Coordination : Giovanni Agresti et Chiara Molinari
Contact : gi*******@ya***.it ; ch*************@un***.it
Passé, présent, perspectives – Quel champ disciplinaire
Groupe de recherche Do.Ri.F.-Università
proposé par Danielle Lévy
Parmi les objectifs du Do.Ri.F. « en 14 points » extraits du Programme de l’Association, nous sélectionnons :
2- Intégrer la recherche interdisciplinaire dans la recherche en langue et culture françaises et “coupler” les résultats des recherches linguistiques et ceux des sciences humaines.
4- Répondre à l’invitation à la connaissance du proche et à la xénophilie “frontalière” qui nous est faite par les instances communautaires et internationales à l’enseignement/apprentissage de la langue du voisin en encourageant les études comparées du français et de l’italien, l’approfondissement des aspects interculturels, l’acquisition de compétences même partielles en français.
9- S’engager dans des recherches ou programmes européens (de recherche-action et de promotion des langues) qui impliquent chercheurs, étudiants en cours de maîtrise, enseignants, avec des partenaires parfois plus avancés dans le domaine des échanges mais sans oublier que les histoires, le vécu linguistique et les situations géo-politiques, engagent des politiques linguistiques différentes.
Instauration d’un groupe de recherche : motivations de la proposition
Si le DoRiF continue de se donner comme objectifs dans le cadre de l’assise du français et de la didactique des langues (recherche, enseignement formation)
1. L’attention à l’état des lieux de la recherche et des cadres, institutionnels et privés, en général
2. Les spécificités du français en Italie dans la recherche et dans l’enseignement
3. L’innovation des approches et des thèmes au vu des changements planétaires
4. La promotion des jeunes chercheurs par la construction d’un espace de recherche doctoral et post doctoral « habitable » dans l’entre-deux compris entre la fin de leurs études et l’entrée dans le monde du travail, universitaire ou autre
5. L’interaction constructive entre une association et l’institution universitaire et scolaire, culturelle en général, par delà les appartenances et la reconnaissance universitaires
6. La création de réseaux de chercheurs et d’institutions au niveau international
7. Autres
Nous proposons un programme de recherche DORIF qui tienne compte dans la mesure du possible des objectifs indiqués ci-dessus et en fonction de ces
Antécédents :
1. Dans la ligne du doctorat de recherche de l’Université de Macerata à partir de 1999 (« Politica, Educazione, Formazione linguistico-culturali »)
2. Dans le droit fil des collaborations ( DEA et thèses) avec Robert Galisson à l’Université de Paris 3 – Sorbonne nouvelle en didactologie des langues et des cultures, avec Aline Gohard – cursus en didactique du Fle / Fls, Domaine du Plurilinguisme et de la didactique des langues étrangères, avec Geneviève Zarate – didactique du français et des langues du monde
3. Dans le sillage des acquis largement reconnus aujourd’hui du « Précis du Plurilinguisme et du pluriculturalisme » (Zarate, Lévy, Kramsch 2008).
Proposition : La politique linguistique du français entre modèles et subjectivités
S’adresse non seulement aux jeunes doctorants, docteurs et post doc du doctorat italien cité ci-dessus mais à tous les jeunes – et moins jeunes – chercheurs désireux de nous rejoindre sur le thème spécifique de la politique linguistique du français, en France et dans le monde ainsi que des interactions avec les politiques locales.
Il s’agit de construire un espace de recherche tenant compte du discours déclaratif tenu depuis plusieurs siècles par la politique linguistique française (langue f. et rayonnement, langue et révolution, langue et nation, langue et colonisation, langue et francophonie, « crise » du français, français et immigration, français et plurilinguisme …) et de ses implicites ainsi que des disciplines appelées à décrire et à analyser cet espace et d’en proposer des transformations ainsi que des modèles, ou plus modestement, des perspectives pour l’amélioration des espaces pratiques, en particulier des espaces proches comme celui du français en Italie. Le français en Italie fait partie des langues officielles dans le domaine de l’éducation aux langues et de la formation en tant que langue d’études dans les cursus scolaire et universitaire, dans les initiatives d’échange, dans la construction du capital linguistique certifiable et représente la langue en partage (entendue ici en sens vaste) d’acteurs confrontés à plusieurs titres au multilinguisme social ; c’est la langue sur laquelle la recherche en didactique déploie ses préoccupations méthodologiques, disciplinaires, ses projets de formation, ses propositions de dialogue avec le monde des professions, c’est une langue qui joue un rôle identitaire pour les francophones qui vivent, qui étudient, qui travaillent en Italie. Dans ce cadre, le FLE et la réflexion qu’on en fait peuvent être pensés comme un espace de parole sur les discours sur les langues proches, qui se côtoient par voisinage (l’italien) et/ou par « esprit de famille » (langues romanes), la francophonie, la pluralité linguistique et culturelle, les disciplines mobilisées dans la didactique du français.
À ce propos, il sera également question d’analyser et de réguler le champ des disciplines qui interviennent dans la compréhension et dans la construction de ces espaces (linguistique, langues, sciences humaines et sciences sociales) ainsi que de comprendre les relations de multi-, de pluri- ou d’inter- disciplinarité qu’elles entretiennent entre elles, dans l’étude des institutions, des produits et des individus aux niveaux macro- , méso- micro-. Si le français a été au sein du Do.Ri.f. véhicule d’une réflexion qui s’est développée avec la linguistique, la didactique des langues-cultures, il est important de continuer dans cette voie tout en tenant compte que les secteurs scientifiques universitaires reflètent encore une découpe disciplinaire traditionnelle.
Enfin une attention particulière sera portée à la dynamique évolutive de la politique linguistique, de l’ éducation et de la formation en français qui s’instaure lorsque le monde des règles, des cadres de référence, des décrets et des programmes, nationaux et transnationaux entre en contact, parfois en conflit avec les voix des individus et de la subjectivité, dans le cadre d’une éducation linguistique le long de la vie. Notre présupposé veut que tout discours produit sur le français de la part de tous les acteurs confrontés et impliqués dans le « sentiment de la langue » – qu’ils enseignent le français, qu’ils l’apprennent, qu’ils l’utilisent au quotidien ou occasionnellement, qu’ils en théorisent le discours (décideurs, auteurs de manuels, didacticiens, didactologues, didactologues/didacticiens…) et la liste est ouverte… – établit des éléments d’ancrage par rapport aux discours officiels académico-institutionnels, aux changements liés à l’enseignement et à l’apprentissage, aux représentations qui circulent au niveau social et individuel.
La dimension de la subjectivité et de la biographie – catégories marginalisées sinon cachées – peut faire fonction de contrepoint aux acquis, aux appareils méthodologiques simplificateurs de la complexité linguistique et culturelle.
De ce point de vue, envisager la problématique des discours sur le français veut dire:
– resituer le discours de la place du français dans un cadre mondialisé des langues auquel on se confronte à partir de ses propres contextes de politique linguistique, de formation, d’éducation nationaux et supra-nationaux, en considérant que la perspective souhaitée fait appel « aux changements et à l’investissement des capitaux culturels et disciplinaires de ses chercheurs » (Lévy 2006, p.80) ;
– repenser à la fonction de l’enseignant de français en considérant que « il modello di ricerca perseguito non è tanto quello di realizzare un ideale ‘accademico’ quanto quello che vuole fornire una competenza di uomo-studioso, considerando la disciplina un fatto strumentale » (Arcaini 1984).
Étant donné l’attention dont jouit la francophonie actuellement et les phénomènes linguistiques, culturels et identitaires qui s’y rattachent, nous nous proposons d’étudier le cadre francophone selon plusieurs perspectives.
Voici quelques pistes de réflexion:
- dynamiques linguistiques et sociolinguistiques dérivant des contacts interlinguistiques dans l’espace francophone
(en relation aussi aux phénomènes migratoires) - phénomènes variationnels analysés dans des corpus divers: presse, radio, dictionnaires, romans
- politiques linguistiques et conséquences linguistiques, socio-culturelles, identitaires.
On prévoit l’organisation de séminaires et/ou journées de réflexion en relation aussi à d’autres groupes de recherche
(ex. scienze culturali e lingua francese).
Note
Le projet est vaste et peut être diversifié; il désire traverser des recherches engagées aux cours de ces années dans un domaine dont la nécessité est largement ressentie mais dont les contours sont encore assez flous. De jeunes docteurs qui se sont portés disponibles, sur la base de leurs travaux en cours ou achevés pourraient en « sous-coordonner» certains aspects.
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