Groupe de Recherche Do.Ri.F.
Socioterminologie et textualité

Coordinatrice : Chiara Preite (Università di Modena)

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Mots clés: terminologie, terminographie, néologie, lexicographie spécialisée, variation, usage, vulgarisation

Membres du groupe : Micaela Rossi, Anna Giaufret, Stefano Vicari, Alida M. Silletti, Jana Altmanova, Maria Centrella, Adriana Orlandi, Silvia Modena, Mariafrancesca Bonadonna, Rosa Cetro, Ilaria Cennamo, Michela Tonti, Danio Maldussi, Valeria Zotti, Sabrina Aulitto, Silvia Zollo, Lorenzo Devilla, Cosimo de Giovanni, Gabriella Serrone, Sarah Nora Pinto.

La terminologie a généralement comme fonction prioritaire la prescription des dénominations, mais la terminologie ne se limite pas uniquement aux notions stables véhiculées par les spécialistes car il faut tenir compte du tissu vivant de la communication et de sa variété et élargir l’approche analytique aux discours de vulgarisation. Le linguiste doit donc étudier non seulement les discours hautement spécialisés avec leur équilibre terminologique dû à un consensus préalable, mais embrasser également les discours orientés au grand public (qui ne sont pas forcément des écrits fugaces). La circulation des termes est un phénomène qui mérite d’être creusé : elle peut troubler les frontières entre les genres et les sous-genres dans le grand processus de diffusion et de transmission des savoirs. L’étude des termes comme des signes linguistiques et non pas comme des labels notionnels orienterait ainsi notre projet vers la socioterminologie (Gaudin 2003).
La terminologie est souvent conçue comme un moyen de défense de la langue nationale. D’après Humbley (2000 : 316), « les efforts consentis par la terminologie peuvent […] être vus comme un moyen privilégié de sauver le français, langue scientifique et technique là où il est particulièrement menacé, voire battu en brèche, par l’anglais ». Il serait intéressant d’examiner d’une part les néologismes « in vitro » et les termes déjà existants préconisés par les commissions spécialisées dans l’objectif de sauvegarder l’identité nationale et, d’autre part, de vérifier leur emploi effectif dans les textes dont l’intellectualisation est plus ou moins élevée. L’évaluation de l’implantation des unités terminologiques dans les textes et le calcul des occurrences dans différents corpus pourrait réhabiliter certaines unités déclassées par les terminologues qui ne situent pas leurs stratégies de légitimation terminologique dans la réalité sociocommunicative. Le linguiste doit prêter attention au fait que les solutions qu’ils proposent envisagent souvent des formes inusitées ou peu fréquentes. On ne peut sous-évaluer ni les habitudes linguistiques des locuteurs, ni leur liberté d’usage des termes.
Explorer les ouvrages terminologiques et les choix qui sont à la base du déclassement des termes (facteurs identitaires et idéologiques, besoins communicatifs) nous permettra de quantifier l’entité de la fragilité du rapport d’ajustement entre la virtualité fréquente de l’action normalisatrice et l’actualité de l’usage. En effet, le dépouillement de corpus textuels pour vérifier les retombées des opérations de normalisation nous conduira à nous interroger sur le bien-fondé des actions des spécialistes de terminologie et sur la plausibilité sociocommunicative de leurs propositions. En outre, chaque terme a un sens (langue), mais aussi des effets de sens linguistiques et périlinguistiques inopinés que seul le texte peut dévoiler (discours). Sonder les corpus de manière détaillée nous permettra de comprendre les signes situés dans la pratique discursive en évaluant émetteur et récepteur du message.

Références
Gaudin, F. (2003), Socioterminologie. Une approche sociolinguistique de la terminologie, Bruxelles, De Boeck & Larcier.
Humbley, J. (2000), « La terminologie », in Antoine, G. et Cerquiglini, B. (eds), Histoire de la langue française, Paris, CNRS éditions, pp. 315-338.