « [ils] étaient très très beaux » ; « j’ai été trop trop choquée » ; « ça faisait trop trop peur » ; « je me sentais trop trop bien » (Esther 14 : 51, 13, 43, 45).
Soulignons également l’utilisation de grave qui peut passer d’adjectif à adverbe et qui marque un côté définitif à ce que le locuteur avance : « Mais si des filles décident de s’unir contre les garçons, je les soutiens GRAVE quelles que soient leurs raisons » (Esther 13 : 6) ; « C’est l’hiver on se les gèle grave » (Esther 14 : 24).
Conclusion
Chaque album des Cahiers d’Esther consacré à une année scolaire de la vie d’Esther est une sorte de chronique de notre société à travers les yeux d’une enfant de 10 ans pour le premier, une enfant qui va grandir et qui est désormais une adolescente dans Esther 16. Ces ouvrages nous montrent que les mots et les phénomènes langagiers circulent chez les jeunes comme dans notre société. Comme nous l’avons vu, il n’est pas possible de représenter graphiquement et fidèlement tous les traits de l’oral, cependant dans Les Cahiers d’Esther, Riad Sattouf a sélectionné certains éléments de l’oralité et a créé l’effet de réel des dialogues. Avec l’emploi délibéré de certaines marques de l’oralité comme l’utilisation du verlan, des ponctuants, il a caractérisé le parler jeune du groupe d’adolescents dont fait partie Esther et a représenté leur manière de parler. Enfin en choisissant certains traits stéréotypés comme l’expression en mode et mais, il est arrivé à la stylisation du personnage d’Esther.
Corpus
SATTOUF, Riad, Les Cahiers d’Esther Histoires de mes 10 ans, Allary Éditions, 2016.
SATTOUF, Riad, Les Cahiers d’Esther Histoires de mes 11 ans, Allary Éditions, 2017.
SATTOUF, Riad, Les Cahiers d’Esther Histoires de mes 12 ans, Allary Éditions, 2018.
SATTOUF, Riad, Les Cahiers d’Esther Histoires de mes 13 ans, Allary Éditions, 2019.
SATTOUF, Riad, Les Cahiers d’Esther Histoires de mes 14 ans, Allary Éditions, 2020.
SATTOUF, Riad, Les Cahiers d’Esther Histoires de mes 15 ans, Allary Éditions, 2021.
SATTOUF, Riad, Les Cahiers d’Esther Histoires de mes 16 ans, Allary Éditions, 2022.
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[1] Histoires de mes 10 ans, Histoires de mes 11 ans, etc., dorénavant Esther 10, Esther 11…
Per citare questo articolo:
Marie-France MERGER, « Les Cahiers d’Esther de Riad Sattouf : une certaine représentation de l’oralité », Repères DoRiF, numéro hors-série Varia, DoRiF Università, Roma, febbraio 2024, https://www.dorif.it/reperes/marie-france-merger-les-cahiers-desther-de-riad-sattouf-une-certaine-representation-de-loralite/
ISSN 2281-3020
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